13. La pute d’une putain.

« Tu n’auras pas d’autre occasion de me décevoir si tu le fais, Lynne. »
La Maîtresse retire sa main de moi pendant qu’elle parle.
« Maintenant vas-y, Lexy t’attend.
— Oui Maîtresse. »
Par mon ton, j’espère lui montrer que je veux vraiment dire ce que j’ai dit. Il y a un léger coup à la porte, je me retourne et je vois Kelly, debout là, dans sa petite tenue de femme de chambre française. Elle jette mes chaussures par terre à mes pieds.
« As-tu nettoyé les chaussures de Lynne après en avoir fini avec elles, Kelly ?
— Oui Maîtresse, dit Kelly en évitant de me regarder. »
Je ramasse mes chaussures par terre et je suis Kelly dans le couloir puis dans le salon où Lexy attend avec ce qui ressemble à un mélange d’anticipation et de malaise. Toujours pas vraiment sûre de comprendre pourquoi je lui suis ainsi prêtée, Lexy demande :
« Alors, je peux faire ce que je veux d’elle... n’est-ce pas ?
— Tu peux faire ce que tu veux avec elle et elle fera tout ce que tu lui ordonneras. Simplement, fais en sorte de la ramener ici en un seul morceau dans la matinée, dit Kelly, incapable de cacher le plaisir qu’elle éprouve à le dire.
— Maintenant, viens avec moi, Lexy : la Maîtresse veut te parler. »
Lexy se lève nerveusement et suit Kelly dans le couloir. Quelques instants plus tard, Kelly revient dans le salon. Sa voix claque :
« Suis-moi, salope ! »
Je la suis dans le hall et nous attendons Lexy. Nous n’attendons probablement que quelques minutes, mais cela semble durer des heures. Kelly me regarde tout le temps. Un regard dégoûté, haineux. Je ne peux pas la regarder. Elle me déteste tellement de l’avoir laissée recevoir la flagellation à ma place. Et puis La Maîtresse l’a utilisée pour me montrer ce que signifie vraiment être une esclave. Il n’y a aucune trace de l’affection et de la passion que Kelly ressentait pour moi avant tout ça. Mais j’ai toujours ces sentiments-là pour elle.
Lexy a un air presque suffisant sur son visage quand elle finit par revenir dans le hall. Kelly gronde vers moi :
« Tiens la porte pour Lexy, petite chienne. »
J’ouvre la porte et Kelly se rapproche de moi tandis que Lexy sort sous le porche, nos visages sont seulement quelques centimètres l’un de l’autre. En me regardant dans les yeux, Kelly murmure avec dédain :
« Ainsi, tu es la pute d’une putain maintenant, Lynne.
— Je suis ce que la Maîtresse veut que je sois. »
Je réponds avec un air de défi en passant devant Kelly pour aller sous le porche. Lexy est déjà en bas des escaliers et je me dépêche de la rattraper.
« Allez, Lynne. Tu es ma petite chienne ce soir. »
Je suis Lexy qui trace sa route à travers quelques ruelles, puis à travers les Jardins Fitzroy jusqu’à The Cross. En marchant derrière elle, je réalise que je ne sais même pas quel jour on est, encore moins quelle heure il est.
C’est lundi matin que la Maîtresse m’a surprise dans le bordel des collines du Surrey. Mais tant de choses se sont passées depuis.
Il y avait un homme âgé assis sur l’une des banquettes. Il est assis droit, avec les deux mains posées sur sa canne devant lui, et il regarde l’étrange assortiment de personnes qui composent La Croix et passent.
« Excusez-moi monsieur, dis-je en espérant que Lexy ne m’entende pas ou ne se retourne pas pour voir où je suis. Pourriez-vous me dire quelle heure il est, s’il vous plaît ? »
Il me regarde de haut en bas avec méfiance pendant quelques secondes, je suppose que je dois avoir l’air normal dans ma robe de ménagère.
— Cinq heures vingt-trois, dit-il d’une voix tremblante en regardant sa montre.
— Et on est lundi... »
Je sais à quel point cela doit paraître stupide au gentil vieil homme mais il n’y a pas d’autre moyen de le dire.
« Non, on est mardi, dit-il avec un regard soupçonneux qui reparaît sur son visage.
— Merci ! »
Il faut presque que je coure pour rattraper Lexy. Elle remonte la rue Victoria et je ne veux pas la perdre dans la foule. Lexy tourne dans la rue Roslyn et je la rattrape juste au moment où elle entre dans un magasin faisant de la publicité pour les jouets et les nouveautés pour adultes. C’est vraiment pourri à l’extérieur mais assez propre, moderne et bien aménagé à l’intérieur.
« Tu vends toujours ces trucs pour des ordinateurs, David ? Demande Lexy en se dirigeant vers le comptoir. »
David est un mec blond incroyablement sexy, probablement à la fin de la vingtaine. Il porte une très belle chemise en soie blanche, les premiers boutons défaits montrant la peau lisse et tendue de sa poitrine. À l’évidence, il s’entraîne mais son pantalon noir moulant montre à quel point il est bien bâti.
« Rentre ta langue dans ta bouche, Lynne. dit Lexy d’un ton sarcastique. »
Je sais que je fixe David mais je ne savais pas que c’était si évident.
« Salut Lynne, dit David d’une voix douce et sexy. »
Il a des yeux d’un bleu profond que je pourrais regarder toute la nuit.
« C’est une jolie robe, elle te va vraiment bien. »
Il m’aime bien. Je me sens rougir comme une petite écolière idiote.
« Merci David... J’aime aussi ta chemise... Bégayé-je nerveusement. »
Je sens mon visage devenir encore plus rouge.
« C’était une chose stupide à dire », me dis-je. « Cela va vraiment l’impressionner ! »
Mais son visage s’éclaire d’un sourire amical.
« Je m’appelle Lynne, bégayé-je, essayant de couvrir ma réponse idiote mais il le savait déjà.
— Salut Lynne, c’est vraiment sympa de faire ta connaissance. »
Nous restons plantés là, à nous regarder l’un l’autre. Je sais que c’est à mon tour de dire quelque chose mais je ne parviens pas à trouver quoi que ce soit. Je n’ai pas ressenti ça depuis longtemps.
« Et les trucs pour les ordinateurs, David ! Insiste Lexy, évidemment ennuyée par notre manège.
— Tu veux dire les économiseurs d’écran, Lexy ? Demande David. »
Il est même plus ennuyé vis-à-vis de Lexy qu’elle ne l’est vis-à-vis de nous. Il voudrait continuer à flirter avec moi.
« Ouais, celui sur lequel le Geek m’a questionnée.
— Tu as dit que tu n’étais pas intéressée. Tu as dit que tu n’étais pas désespérée à ce point.
— Je ne le suis pas. Je ne fais pas de conneries comme ça. Mais elle, oui. »
Je vois la déception sur le visage de David. Son sourire a disparu quand il me regarde à nouveau. Je ne peux pas le regarder, cette fois. Mais je sens ce qu’il pense.
« C’est vrai, Lynne ? »
Sa voix est différente quand il me parle, cette fois. Je réponds doucement :
« Oui.
— Sais-tu ce qu’il y a avec cette Lynne ? »
Je pense que David espère encore que c’est une sorte de malentendu.
« Elle fait tout ce que je lui dis, putain, dit Lexy en savourant mon humiliation et mon embarras. C’est ma petite chienne, n’est-ce pas, Lynne ? »
Je sens les yeux de David sur moi. Cela ne me dérange pas de dire que je suis sa petite chienne, en fait j’aime bien qu’on me le fasse dire. Je n’aime pas avoir à le dire devant David.
« Oui. Je suis votre petite chienne.
— Je vois, dit David. »
Sa voix est toujours pleine de déception lorsqu’il réalise que je suis simplement une autre pute bon marché comme Lexy. Le regard sur le visage de Lexy est presque écœurant de suffisance.
« Oui, nous faisons toujours les économiseurs d’écran, dit David en détournant les yeux de moi.
— Le Geek parlait de mille dollars
— Le Geek a dit quoi ? »
Un jeune homme maigre aux cheveux gras et des lunettes à monture en fil de fer pose la question alors qu’il traverse un rideau derrière le comptoir.
« Vous avez dit mille dollars pour faire des trucs pour les ordinateurs.
— Vous avez changé d’avis, on dirait ? Dit-il d’une voix agaçante.
— Non ! Je ne fais pas de trucs bizarres mais elle, si.
Le Geek me regarde avec un sourire maladif sur son visage.
« Seulement cinq cents pour elle, dit brusquement David.
— Putain de merde de taureau ! Dit Lexy avec colère. Pourquoi... ?
— Parce qu’elle n’est pas si attirante et qu’elle a un gros cul. »
Le Geek regarde David avec une expression perplexe sur son visage. Il pense évidemment que je suis attirante et que je n’ai pas un gros cul. Mais David a une mauvaise séquence en lui que je n’avais pas vue quand je regardais dans ses yeux un peu plus tôt.
Lexy jure et se dispute avec David mais il se contente de croiser les bras et se penche sur le comptoir en écoutant qu’à moitié la crise de Lexy.
« Cinq cents dollars ou vous pouvez tout de suite remettre vos culs de salopes dans la rue. Je n’ai pas de temps à perdre avec des putes à cinquante balles comme vous, dit David, calmement mais fermement. »
Il indique ainsi clairement que c’est à prendre ou à laisser.
« Bien, dit Lexy à contrecœur. Mais tu es un putain de con, David... »
David l’ignore et nous dit de le suivre à l’arrière. Nous passons derrière le comptoir et à travers le rideau dans une grande pièce bien rangée pleine d’étagères avec des vidéos, des CD et toutes sortes de jouets sexuels soigneusement emballés et empilés.
Il y a un établi avec du matériel informatique à l’arrière et David prend un appareil photo numérique et me dit de me tenir contre le mur, à côté de l’établi. Le sol est en béton brut et le mur est peint en noir. David me jette un morceau de soie noire brillante de la taille d’une couverture et me dit de l’étaler sur le sol. LIRE LA SUITE

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