Rencontre confinée (1)
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Michel n’emprunte pas souvent le métro parisien, pourtant ce soir-là, il a décidé de profiter du repos accordé inopinément à son chauffeur pour choisir ce mode de transport. Malgré l’heure tardive, 19h45, la ligne n°1 semble saturée. Sa serviette de cuir dans la main droite, la gauche qui étreint la colonne lui permet un maintien stable. Grâce à sa haute taille, un mètre quatre-vingt-dix, il a une vue dégagée. C’est à ce moment qu’il se contracte, lâche la barre.
Une main, légère, frôle ses fesses vers la poche droite de son pantalon de cuir. Sans brusquerie, il pivote sa tête vers le droite, regarde, comme sans y prêter attention, la personne qui le colle. Un jeune garçon d’une vingtaine d’année, qui fait semblant de s’intéresser à l’entrée de la rame en station.
Michel sourit car il n’a qu’un porte-monnaie dans cette poche. En le sentant tirer vers le haut, il passe rapidement sa serviette dans sa main gauche, bloque la main qui tient le porte-monnaie de la sienne libérée.
Le voleur, sans avoir pu dire un mot, se sent irrésistiblement tiré vers la porte ouverte sur le quai. Alors qu’il va crier, il entend le murmure d’une voix sèche à son oreille :
— Pas un mot ou ce seront les flics !
Les portes automatiques se ferment dans leur dos et les deux hommes se font face. Michel n’a pas lâché la main du voleur :
Explique-toi. Sans mentir. Je vais te libérer, mais si tu tentes de fuir je te rattraperai avant même que tu aies parcouru vingt mètres.
Le garçon lève les yeux et ce qu’il lit dans le regard vert, minéral, froid, lui fait comprendre aussitôt qu’il est préférable d’obéir : le type n’a pas l’air d’un plaisantin.
Son poignet libéré de la main d’acier qui le tenait, il tend le porte-monnaie à l’homme qui le toise, dit :
— Excusez-moi, Monsieur…
Comme il n’a pas l’apparence d’être en manque de quoi que ce soit, il avoue :
— Je fais ça pour m’amuser. Mon forfait réussi je vous aurai dit que je venais de le ramasser à vos pieds. Je vous…
Michel le coupe tout en remisant l’objet dans sa poche :
— Je te crois. Tu as mal choisi avec moi, mais ta franchise me plaît. Soit tu pars, soit je t’offre un café ou ce que tu veux. Mais dehors, pas dans cette station. Avant tu me diras ton prénom, moi, c’est Michel.
Il ne peut pas dire au jeune homme qu’il lui plaît. Ce dernier reste interdit quelques secondes, pèse la proposition, répond :
— Je me prénomme Patrice. J’accepte votre invitation.
Michel se rend alors compte qu’ils sont à la station Sablons. Il choisit la sortie avenue Charles de Gaulle côté pair. Les deux hommes empruntent l’escalator. Une fois à l’air libre, Michel propose :
— J’avais décidé d’aller manger une pizza à La Capricciosa, avenue du Roule. Ça te branche ?
Patrice hésite, reste immobile. Déjà Michel avance à grand pas dans la rue Louis Philippe sans attendre la réponse. Il se retourne en se rend compte qu’il n’est pas suivi, revient sur ses pas, pose sa grande main fine le cou du jeune homme troublé par la chaleur qui s’en dégage, dit :
— J’ai horreur de perdre mon temps : soit tu dégages, soit tu viens avec moi. Simple non ?
Patrice lève les yeux, fixe Michel, se jette :
— D’accord, Monsieur. Mais après le restaurant, je rentre chez moi.
La main se fait plus pesante alors que Michel sourit, rétorque :
— Me serai-je mal exprimé ?
Du coup Patrice bafouille :
— N… Non !... Mais…
Michel le tire presque vers lui avant de le lâcher.
Ce jeudi soir La Capricciosa est loin d’être pleine. Le Patron accueille Michel en vieil habitué neuilléen, salue Patrice. Ce n’est pas le premier jeune qui accompagne son client, ni le dernier. Comme les deux hommes se tutoient, il dit en italien :
— Il tuo Presidente ha parlato : confinement à partir de demain midi. Je dois fermer mon restaurant. J’assurerai le service livraison à domicile… si tu as besoin.
Par politesse vis-à-vis du jeune homme, Michel répond en français :
— Je travaillerai de chez moi. Ma société de transport ne va pas couler. Mes assistants vont dispatcher les chauffeurs de chez eux. Je règlerai ça demain matin. Ce soir repos. Donne une carte à mon invité. Pour moi penne all’arrabbiata. Après je verrai.
Patrice consulte la carte, choisit :
— Linguine al pesto.
— Que veux-tu boire ? Si tu prends du vin, du blanc.
— D’accord.
Michel transmet au serveur :
— Vin blanc et eau gazeuse.
Quand ils sont seul, Michel s’enquiert :
— J’habite pas loin d’ici. Et toi ?
— Chez mes parents à Nanterre.
— Que fais-tu : études, boulot ?
— Université. Fac de droit Panthéon-Sorbonne.
— Bigre ! Avec ton geste, si je t’avais emmené ou appelé les flics ?
— C’était un jeu.
— Ou un test ?
Patrice est sauvé par l’arrivée du serveur avec les boissons puis les pâtes. Michel dit :
— Bon appétit !
— Merci, vous aussi.
Une heure et demie plus tard, les deux hommes sont sur le trottoir. Michel propose :
— Je peux t’accompagner en voiture ou tu prends le métro. Ou bien, je t’offre un digestif chez moi.
Patrice ne sait que répondre. La main se pose à nouveau sur son cou, chaude, caressante :
— Décide-toi !
— Chez… Chez vous.
Cette fois la main reste sur son cou.
Dix bonnes minutes plus tard, ils s’arrêtent devant la grille d’un bel hôtel particulier de deux étages. Michel lâche le cou, déverrouille le portail, s’efface pour laisser son invité entrer, ferme le verrou, précise :
— Je ne t’emprisonne pas, c’est par tranquillité.
Patrice note la rampe qui descend vers ce qu’il suppose un garage alors qu’ils suivent une large allée dallée jusqu’à la maison. Cette fois, Michel franchit en premier la porte qu’il vient d’ouvrir, explique après avoir allumé :
— Tu vas dans le grand salon au bout à droite, je monte à mon bureau. Sers-nous ce que tu veux, cherche…
Michel grimpe deux à deux les larges marches du grand escalier à droite dans le hall. Patrice ouvre la porte désignée, cherche l’interrupteur, appuie dessus. Il retient un hoquet : la pièce avoisine les cent cinquante mètres carrés. Quatre profonds fauteuils de cuir, quelques chaises en revêtement cuir également.
C’est bien chauffé. Patrice ôte sa veste, cherche les boissons. Il avise une sorte de grande cave où reposent diverses bouteilles de champagne. Il ouvre la porte constate qu’elles sont toutes millésimées.
— Sers-toi si tu en as envie !...
La voix le fait sursauter, itou la vue de son cicérone : Michel est torse nu, a troqué son pantalon de cuir contre un short de cuir qui le moule étroitement. Patrice ne peut ignorer le sexe qui semble être près de sortir. LIRE LA SUITE
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