Histoire de Laure
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Laure reconnut immédiatement le papier kraft marron sur lequel, comme pour le précédent envoi, seul son prénom était inscrit. Elle sentit son souffle se suspendre et son cœur tambouriner au fond de sa poitrine. Elle tint un long moment entre ses mains devenues moites le paquet le faisant tourner comme si ainsi il allait pouvoir lui livrer son contenu. Une boule d’appréhension empreinte de curiosité lui serrait le ventre. Déchirer le papier, voir ce que contenait le colis, elle en frétillait d’impatience… et de crainte. Elle se disait que, sans aucun doute, ce qu’elle allait y trouver allait l’assaillir de honte. Mais c’était un fait, même si elle redoutait ce qu’elle allait cette fois y découvrir, Laure était heureuse de cet envoi qu’elle n’espérait plus. Nerveusement, elle jeta un regard hagard autour d’elle tentant désespérément de dissimuler l’émoi qui l’étreignait. Ses yeux se posèrent sur Catherine qui l’observait d’un air soucieux. « Non, pitié, pas maintenant Cathy ! », songea-t-elle. Mais déjà, son amie s’avançait vers elle d’un pas décidé.
– Encore un cadeau ? Décidément, tu es gâtée !, s’exclama-t-elle joyeusement.
– Euh… oui… balbutia Laure dans un souffle, incapable tant sa gorge était sèche d’en dire davantage.
– Tu me montres, cette fois ?
– Je t’en prie… souffla Laure alarmée, non…
– Allez, insista Catherine. Tu ne vas pas me faire des cachoteries ?
– Mais non, c’est pas ça… mais c’est rien du tout. Juste une babiole !
Catherine scruta attentivement son amie dont l’attitude ces dernières semaines l’inquiétait de plus en plus.
– Ça va, toi ? l’interrogea anxieuse Catherine.
– Oui, ne t’inquiète pas.
– Non, ça ne va pas, je le vois bien. Tu es pâle comme la mort !
– Mais non… je suis juste surprise, lui répondit Laure en s’efforçant de sourire d’un air détendu.
Catherine dévisagea son amie qu’elle ne reconnaissait plus. Elle qui respirait la joie de vivre et était toujours d’humeur égale était devenue ces dernières semaines nerveuse et irascible. Elle semblait s’être refermée sur elle-même refusant tout réel contact. À peine ses cours au lycée terminés, Laure se précipitait ou plutôt s’enfuyait vers sa voiture pour rentrer chez elle déclinant toutes les invitations formulées par Catherine à aller prendre un verre en bord de mer pour se détendre. Chose qu’habituellement Laure acceptait avec joie. Elle avait même mis un terme, sans aucune explication, à leurs cours d’aquagym. Ce qui n’avait pas manqué d’étonner Catherine qui savait combien Laure appréciait cette activité. Un moment Catherine avait pensé que Laure avait rencontré quelqu’un. Mais elle lui en aurait parlé. Pourquoi le cacher ? Non vraiment, elle ne comprenait pas les raisons de ce brutal changement de comportement et elle se faisait du souci. Ce dont elle était sûre c’est que son amie était perturbée et elle voulait l’aider.
– Tu sais que tu peux tout me dire, la pressa Catherine. Je suis ton amie, ma Laure ! Ne l’oublie pas ! Je vois bien que depuis quelque temps quelque chose te tracasse. On peut en parler si tu veux.
Laure regarda Catherine dont l’anxiété manifeste à son égard la toucha et des larmes embuèrent ses yeux. Oui, bien sûr, elle aurait tellement eu envie de se confier à son amie à qui elle était liée, depuis son adolescence, par une réelle et franche complicité. Leur amitié n’avait jamais failli et Laure savait qu’elle pouvait compter sur Catherine en toutes circonstances. Mais comment lui expliquer ce qu’elle vivait et ressentait en ce moment ? Comment lui faire partager les désirs inconvenants qui l’assaillaient ? Comment lui faire comprendre qu’un inconnu avait pu déclencher en elle un séisme qui avait bouleversé sa vie et mis à jour des pulsions sexuelles qu’elle s’était si longtemps efforcée de juguler et ignorer ? Catherine était si loin de tout cela. Impossible ! Jamais Laure ne pourrait supporter sa désapprobation et encore moins ses mises en garde même si elles étaient justifiées. Surtout si elles étaient justifiées !
– Laure, parle-moi, la pressa Catherine.
Un bref instant, Laure eut malgré tout la tentation de se laisser aller et de tout avouer. Mais elle se ravisa et se contenta de répondre :
– Non, je t’en prie, laisse-moi. Je te le redis, ne t’inquiète pas. Je suis juste fatiguée, c’est tout.
– Tu es sûre ?
– Oui.
– N’oublie pas que je suis là, d’accord ?
– Promis.
Sur ces mots, Laure se détourna et s’éloigna rapidement en direction de sa voiture le colis serré contre sa poitrine. Elle n’avait pour l’heure qu’une hâte : arriver chez elle et déballer le paquet. LIRE LA SUITE
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