Mademoiselle K
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I. Une profession décalée
« Allo, Karen ? Bordel ! Qu’est ce que tu fous ? Je t’attends depuis une demie heure. Il est déjà minuit. Nous devions parler du programme de ce soir. Aurais-tu oublié que c’est la dernière et que nous partons tous en vacances ? Appelles moi dès que tu réceptionnes ce message. »
Simon est mon directeur de programme. Il dirige une station de radio FM privée. Voici deux ans, aux termes de ma formation supérieure en psychologie, il m’a recruté pour animer une émission en live sur le thème de la « liberté sexuelle ». Une chronique journalière matinale de 1h à 3h tous les week-ends.
Mon recrutement, basé sur le fait indéniable qu’il était fan de moi, à l’époque où j’étais une nageuse de haut niveau, est venu à point pour me permettre une évidente reconversion. Il me drague depuis le début de notre collaboration. Je dois dire que je l’asticote régulièrement et que je le laisse sur sa faim. Il me traite souvent de sale petite garce. Un réel jeu partagé entre nous qui ne supporte aucune ingérence de la part de notre environnement. Quoique, si je lui en donnais l’opportunité, il me sauterait bien dessus sans même prendre le temps de retirer son pantalon. Dommage qu’il ne soit pas mon type d’homme car parfois il est craquant.
Au fait, je ne me suis pas présentée. Comme vous l’avez compris, je me prénomme Karen. C’est mon vrai prénom, je n’ai pas utilisé de pseudonyme pour mon émission. Mes auditeurs appartiennent principalement à la gente masculine mais la tendance semble s’équilibrer. Il faut dire qu’à mes débuts, un bon nombre d’entre eux possède des posters ou des photos de magazines sportifs dans lesquelles j’apparaissais dans des tenues de naïades très moulantes.
L’information ayant circulé, ils peuvent, ainsi, mettre tout de suite un physique à cette voix qui les provoque les nuits de grande solitude. L’effet, traînée de poudre a rapidement accompli son office.
Simon, le petit malin a intelligemment prévu ce phénomène de notoriété. Sans le vouloir, je suis devenue la star du sexe qui ne touche à rien et qui ne laisse pas les habitués insensibles. Cela ne me gène pas. Il a su m’intéresser financièrement à l’évolution de l’audimat. Il envisage même, de ma part, pour la troisième saison, l’accompagnement des narrateurs dans leurs débauches pour authentifier la véracité des récits. Il est vrai que j’aime les propos, à bâtons rompus, avec les quelques mythomanes sur des scenarii, toujours de plus en plus excentriques. De là à passer le cap de la complicité voyeuriste pour exciter et enflammer les démons toujours sans limites du sexe, je ne suis pas prête.
D’autant que notre part de marché ayant considérablement augmenté, la direction souhaite me jeter dans la gueule des loups uniquement à des fins mercantiles.
« Une manne providentielle pour notre station de radio et une aubaine pour nos investisseurs publicitaires. »
me répète régulièrement Simon qui veut que je participe à ces moments de débauche..
Je dois avouer, qu’à plusieurs reprises, ces surprenants provocateurs ont su me distiller un émoi profond ou un profond émoi, je ne sais plus, dans mes pensées et dans mon corps.
Je me suis surprise à douter profondément des bases sexuelles de mon éducation totalement judéo-chrétienne. Une attirance pour l’extrême et le no-limit me perturbe sincèrement depuis quelques semaines. Alors, l’idée d’accompagner des sujets, hommes ou femmes, dans leurs plaisirs ne me rassure en aucun cas. Je pers un peu les pédales.
J’ai annoncé à Simon que je me réservai le droit de réponse après mes deux mois de vacances mérités. J’envisage celles-ci plutôt studieuses, voire même, monacales.
Mes employeurs souhaitent profiter de mon physique dans leurs desseins obscurs. La tentation purement sexuelle m’envahit, sans pour autant que je n’en laisse rien paraître.
Je reçois bon nombre de courriers enflammés. Ca flatte mon ego. Savoir que des pensées libertines, à mon encontre, accompagnent des corps, de toute nature, dans des jeux inavouables, tout ou partie de la nuit, ne peut me laisser indifférente.
Je suis tout de même une jeune femme jusqu’au bout des ongles. Des fantasmes, comme tout un chacun, pilotent mon quotidien depuis mon adolescence à commencer par la famille, le sexe, la vie professionnelle, l’argent, la liberté, l’amitié etc. A ce jour je n’en connais pas leurs limites ni dans le bien, ni dans le mal. J’ai besoin de temps en temps de parler de moi comme si j’en étais une autre. C’est d’ailleurs ce que je vais faire quelques instants. C’est plus facile pour vous parler de moi. Ca vous paraîtra moins orgueilleux.
A 33 ans, cette jeune femme embarrassée par des réflexions purement existentielles ne sait plus à quel Saint se vouer. Elle sait qu’elle est jolie du haut de son mètre quatre vingt, élancée avec 70 kgs de muscles sportivement répartis. Ses mensurations, très enviables, de 90 65 85 ne nuisent pas à sa silhouette. Sa superbe chevelure sauvage, ondulée, brune, tombe négligemment jusqu’à la chute de ses reins. Elle habille délicatement de larges épaules sportives entretenues par des heures répétitives d’entretien physique et laisse vivre librement une musculature abdominale encore très saillante. Un entretien rigoureux, longs et soyeux, ne fait qu’augmenter l’idée de la provocatrice latine. Des yeux bleus lagons, héritage d’une mère d’origine nordique, illuminent son visage. Des lèvres dessinées et ourlées ajoutent la sensualité à l’équilibre du visage. Elle n’en finit pas de sourire et de rayonner autour d’elle. Elle transmet son édifiante beauté sans pour cela faire de l’ombre à ses meilleures amies. L’humilité et la délicatesse de son gestuel termine ce tableau d’une femme qui, quoi qu’elle fasse ne peut passer inaperçue. Une jolie poitrine en forme de poire se dresse fièrement, stylisée naturellement par de larges aréoles dotées de pointes tendues et insolentes en leurs milieux .Un fessier rebondi, ferme et attractif. Un entrejambe presque lisse comme un abricot savamment découpé en son milieu. Un filet de soie brun, finement ciselé, se dirige touristiquement vers une petite pointe turgescente capuchonnée. Aucune autre pilosité ne doit défigurer ce corps destiné aux plaisirs éphémères de son boy-friend si longtemps et si souvent éloigné. Elle veut être la reine de l’épilation quelque en soit la méthode. De longues jambes fuselées se posent au sol, soutenues par une double pointure qui en assure un parfait équilibre.
Une allure très fière et altière la fait passer, pour ceux et celles qui ne la connaissent pas, pour une bêcheuse. Cette si jolie carapace, qu’elle s’est forgée, lui permet d’éconduire sans ménagement tous les indélicats balourds et insipides.
Elle cherche toujours le prince charmant. Son cher et tendre journaliste, globe trotter, qui accompagne hygiéniquement et partiellement sa vie lui permet de conserver sa totale indépendance. Cette situation très précaire la satisfait. La quête de l’Amour parfait ne la transforme pas pour autant en Diane Chasseresse. Le sexe n’est pas sa priorité initiale et ne nuit pas à ses longues soirées solitaires.
Son émission l’émoustille souvent et les situations évoquées ne manquent pas de soulever dans son esprit une question récurrente :
« Pourrait-elle le faire, elle aussi. »
Sa vie sexuelle est plutôt très classique et sans grande imagination. Par peur d’apprécier l’originalité et d’aller trop loin dans son relâchement, elle refuse souvent à son partenaire les situations un peu piquantes qu’il lui propose. Elle se venge auprès de ses auditeurs en faisant son show. Elle les rembarre, les martyrise, les provoque, les humilie, mais les jalouse profondément.
« Rien de bien constructif, tout cela. »
Sans pour cela envisager une retraite chez les sœurs, elle s’inquiète naturellement de son évolution sociale au sein d’une communauté libérée.
Il est minuit quarante cinq. Ca fait déjà une heure et quinze minutes que Simon m’attend depuis son dernier appel. Il doit fumer dans ses baskets.
J’arrive, enfin, au studio après avoir traversé tout Paris sur mon scooter. Une superbe Vespa rose pastel customisée style Dolce Vita. Vu la température estivale, sous mon imper gris, je porte une petite robe légère en coton rose décolletée, manche ballon, allure Lolita en vichy rouge et broderies anglaises, boutonnée sur le devant, la taille serrée par une large ceinture blanche. Aucun voile ne couvre mes jambes, seul un brésilien en stretch rouge fait office de sous-vêtement. Juchée sur mes escarpins à talon haut, rouge, je monte les escaliers, passe le tourniquet, et me trouve immédiatement dans le hall d’entrée. Je déambule dans le couloir,après avoir ôté mon imper, une silhouette romantique faussement ingénue, dévoilant ostensiblement une peau pain d’épice par le jeu des boutons et des dentelles translucides.
Arrivant à l’accueil, j’aperçois mon brave directeur faire les cent pas, les mains derrière le dos, la tête baissée enfoncée dans les épaules. Il mâchouille son cigare et marmonne en même temps. Je m’approche discrètement dans son dos, me colle précipitement contre lui, corps contre corps. Je l’enlace de mes deux bras, passe une main dans sa chemise ouverte, lui caresse la poitrine. Ses poils glisse entre mes doigts jusqu’à ce que je saisisse fermement la pointe de son sein. L’embrassant dans le cou, j’entame une grosse succion et en profite pour pincer énergiquement son mamelon. Il fait un bond en avant se libérant de mon emprise. Il se retourne pour m’invectiver mais je suis déjà parti en lui faisant signe tchao de la main et en lui disant :
« Tais toi, Simon, si tu râles je me casse. Je vais prendre l’antenne et surtout, toi, ne me prends pas la tête. »
Il tente de me mettre une claque sur les fesses. J’esquive en souriant, me retourne et le regarde du coin de l’œil. Ma démarche chaloupée à la Brigitte Bardot dans Dieu créa la femme, l’excite et l’énerve à la fois.
« Tu es vraiment insupportable, une vraie chipie. Tu en profites mais ne t’inquiète pas, ça ne va pas durer. Heureusement que c’est la dernière. A moi aussi, ça va me faire des vacances de ne plus te voir pendant deux mois. »
J’ouvre la porte du studio, me dirige vers mon siège et mon micro, m’assied et adresse des baisers, à la cantonade, en direction de mes amis en régie.
Je m’installe, seule dans cet espace, dégrafe deux boutons de ma robe pour me sentir à l’aise. Les pans tombent de chaque coté de mes genoux dévoilant le haut de mes cuisses à la limite du dernier rempart. L’idée d’ouvrir encore un bouton m’effleure l’esprit mais une petite voix me rappelle à l’ordre.
« Ma petite chérie, tu es au travail, tiens toi correctement, tu n’es pas la pour exciter la galerie. Ca ne se fait pas. Que vont penser les gens ? »
La raison reprend le dessus, je serre les genoux, les jambes pliées latéralement sous ma chaise. Je fixe la pendule, il est 1 heure moins une. Je suis détendue et, ce soir, je ne veux pas me prendre la tête avec les auditeurs. On va se faire une soirée cool. Je vais les laisser vomir leurs histoires abracadabrantes car dans deux heures, je pars, sans demander mon reste, en vacances.
En régie, Claude me fais signe de la main droite 3, 2, 1 et me montre du doigt. J’ai la parole.
« Chers amis et amies, je vous souhaite la bienvenue pour la dernière émission avant les vacances. J’espère que vous êtes bien en forme car ce soir j’ai décidé de vous laisser, à vous et à vous seul, la parole. Racontez nous vos histoires les plus épiques. Faites nous rêver. Donnez nous des idées nouvelles. Que cet été soit basé sur la liberté sexuelle. Lâchez vous, protégé tout de même. Une petit musique d’ambiance, le temps de prendre un ou une première narratrice. »
Simon est en régie. Il a l’air triste comme un Hutch Puppies. Ce fameux chien anglais qui a l’air de pleurer tout le temps. Il me fait pitié. Il me fixe tout en étant dans ses pensées.
Si il pouvait voir sous la table, ça le réveillerait.
La mélodie terminée, on me rend l’antenne. LIRE LA SUITE
I | Une profession décalée | 3 |
II | Claudine | 11 |
III | Un amour de pute | 55 |
IV | Maître Don | 81 |
V | L’enlèvement | 86 |
VI | Jeux féminins | 100 |
VII | La découverte | 117 |
VIII | Le film d’exhibition | 127 |
IX | One woman show | 140 |
X | Le retour | 147 |
XI | Un retour mouvementé | 152 |
XII | Retour au domaine | 159 |
XIII | Ma 1° fois | 168 |
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