Alice et Soldanelle

Chapitre 8 et 9
dimanche 10 janvier 2021
par  lahoule
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Alice n’en revenait toujours pas. Soldanelle exigeait ; elle obéissait et s’abandonnait, presque malgré elle, à toutes ses injonctions. Elle l’avait forcée à se dévêtir, à fouiller dans les valises pour choisir, parmi les corsets et les dentelles, une guêpière de dentelle noire transparente qui comprimait ses seins et les exposait littéralement. Elle était cintrée à la taille par des baleines de nylon, heureusement un peu souple, mais tout en restant contraignantes. A chaque mouvement, Alice les ressentait lui comprimer la taille et la poitrine. Les respirations profondes envoyaient ses seins au-delà des balconnets pour sa plus grande peur. Soldanelle lui avait intimé l’ordre de gainer ses jambes de bas noirs tendus à l’extrême sur les jarretelles brillantes. Par-dessus, elle avait dû enfiler une robe noire assez stricte et évasée depuis la ceinture, mais qui soulignait sa taille fine. Cette robe, elle l’avait achetée une fois, dans une sorte de folie d’achat et ne l’avait jamais portée.
—  Et évidemment, dans son armoire, Soldanelle avait justement déniché celle-là.
Il faut dire qu’elle n’avait pas l’embarras du choix, tant elle avait peu coutume de se vêtir d’atours spécifiquement féminins. Le contenu des deux valises allait rapidement combler ce vide. Alice se demandait bien en quelles circonstances elle allait pouvoir les étrenner, tant ils lui paraissaient hors-normes.
—  Ces tenues t’iront à ravir et nous allons t’en trouver d’autres !
—  Je ne pourrai jamais me vêtir pareillement et sortir !
—  Ça, ma fille, ce n’est pas toi qui choisiras !
Elle avançait sur le trottoir avec prudence en raison des talons que Soldanelle avait exigés. Elle avait dû accepter de renoncer au vélo, en tout cas pour aujourd’hui et dut garder la voiture de service. De son côté, Soldanelle lui avait intimé l’ordre de lui laisser sa clé pour qu’elle commence à trier certains habits dorénavant inutiles. Elle lui avait également signifié qu’elle entendait pouvoir entrer chez elle à n’importe quel moment, de jour comme de nuit.
Alice était effrayée d’avance du résultat de l’épuration. Connaissant sa collègue, elle allait jeter tout ce qui ne lui plaisait pas. Elle ne pouvait s’empêcher de sentir son sexe s’humidifier à cette évocation.
—  !Quel paradoxe ! J’ai toujours voulu être libre de mes actes et je m’excite à la pensée que ma collègue soit en train de jouer avec moi, comme un chat avec une souris ! Le plus horrible, c’est qu’il faut que je pense travail en même temps.
La voiture se trouvait au coin de la rue, heureusement pas trop loin de chez elle, si bien que le trajet ne fut pas trop pénible pour ses pieds peu habitués.
— Tu auras largement le temps de t’y faire, crois-moi, lui avait dit Soldanelle au moment de son départ !
En effet, passés les moments désagréables d’équilibre précaire, elle retrouvait les sensations de l’époque de la danse où elle faisait l’admiration de tous sur ses ballerines de petit rat. Elle se surprit même à accélérer le pas, même dût tempérer ses ardeurs, surtout que la guêpière très serrée lui coupait la respiration. Cependant, elle se devait de constater que son corps répondait à ses sollicitations, particulièrement au niveau de ses seins qui ne cessaient de darder leur pointe dans l’étroit compartiment qui les accueillait.
Elle démarra le moteur et quitta le quartier. Elle avait l’impression que l’éloignement de son domicile lui faisait perdre un peu de ses sensations sexuelles. Son corps se calmait et elle retournait dans son personnage de fonctionnaire de police, méticuleuse, réfléchie et calculatrice. Elle ne pouvait pourtant évacuer la question de ce qui allait se passer par la suite.
Elle se retrouva presque machinalement à l’adresse de Georgio San Verità. Ce n’était pas là qu’elle avait décidé de se rendre, pourtant. Elle resta longuement au volant en tentant de rassembler ses idées et de comprendre pourquoi elle avait atterri à cette adresse. Elle n’avait aucunement besoin d’aller le questionner. Elle remit à plus tard son rendez-vous et opta pour retourner chez la sœur jumelle. Auparavant, elle décida de faire un arrêt en ville.
Elle parvint rapidement au centre, car à cette heure, la circulation était presque tolérable. Elle gara dans le parking souterrain et accéda à la place piétonnière qu’elle traversa. Les pavés, qui la paraient, la forcèrent à marcher sur la pointe des pieds pour ne pas risquer la chute et pour ne pas coincer ses talons dans les interstices. Elle décida de rassembler ses idées en allant prendre un café au bar du coin. En fait, reprendre ses idées n’était présentement qu’un faux prétexte. En réalité, elle se devait de constater que c’était la première fois qu’elle sortait dans une pareille tenue. Les baleines très serrées lui comprimaient le ventre, creusaient ses reins et surtout la forçaient à respirer différemment ce qui envoyait ses seins très en avant.
A peine la porte poussée, elle fut agréablement surprise par le cadre très agréable. Elle se choisit une place au fond près de la fenêtre donnant sur la place. En s’asseyant, elle ne remarqua pas tout de suite que sa jupe ample était remontée et laissait apparaître la lisière de ses bas fins. Elle contempla un long moment les passants qui traversaient pour entrer dans les magasins.
—  Et pour madame, ce sera ?
Captivée par la scène, elle restait sourde à la demande.
—  Et pour madame, ce sera ?
Elle prit conscience d’une voix et tourna la tête. Elle aperçut la sommelière qui attendait patiemment.
—  Oh ! Excusez-moi, j’étais prise par le spectacle de la rue !
—  Ce n’est pas un problème, j’ai tout mon temps à cette heure-ci, le rush de midi est derrière.
Très jolies vos dentelles !
Alors seulement, Alice aperçut ce qu’elle dévoilait. Rouge de confusion, elle tira sur sa jupe et bredouilla :
—  Euh… Un café, s’il vous plaît !
—  Un café, bien, Madame !
La serveuse retourna derrière le bar, non sans qu’Alice prit le temps de la détailler. C’était une très belle femme dans la quarantaine, seule à cet instant avec les quelques clients. Elle revint avec la consommation.
—  Je devine que Madame a quelques soucis, alors je vous ai mis quelques mignardises pour un peu plus d’énergie.
—  Merci ! Mais à quoi voyez-vous cela ?
—  Vous savez, il y a des années que je suis au comptoir et que j’observe les clients. Ici, on est remarquablement placé pour voir la vraie vie. Les gens fréquentent le centre-ville pour leurs achats et dans mon bar je vois défiler toutes sortes de personnes et souvent des paumés qui tentent, au comptoir, d’oublier leur quotidien.
—  Sans doute, mais…
—  Alors, quand je vous ai vue vous asseoir au fond, près de la fenêtre qui donne sur la place, je me suis tout de suite dit que cette femme avait des préoccupations très profondes. Je me trompe ?
—  Non, pas vraiment ! Mais je ne connais pas grand monde qui n’en ait pas.
—  C’est vrai, mis à part que les vôtres sont toutes personnelles et semblent vouloir vous engager radicalement.
—  Touché coulé. A quoi lisez-vous cela sur moi ?
—  Ces deux petites rides au-dessus du front. Ce ne sont pas des rides d’expression. Elles sont présentes seulement lorsque vous êtes en conflit avec vous-même.
—  Vous avez pris des cours de psychologie ?
—  L’observation uniquement. Voyez l’homme au bar, là-bas. Il est las d’attendre.
—  Qui ne le serait pas s’il y a longtemps qu’il attend !
—  Il est arrivé juste avant vous. Je vous parie qu’il est amoureux, n’est pas sûr d’être payé en retour et se boit le sang en espérant.
—  Pari tenu ! Je mise deux francs !
—  D’accord ! Nous nous donnons encore cinq minutes avant qu’il ne se passe quelque chose. L’homme quitta le bar, alla aux toilettes, revint s’accouder et commanda un autre café que la sommelière lui servit, en envoyant une œillade à Alice.
A ce moment-là la porte s’ouvrit et une jeune femme entra, la mine sérieuse, et rejoignit le client. Alice ne pouvait entendre le dialogue, mais la femme derrière le comptoir n’en perdit pas une miette. La femme commanda un café, puis se tourna vers l’homme pour lui tenir une longue conversation que l’homme n’interrompit pas une fois. Alice remarqua surtout que ses épaules se voûtaient au fur et à mesure qu’il encaissait les mots délivrés très calmement. Enfin, elle posa une main sur son bras, le serra longuement et comme à regret quitta son interlocuteur à reculons avant de se retourner et de quitter le bar sans un regard en arrière. L’homme respira profondément, sortit son porte – monnaie, paya les consommations et sortit à son tour. LIRE LA SUITE


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