1 - Drôle de couple
par
popularité : 1%

Navrée de faire simple ! Pas d’entrée en matière mystérieuse et romanesque, mais les présentations d’usage...
Je m’appelle Irène, j’ai bientôt quarante ans, et je ne suis pas un top-model.
N’ayant jamais souffert d’anoréxie et appréciant, plus qu’il ne faudrait, la charcuterie fine et le chocolat noir, j’ai quelques kilos en trop. Pas obèse, non, mais les rondeurs de la gourmandise, devant comme derrière. Pour les obsédés de chiffres, disons qu’en haut, le 95 est souvent trop petit, et que les bonnets, suivant les modèles, « balancent » (hum...) entre le D et le E.
En bas, côté face, cela évoque plus une douce colline toscane que le « plat pays » de Jacques Brel. Mais c’est côté pile que j’ai logé mon orgueil et ma fierté. Si j’en crois ce qu’on me dit, il y a là de quoi damner plus d’un saint...
Ma taille – 1,75m sans talons – compense et estompe (un peu) toutes ces rondeurs. Mon visage... Mon Dieu, faut-il donc succomber au regard des hommes pour parler de ses seins et de ses fesses avant même d’évoquer sa propre tête !... Mon visage, donc... Je n’en suis pas trop mécontente. Des yeux verts en amandes douces, une bouche charnue (« sensuelle », disent-ils), un petit menton pointu et des cheveux aussi noirs que mon chocolat préféré, souvent peignés en chignons instables.
Je travaille – eh, oui, ça arrive à tout le monde – dans l’entreprise que mon mari a créée et, par miracle, sauvée des ravages de la bulle internet. Ingénieure de formation, j’y fais... les comptes : le « syndrome boucher-bouchère », dixit Julien, ledit mari, rencontré voilà quinze ans sur les bancs d’une « grande » école. (Ca va, je n’en ai pas trop dit, il y a peut-être de maudits concurrents parmi vous, chers lecteurs...)
Plutôt joli garçon, ajoutant une vraie culture littéraire à ses compétences de matheux, Julien cachait sous une avalanche de discours une vraie timidité. Peu sûr de séduire, il « draguait intello », ce qui faisait fuir plus d’une fille mais, moi, m’a bientôt attirée. Il finit dans mon lit et s’y comporta fort honorablement, même s’il semblait souvent un peu trop pressé.
Premiers jobs après l’école, chacun de son côté, et, deux ans plus tard, un mariage en bonne et due forme, à la grande joie des parents réunis. Nous formions un charmant petit couple de cadres sup’ modernes et performants : un bel appartement à crédit, un studio au ski, des vacances dans les beaux hôtels et, cinq ans plus tard, deux petits garçons adorables. Le kit standard du bonheur au tournant du troisième millénaire...
Julien a créé sa boîte, je l’y ai rejoint. Un vrai succès et beaucoup d’aisance à la clé. Puis, peu à peu, la belle mécanique s’est déréglée. Oh ! En apparence, tout était huilé : ménage parfait, enfants en bonne santé, amis envieux. Mais la porte de la chambre refermée, il y avait comme un début de débandade, au propre comme au figuré.
La trentaine passée, je ressentais, confusément, le besoin d’un homme à la virilité assumée, audacieux et même, sans me l’avouer vraiment, un brin directif. Et j’avais un époux plein d’attentions mais abonné au « missionnaire » – au mieux à la « levrette » quand j’osais me retourner – avec des fréquences qui, peu à peu, s’éloignaient fâcheusement des normes établies dans le « rapport sur la sexualité des Français ».
J’en parle aujourd’hui avec légèreté. Mais, à la vérité, tout alors se gâtait et les humeurs devenaient sombres. Mise dans la confidence, une amie – femme de notre meilleur client – me conseilla de faire comme elle ; ne rien toucher à l’essentiel et aller chercher ailleurs de quoi satisfaire les sens !
Impossible de m’y résoudre. C’était, pour moi, comme le dernier maillon d’une histoire trop lisse, le petit désordre qui remet tout d’aplomb. Et vogue la vie, comme la galère...
J’essayais de parler, Julien fuyait. De faire régime, il en riait. De me mettre au porte-jarretelles, il se mit à rougir...
Désabusée, je commençais à me faire à l’idée du « tout lasse, tout casse », quand un beau matin...
Oui, je sais, vous n’avez pas encore eu ce que, comme moi, vous venez chercher ici. Du piment, du cru, du sexe ! Me le pardonnerez-vous ? Je ne pouvais faire l’économie de cette « pré-histoire », le reste aurait été incompréhensible. Et je me sentais incapable de vous appâter en commençant par une des scènes qui vont suivre. Je me serais perdue dans des « flashback » aventureux. Désolée, encore, de n’être sensible aux constructions romanesques que comme... lectrice.
Mais si vous n’avez pas déjà zappé, la suite devrait davantage vous retenir. Du moins, j’espère.
Un beau matin, donc...
C’était un jeudi de printemps. Julien était parti très tôt, j’avais conduit les enfants à l’école et m’apprêtais, à mon tour, à quitter la maison quand retentit une brève sonnerie de portable, signalant un message. Je sors mon mobile de mon sac. Rien, aucun message. C’est alors que j’aperçois le portable de Julien, posé sur le guéridon de l’entrée, où il l’a visiblement oublié. Je le saisis et constate sur l’écran qu’un SMS est en effet arrivé. Instinctivement, sans la moindre méfiance, pensant seulement que cela peut être important, j’ouvre le message et, d’un seul coup, le sol se dérobe sous mes pieds.
Sur l’écran, je lis et relis :
« Commande du champagne... pour moi bien sûr... Toi, tu le boiras entre mes cuisses, à la source, petite pute ! »
Tétanisée, je retourne dans le salon et m’écroule sur le canapé. Je tremble comme une feuille. J’étouffe, comme si l’immeuble venait de s’effondrer sur moi. Retrouvant un instant mes esprits, je me dis que ce ne peut être qu’une erreur de numéro et me précipite sur l’historique des messages.
Quinze messages reçus. Un non-lu. Mes doigts pianotent...
« Je serai en retard... Attends-moi a 4 pattes sur la table basse... interdit de te branler, salope ! »
Et puis :
« Oui, salope, t’auras le droit de gicler ton jus... Je vais te traire comme une vache »
« On verra... J’ai surtout envie de fouiller ton cul de putasse... »
« Tu me nettoieras bien l’anus avec ta langue... »
Je lis, relis, passe d’un message à l’autre, refusant d’en croire mes yeux. J’ouvre les messages envoyés et me tasse dans le canapé, prise d’une envie de hurler.
« Maîtresse, votre petite pute a ses chaleurs ! »
« Oui Maîtresse, je serai bien dilaté... »
« Promis Maîtresse, j’aurai la vessie et les couilles pleines à craquer ! »
Entre rage et pleurs, livide, j’appelle le bureau avec ce portable qui me brûle les doigts. Pas de réponse. Je ferme les yeux, des images s’impriment dans ma tête, toutes insensées. Au bout d’un quart d’heure, je me lève, me refais un visage à peu près potable et descends prendre ma voiture. Chemin faisant, les mêmes images me reviennent, que je chasse en vain. Non tant qu’elles me révulsent, mais je n’arrive tout bonnement pas à y croire. Impossible d’imaginer mon mari dans de telles postures, impossible de l’imaginer en esclave maso. Et pourtant... LIRE LA SUITE
ZONE ABONNES L’abonnement vous permet :
d’enregistrer et d’imprimer l’intégralité des textes publiés de manière illimitée durant la durée de votre abonnement,
d’avoir accès à certains récits dont la teneur ne permet pas une large publication,
(NB : Si vous êtes déjà en possession d’un pass, entrez-le, selon le type de votre abonnement, dans une des 2 zones prévues ci-dessous pour accéder à la partie privée de RdF)
OFFRE DECOUVERTE (1 jours) | ABONNEMENT 7 JOURS | ABONNEMENT 15 JOURS | ||
---|---|---|---|---|
ABONNEMENT 1 MOIS |
ABONNEMENT 3 MOIS |
ABONNEMENT 6 MOIS |
SE DESABONNER![]() |
OFFRE DECOUVERTE (code valable 1 jours seulement)
Commentaires