Je suis encore tout étourdie par le plaisir de cette jouissance insolite pour moi, lorsque la sonnerie de la porte d’entrée retentit.
—  Tu te rappelles, je t’avais promis une soirée riche en surprise, me murmure JL à l’oreille d’un ton narquois avant de s’éloigner pour ouvrir la porte.
Entravée comme je le suis, je ne peux, bien évidemment, pas bouger. Je l’écoute bavarder avec une femme. Les voix se rapprochent.
Affolée, je me débats dans mes liens, mais je comprends vite l’inutilité de mes efforts. J’entends JL et la personne qui l’accompagne pénétrer dans la pièce où je me trouve. Ils sont maintenant debout tout près de moi, continuant à deviser comme si je n’étais pas là. D’un ton badin, ils commentent le spectacle que je leur offre courbée en deux, attachées et croupe en l’air. En connaisseurs, ils apprécient le galbe de mes fesses, la finesse de ma peau… JL, avec désinvolture, décrit à son interlocutrice, la profondeur et la douceur satinée de ma bouche. « Avec un peu d’entraînement, elle sera une excellente suceuse ! », ajoute-t-il. Mes joues rougissent de honte et de rage contenue. Non, il n’a pas le droit de me faire cela ! De parler comme cela de moi à une parfaite inconnue ! Cela n’était pas prévu. Il va trop loin. Je ne veux pas de cette surprise qui me glace et éteint brutalement tout désir en moi. Pour qui me prend-il ?
Alors que je m’apprête à lui faire part de mon désaccord et que ma bouche s’entrouvre sur des mots de reproches, comme s’il avait deviné mon sursaut de révolte, je sens une boule s’immiscer entre mes mâchoires coupant net ce que j’étais sur le point de dire. Puis il lie soigneusement derrière ma nuque une sangle afin de la maintenir en place.
Je me débats de plus belle. J’essaye malgré le bâillon qui obstrue ma bouche de hurler mon refus. Mais seul un grognement parfaitement incompréhensible sort de mes lèvres. J’ai soudain peur. Une peur viscérale qui me donne la nausée. Je me rends brusquement compte avec une aveuglante lucidité que je suis complètement à la merci de ces deux êtres que je ne connais pas. Que je suis dans la totale incapacité de me défendre ! Mais toujours, malgré la terreur qui me fait trembler, je sens mon corps s’exciter. Je suis terrorisée, mais la montée d’adrénaline en moi génère un flux incoercible de désir dont je ne peux réprimer l’intensité. Aussi incroyable que cela puisse paraître j’éprouve du plaisir à me trouver dans cette situation. Je me hais pour ce réflexe dont je ne comprends pas la raison. Ce n’est pas possible ! Cela est inacceptable ! Il a dû me faire boire quelque chose à mon insu pour que réagisse de la sorte. Je me cabre soudain dans un effort désespéré pour me libérer non seulement de mes liens, mais surtout de ce flot de sensations contre nature qui m’horrifie. Mais JL m’assène alors une claque magistrale sur les fesses tout en me disant :
—  Tu dois obéissance à ton Maître et j’entends bien que tu te laisses faire sans rechigner. Compris !
Tétanisée par le ton froid et autoritaire de sa voix et par la douleur cuisante qui irradie mes fesses, je m’immobilise. La peur tord mon ventre. Mon cœur bat à tout rompre. Je n’ai plus qu’une envie que cela cesse au plus vite et surtout sans souffrance. Je ne supporterai pas qu’il porte encore la main sur moi. Et pourtant, je dois bien convenir que la situation, malgré l’affolement qu’elle suscite en moi, devient aussi de plus en plus excitante et je sens une chaude liqueur sourdre au creux de mon vagin.
—  J’attends ta réponse, reprend JL qui vient d’ôter mon bâillon.
—  O... ou… oui, bien sûr, murmurai-je paniquée. M… m... mais…
—  Oui qui ? me coupe JL cinglant.
—  Ou… o… oui… JL
—  Pardon ? De quel droit m’appelles-tu par mon prénom ? Je suis ton Maître, martèle-t-il d’une voix forte qui me fait sursauter, et j’entends que désormais tu me nommes ainsi. Alors oui qui ?
—  Oui m... m.... ma… maître
Ma voix n’est qu’un souffle et les mots ont de la peine à franchir mes lèvres. Je n’arrive plus vraiment à analyser ce que je suis en train de vivre. Si je dois craindre ce qui advient ou alors m’y préparer, car inévitable. Si je dois combattre ce sentiment diffus que je ressens et que je ne comprends pas, fait à la fois de refus et d’acceptation, ou m’abandonner à cette vague dont je devine la violence lorsqu’elle m’atteindra de plein fouet. Mais JL semble satisfait de ma réponse.
—  Voilà qui est mieux. Alors, continuons.
JL dénoue les liens qui entravent mes poignets à mes chevilles et me demande d’écarter largement les jambes. J’hésite un bref instant, mais saisissant l’inanité de toute résistance que de toute façon je n’ai plus vraiment envie de lui opposer, je m’exécute et le laisse installer entre mes jambes une longue barre à laquelle il attache solidement mes chevilles avec les menottes.
Je suis maintenant debout, le bandeau sur les yeux, mains ligotées derrière le dos, jambes tenues écartées par la barre métallique qu’il vient de fixer. JL m’intime l’ordre de me pencher en avant. LIRE LA SUITE