99.

mercredi 21 novembre 2012
par  djinn
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Prologue

Apolline se souvient, à l’embarquement, du regard de l’hôtesse, de celui du pilote, de tous à dire vrai, mais elle en avait désormais l’habitude. Elle-même s’était regardée comme une étrangère, au début. Elle n’y prêtait plus guère attention, elle en était presque fière. Toute son apparence était sophistication, d’aucuns diraient perversité, sa peau pâle, ses cheveux, flamboyants, son lourd collier de fer poli sans fermeture qu’on entrevoyait par l’ouverture de sa chemise blanche, son nez lui aussi orné d’un lourd anneau du même métal rappelant sa condition, ses lèvres rouges, gonflées. Elle se savait identifiable des seuls membres de la caste, ses anneaux d’abord, des plus secrets aux plus visibles, portant des symboles connus d’eux seuls, ou ses tatouages attestant son grade, sa valeur, son savoir, celui au coin de la bouche, près de la commissure des lèvres, du côté gauche, celui de son dos, un autre du côté droit, sur le cou, plus grand, témoin de ce qu’elle avait su, accepter, apprendre et désirer, d’autres encore. Son corps entier parlait. Ses vêtements, par elle choisis, étaient simples, un jean noir, des haut-talons pour ses pieds nus, une chemise d’homme, blanche, ajustée mettant en valeur sa lourde poitrine, une veste. Un manteau, violet, somptueux. Esclave elle attendrait le moment, la vue du signe. Elle s’était allongée sur un fauteuil de la classe affaire, ses privilèges, ses moyens illimités, elle les devait à eux, elle ne possédait rien, même plus elle-même. Elle étendit les jambes, savourant le champagne puis ferma les yeux pour rêver. Ou plutôt se souvenir du passé.

Chapitre I

Mercredi 26 octobre _ Trois ans qui déjà paraissent une vie, ou est-ce moins ? Apolline est jeune étudiante. Elle habite chez sa mère, divorcée, qui a d’autres choses à faire, une carrière, l’argent, le pouvoir. Des amants aussi, le dernier, que elle, rentrant de cours à l’improviste, avait surpris, sur sa mère, en sueur, nus, tous les deux, écœurée. Depuis un mur de silence entre elles deux. Elle a deux ans d’avance, souvenir de l’époque où elle bûchait. C’était avant, avant que ses parents divorcent, avant de se retrouver livrée à elle-même. Maintenant elle végète dans une classe de psycho quelconque. Seul intérêt, le sien, s’être étudiée elle-même, elle se sait fainéante, elle se sait curieuse, des secrets des autres aussi, elle aime voir, elle se sait solitaire, elle connaît ses ressorts secrets, son moi intime comme ils disent. Elle se sait surtout au bord de faire une connerie, d’en finir comme on dit, goût à rien. Elle a acheté un ticket de loto, perdant, encore … Elle se saoule en nuits blanches, 2, 3 fois par semaine, pour rentrer au petit jour, toujours seule et épuisée, vidée. Pas de relation, libre. Sa mère s’en fout, son père, qui déjà ? Une fois n’est pas coutume une soirée, mais le lieu très insolite d’abord, une très grande bâtisse, loin de Paris, les circonstances ensuite, l’essayage d’un chapeau cette après-midi-là, non pas qu’elle en ait les moyens, un couple, ils l’avaient accostée dans ce magasin, elle jeune fille banale ennuyé, eux, une femme et un homme classieux. Un verre pris à une terrasse, la complicité, bien avec eux. Une aventure suggérée, un sourire, le charme, elle avait dit oui, ils l’avaient emmenée, elle était dingue. Cette boule dans le ventre, elle avale sa salive avec peine, elle ne sait pas où elle est, elle est paumée, à deux cents bornes de Paris peut-être. Et puis elle s’apaise, se dit que cette fois c’est advienne que pourra. Si marre de tout, elle cèderait, peut-être si ça lui plaisait. Elle croise des gens inconnus, des adultes, hommes et femmes, soirée si inhabituelle. Elle se sent hors du monde, du sien, pas à l’aise. Ses amis, disparus, sa robe de soie violette, prêtée, enfilée à la hâte, après une halte rapide dans un bois au bord de la route, ses baskets troquées contre des haut-talons violets, vertigineux. Elle se sent presque nue, le dos nu, jusqu’aux fesses. Ses amis l’avaient regardée, elle s’en foutait, en petite culotte et alors. Elle leur avait demandé deux minutes, pour pisser derrière un arbre, on était reparti. Avant de se tirer, ou est-ce fuir, elle prend un verre, elle ondule de pièce en pièce, l’inconnu. La musique est presque une transe, hypnotique, des percussions qui vous isolent, intriguée, elle se concentre pour ne pas se laisser aller. Elle arrête sans cesse le regard des autres, concupiscents, elle sait ces yeux irrésistiblement attirés par ses yeux à elle, ou plutôt sans doute son décolleté avantageux ou son cul. Ce qu’on dit des rousses, comme toujours, elle les méprise, pas encore le prince charmant à qui elle s’abandonnera. D’autres regards, hommes plus mûrs, plus loin, tentée … des femmes aussi. L’une d’elle s’approche, l’embrasse sur la bouche tout d’un coup. Elle reste muette, la regarde s’éloigner en riant, clin d’œil complice, elle ne comprend pas. Elle regarde quelques couples s’embrasser franchement bouche à bouche, là deux femmes, son côté voyeur, une chaleur la gagne… Etre voyeuse, son plaisir, elle déambule, des sofas, des couples, des groupes, une partie, elle en rirait presque, cherche une sortie ou quelqu’un. Dans son dos, une voix virile la sort de sa torpeur :

« Combien pour une pipe, combien pour l’amour ? »

Elle est sidérée. Le charme rompu, la rêverie brisée, si loin de ce luxe. En colère, dans ces mots aucune trace d’ironie, comment ce porc ose-t-il … Elle se retourne, furieuse, prête à gifler à toute volée. Les mots meurent dans sa gorge, elle est subjuguée par l’homme, un colosse, deux mètres de muscles, de beauté aussi, une peau d’ébène, des yeux noirs profonds, abyssins, pas l’ombre d’un sourire, des mains immenses, un corps rêvé, elle se sent dominée, faible, déjà à sa merci.

Chapitre II

Un léger bruit la sort de son endormissement. L’hôtesse de l’air, jolie, sans plus… Ses yeux s’égarent sur les jambes. Pas très loin une autre passagère vient vers elle, une inconnue, superbe, la quarantaine, une asiatique. Son regard est attiré par les détails, son rouge, très rouge, son maquillage, ses lourds pendants d’oreille en jade, ses formes, devinées. Ce parfum capiteux, lourd, lui est connu, sans erreur il lui rappelle avant, son éducation, le château, eux. Une caresse furtive à la joue. Elle passe, elle l’a remarquée, est-ce elle, son hôte ? Elle ne dit rien, c’est la règle, absolue. De ce qu’elle doit faire, elle n’en a que peu d’idées. Obéir toujours et se laisser guider. Elle a reçu un courrier, une grande enveloppe, un sceau qu’il a fallu casser, et un ruban rouge, elle sait que ce sont ses maîtres. Le ruban, cette couleur, obéir sur l’heure, pour cette fois, destination, Tokyo, y être pour une date, une heure, le billet d’avion. C’est demain. Elle est manipulée, conditionnée, éduquée pour, c’est maintenant sa vie. Elle est prête, déjà humide, déjà pantelante, elle est dans l’avion, en chemin.

Chapitre III

« Allons, suis moi et tu répondras … »

Comme un automate, elle ne pense plus, elle suit le colosse. Un filet de sueur coule dans son dos, nu. Une lourde porte marquée privé est franchie, des couloirs, un ascenseur, d’autres portes encore, des bruits de verrous, de serrures, un escalier. Elle est perdue. Un salon, des fauteuils de cuir, une femme s’approche, saisit sa tête des deux mains, force ses lèvres de la langue et commence à lui enlever sa robe. Elle se réveille enfin, crie, se débat. L’homme rit.la femme lui tient la tête, l’homme la gifle deux, trois quatre fois. Un coup de poing au ventre, elle perd le souffle.

« Arrêtez s’il vous plaît ! Je ne vous ai rien fait, que me voulez-vous, je vais crier, on m’entendra !

— Nul ne t’entendra ici, dit l’homme ironique, répond juste à la question
— Je ne suis pas une prostituée, je, je … je ne sais pas, je ne l’ai jamais fait, laissez-moi !
— Pourtant nous savons que c’est ton phantasme, tu l’as écrit …
— Laissez-moi » elle se cabre, elle regarde apeurée, écrit, quoi ?

Suffoquée, toujours tenue par les cheveux, le bras plié dans le dos à le briser, Apolline en larmes sent sa robe glisser à terre. De son bras libre elle tente de dissimuler ses seins, sa culotte.

« Cette fois, je ne prendrai, moi, que sa bouche mettez-la à genou »

Apolline se sent agenouillée de force, devant elle, l’homme immense, baisse son pantalon, en extrait son sexe, énorme. De sa main il tient la tête d’Apolline, lui pince le nez et la force à le prendre dans sa bouche. Il commence de puissants va et vient, elle peine à suivre, elle bave abondamment mais arrête de se débattre, de résister. Sa main libre, timide vient prendre le sexe de l’homme pour le guider. De sa mémoire ressurgit ce souvenir, ce désir, ce film porno vu chez un copain, la pipe comme il disait et les tripotages qu’elle avait fui en courant. Maintenant c’est elle. L’homme grogne et accélère la cadence, elle peine à suivre. Tout à coup, il s’enfonce plus profondément encore, grogne et commence à lâcher de gros flots de spermes dans sa bouche. Elle avale à grand peine. Il a jouit. Sperme et salive mêlés dégoulinent sur le menton de la jeune fille.

« Amusez-vous un peu » dit l’homme avant de s’affaler sur un fauteuil, un verre à la main.

La femme dans son dos se tourne vers Apolline, lâche son bras, se met à lui lécher le visage goulûment, léchant le sperme et l’embrassant à pleine bouche. Elle l’allonge sur le sol, froid, de marbre noir. Accroupie au-dessus du visage d’Apolline, elle urine à long flot. La jeune fille entrevoit un tatouage sur sa hanche, un blason, des symboles héraldique, un D gothique, noire et rouge. Sans réfléchir, l’instinct d’animal, elle a ouvert la bouche, reçu le jet dorée. Elle tend la langue vers les petites lèvres, le clitoris turgescent, lèche. Elle aime, jouit aussi. Les deux femmes s’embrassent encore longuement. Finalement interrompues par l’homme :

« Il est temps de payer et laisser mademoiselle, reconduisez-la au vestiaire et assurez-vous que Giacomo la ramène chez elle … Intacte ! »

Drapée dans ce qui reste de la robe, titubante, la jeune fille suit. Au vestiaire la femme lui donne 3000 euros pour sa prestation. Souillée et hébétée, elle monte dans une Rolls-Royce et s’endort épuisée. Arrivée chez elle, elle est réveillée doucement par le chauffeur. Il la porte, ouvre la porte blindée de l’appartement et la couche sur un lit, l’y laissant ainsi qu’une grande enveloppe cartonnée. Par chance, sa mère, en voyage d’affaire, n’est pas là depuis le début de la semaine, jusqu’au dimanche suivant. Elle s’endort.

Chapitre IV

Déjà 8 heures de vol. L’asiatique repasse vers les toilettes. Elle a montré une bague, une pierre noire, une gravure. Apolline obéit, accourt, s’enferme avec la femme dans les toilettes exigües. Aucun mot. Apolline agenouillée. La femme enlève sa jupe, baisse sa culotte. Une hanche tatouée, un écu triangulaire, les symboles héraldiques d’un blason, un C gothique, le rouge et le noir, elle le porte aussi, un E. Elle a appris la hiérarchie, l’ordre. La femme se tourne :

« Lèche mon anus »

La femme est à genou sur la cuvette. Elle lui tourne le dos. Elle est imberbe. La jeune fille écarte les fesses et lèche l’œillet plissé, l’humidifie, le pénètre profondément, le dilate, le nettoie, elle a appris. La femme gémit. Elle se relève essoufflée.

« à genoux » souffle-t-elle

Elle sort un tube de son sac à main, en plastique, un entonnoir à une extrémité. Elle introduit l’autre extrémité du tube dans la bouche de l’esclave et urine dans l’entonnoir. Apolline déglutit à toute vitesse et avale. Elle en a l’habitude. Quelques gouttes tombent sur sa chemise, révèlent par transparence son soutien-gorge qui porte ses sens et ne les cache pas, pornographique. Encore l’habitude.

« Enlève ton pantalon et donne ta culotte » murmure l’asiatique

Apolline obéit, le pantalon enlevée, sa cuisse tatouée, sa cheville, son ventre. Elle montre sa toison rousse, sauvage dissimulant son sexe. La femme y passe une main, introduit un doigt dans son humidité, embrasse Apolline profondément, sa langue tourne longuement dans sa bouche. Elle lui tend une sorte d’œuf de pierre, hérissé de picots. Elle le pousse en elle, elle gémit, retient le cri. Apolline remet sa culotte, trempée, son pantalon. La pierre vibre, la bille d’acier qu’elle contient. Encore de longues heures de vol. Apolline est dressée à désirer, à l’envie. De retour à sa place, elle résiste au besoin de se caresser à travers le jean. Elle s’apaise.

Chapitre V

Jeudi 27 octobre _ 15 heures, Apolline se réveille. De la soirée, elle a toujours la robe souillée, elle pue, ses cheveux hirsutes, sa bouche âcre du sperme et du reste, mais étrangement elle ne pleure pas. Elle se redresse. L’enveloppe tombe à terre. Elle n’en a qu’un vague souvenir. Elle la pose sur le bureau. Elle l’ouvrira, plus tard. Elle prend son bain, se délasse.

Chapitre VI

Début novembre _ Depuis deux jours elle repense à l’enveloppe. Elle rentre chez elle, n-ième jour de shopping. Pas de couple rencontré, pas de soirée. Elle a la sensation de ne plus être seule, suivie, épiée, manipulée. Malsain. Elle se dévêt, sa mère encore partie. Elle se caresse distraitement. Elle repense à l’esthéticienne, une nouvelle, une novice, jeune, maladroite. La gêne pour l’épilation à la cire. Elle a demandé, une intégrale, une impulsion. Ce regard équivoque, ce bisou incongru sur son intimité, cette caresse, elle a souri. Elle est excitée encore. Une petite gouine en devenir. Demain peut-être elle repassera à la boutique, elle draguera un peu. Vite un bain. Elle se caresse, replonge dans ses souvenirs, jeune fille à Venise, des années plus tôt. Ses parents l’y avaient emmenée, chez une amie, ou une relation, la Comtesse Palancio di Monteneri. Elle se rappelle, l’arrivée à Venise par le train, le vaporetto, la découverte du palais. C’est un labyrinthe d’étages, d’escaliers et de couloirs. Elle allait y vivre le paradis. Elle n’avait craint qu’une chose, les deux dogues allemands, gigantesques, aux ordres de la maitresse des lieux. Choyée par les employés, discrets mais toujours justes, elle se prélassait, gastronomie italienne, bains, chambres somptueuses, farniente, l’argent. Et puis elle avait rencontré la Comtesse. Elle s’attendait à une veille acariâtre, elle vit une femme, plantureuse, radieuse, une femme épanouie, maternelle. Elle parlait un français parfait, juste l’accent. Jusqu’à cette colère, un caprice d’adolescente, le ton qui monte, une gifle reçue de sa mère, l’orgueil blessé, les larmes, vite courir dans sa chambre. La comtesse, Matilda, était arrivée un instant plus tard, la porte refermée. Elle sent la main dans les cheveux, elle se redresse, l’interrogation dans ses yeux. Quand peut-on dire qu’une caresse est équivoque ?

« chuut », le doigt de la comtesse sur ses lèvres.

La comtesse l’embrasse, lui lape le visage, comme une chienne, goutant au sel de ses larmes. Et puis elle avait extrait ses seins de son chemisier, lui avait montré, énormes, ses tétons érigés. Apolline, hypnotisée, s’y était plongée, elle avait tété, léché, malaxé, jusqu’à plus soif. Une drôle de relation s’établit, clandestine. Et après … Ses parents sont partis le lendemain, long weekend en amoureux, dernière tentative avant la rupture, elle était restée seule. Le matin, elle a paressé, elle s’est caressé, elle descend à la cuisine, toujours cette odeur de brioche, l’idée du chocolat chaud, elle salive. Anita celle qui la chouchoute, la petite bonne, n’est pas là. La comtesse, regard. Elle lui voit encore cette bague, cette pierre noire, gravée, qu’elle avait essayé de déchiffrer sans succès.

« Nue, tout de suite » lui intima cette voie rauque

Et elle obtempère, elle ne résiste pas, le désir, elle enlève sa chemise de nuit, ses seins pointent, le froid, peut-être, sa culotte tombe à ses pieds.

« Suis-moi »

Le dédale des couloirs, une partie qu’elle ne connaît pas, ancienne, des fresques à demi effacées. Elles parviennent à une petite porte de métal, ouvragée. La comtesse en connaît les secrets, ouvre, la pousse.

« Entre »

Matilda est nue, juste ses chaussures. Ses seins, son cul, son ventre, enfin libérés, énormes. Apolline chute à ses pieds, elle s’accouple bouche à chatte offerte. Elle sent la femelle en chaleur, elle apprend :

« plus haut, oui, mordille, tes doigts, pénètre moi, lèche »

Fesses, anus, petites lèvres, bourgeon du clitoris, tétons, seins, elle donne le plaisir, elle se repait de ce corps. On la guide, la dirige. Une pause enfin, la comtesse en sueur, elle épuisée. Elle caresse, ces aisselles broussailleuses, cette hanche, grasse. Un tatouage, un blason, les armoiries de la comtesse ? Cela paraît ancien, noir et rouge, un I gothique, mystérieux.

« Qu’est ce que c’est, qui es-tu ? »
— Tais toi, tu ne sais pas de quoi ils sont capables. C’est la marque de l’Ordre. Un jour tu sauras, peut-être … » répondit la femme, sur le qui-vive.

Quatre jours d’orgie, dans ce cocon rouge, à donner sans presque jamais recevoir. Uniquement cette douleur dans les reins, deux doigts qui l’avait forcée par derrière, puis ce froid, Matilda l’avait entré, sorti, entré encore et présenté à sa bouche, un manche court, prolongé d’un bulbe de métal, la pierre blanche sertie au pommeau. Un bijou de plaisir. Et puis la veille du retour programmé de ses chers parents, une boutique, dans une ruelle discrète, à l’écart. L’artisan lui donne une mallette, ou plutôt un vanity, de cuir, noir, sublime. Le reste de la journée se passe en visite, de quoi raconter, pont des soupirs, rialto, arsenal, la fenice, le ghetto, Titien, Zanipolo, … Elles rentrent au palais, épuisées, encore seules. Le boudoir écarlate. Nues de nouveau, elles ouvrent la mallette, l’intérieur, violet, un chef d’œuvre sans prix. Elle soupèse chaque flacon de cristal, la brosse d’ivoire, les peignes en nacre, les instruments, inconnus. Et puis un petit mécanisme, dissimulé, le double-fond qui se dévoile, des alvéoles pour des objets. Mystère. Le plug, gravé, numéroté, précieux, donné en cadeau, qui prend place, une lettre qui le rejoint, deux boules hérissées de picots, reliées par une chainette, un objet bizarre, un bâillon dit la comtesse. Elle, naïve , ne sait pas.

— Si un jour tu es seule, tu te rendras à cette adresse. C’est à deux pas de ton école. Donnes la lettre, montre ton plug. Reçoit ce qu’on te donnera, fais en bon usage

Une dernière fois, donner le plaisir, la boire. En sortant de l’alcôve secrète, elle avait manqué d’être renversée par les chiens, elle nue, eux immenses, à quatre pattes, pressée par l’animal :

— Non ! ordonna Matilda. Un jour sans doute... avait-elle ajouté, énigmatique.

Et la vie avait repris son cours. Ils rentrèrent à Paris. Elle ne retourna pas en Italie, sans le sous, comment faire ? Ses parents séparés, le lien rompu. Elle avait le livre, elle y était allé, dans ce gourbi noir et sinistre, qu’elle connaissait mais évitait d’habitude. Juste bon à aller acheter les livres scolaires d’occasion, et se faire escroquer en vendant les anciens. De vieux livres aussi, une façade sombre, la poussière. Elle avait toujours cru aux monstres, là plus qu’ailleurs :

« Que voulez-vous Mademoiselle » ?

Rouge de honte, elle avait attendu d’être seule, elle avait donné sa lettre, montré son plug à l’homme, il avait souri. Il était allé prendre un livre ancien à l’étage, le lui avait donné dans un sac.

« Bonne lecture ! »

Elle était partie en courant.

Le livre elle s’en rappelait. Une reliure en cuir, la dorure, des armoiries, les mêmes entrevues sur Matilda, un journal, presque le sien. Les premières pages, ce qu’elle avait vécu à Venise, presque mot pour mot. Le reste, fascinant, une vie écrite, disséquée, obscène. Elle s’en était caressée. Elle avait lu, attendu, avide. Et puis comme rien de ce qui était écrit n’arrivait, la frustration vint, le dépit. Et elle rangea le livre au fond d’une veille malle, l’oublia, elle n’y comprenait rien, trop tôt, pas prête.

Temps de sortir du bain, en kimono, ses pas la conduisent au bureau, machinalement elle retrouve l’enveloppe. Elle l’ouvre, en extrait une lettre, lourdement parfumée, une écriture rouge sombre qu’on dirait ancienne. Elle ré-entend la voix de l’homme, son mentor. Elle lit :

« Au second dimanche de décembre, 11 heures, toujours vierge et inviolée, vous vous rendrez au 35 ter avenue de Vaugirard. Vous sonnerez au numéro 7 et vous suivrez les instructions qui vous seront données à l’interphone.

Vous prêterez serment pour devenir une esclave, la nôtre. Si vous acceptez, vous disparaîtrez pour renaître. Rien de votre vie d’aujourd’hui ne persistera.

Vous vivrez le livre, le temps est venu.

Vous viendrez à nous librement.

A l’état de bête, vous ne vous raserez plus ni pubis, ni bras ni jambe, animal.

Si vous ne venez pas à l’heure dite, vous n’entendrez plus jamais parler de nous. »

Elle est sous le choc, elle s’appuie au bureau. Dans sa chambre, sa robe chiffonnée, dégoutante, son sac, elle le vide, elle tombe sur les billets, 3000 euros !. Elle est prise d’un plaisir trouble. Elle se souvient du sexe, dur, qui lui emplissait la bouche. Se rappelait son essai d’étude de psycho sur la prostitution et les prostituées, plus le pourquoi que le comment. Son mémoire, médiocre, une note passable d’un prof, sentait-il ce qu’elle ressentait, le phantasme tordu ? Elle avait été tentée d’essayer. L’intellectuelle au tapin. Elle avait payé une passe à une fille pour la remplacer avec un client. Un quelconque, une bite normale, il s’était douché, allongé sur le lit, elle s’était déshabillée, surtout la culotte et les seins à sa demande, une pipe, cinq minutes à peine, le client pas content, il n’en avait pas eu pour son argent, le fiasco. Elle l’avait vidé de son esprit. Et cela la reprenait, aux tripes. Dans 6 semaines, que fera-t-elle. Elle pense à sa vie aujourd’hui. Sans intérêt.

Le livre ! Dans une veille malle, dans un grenier, à la campagne, y retourner, le relire, comment ?

Elle se souvient, des bribes, des chapitres. Des hommes, des femmes, des animaux. Elle en frémit. LIRE LA SUITE

L’intégralité de ce récit, compte-tenu de son contenu et des situations extrêmes décrites, n’est disponible que pour les seuls abonnés



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Commentaires

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jeudi 18 avril 2013 à 11h40 - par  david

J’adore votre blog merci pour vos articles !

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mercredi 16 janvier 2013 à 12h07 - par  Charline

Net et pertinent, c’est justement ce qu’on exige ! Encore félicitations.

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mercredi 21 novembre 2012 à 11h57 - par  kingliart

Bien écrit, bien mené, le suspens ne l’est qu’à moitié (venise, comtesse, plug...) mais cela est de bonne facture dans l’ensemble. Cette Apolline abandonnée à elle-même mérite d’être maltraitée !