10. Avril

« Et c’est quoi cette pièce ? Demande Chantal en pointant du doigt. »
C’est une jolie brune pétillante, avec les regards vifs de sa mère, les yeux verts intelligents de son père et une parfaite paire de 90D qui lui est propre. Ils sont assis autour de la table de cuisine de fortune au Portugal, regardant les plans de la maison ; Chantal, Kelly et Mart, avec Dylan, l’architecte et designer, professionnel jusqu’au bout des ongles.
« C’est une cave. Pour le vin de ton père.
— Sous ta chambre ? Papa, tu vas déboucher les bouteilles la nuit ?! »
Tout le monde rit.
« Tu connais ton père. Répond Kelly avec un petit rire. Du moins, tu penses que tu le connais.
— En fait, dit Dylan en se penchant, c’est à cause de la formation rocheuse. Je l’aurais placé ici s’il n’y avait pas la sous-structure plus faible. »
Il a tapote une zone du sol avec son pied.
« Un autre avantage est que, si vous décidez de louer la propriété, votre suite privée peut être fermée, ainsi que la cave à vin. Il vaut mieux empêcher d’autres hommes de se servir eux-mêmes dans les premiers crus de Mart ! »
Kelly croise les yeux de Dylan qui aspirent le décolleté de Chantal tout en parlant.
Les léopards ne changent jamais de place…
La conversation continue.
« J’adore ça, dit Chantal. J’adorerais revenir ici avec Greg, plus tard dans l’année. »

Ils la conduisent à l’aéroport de Faro le lendemain matin et elle retourne à Londres, où elle reste avec des amis pendant quelques jours, avant de retourner à Los Angeles.
« Au revoir, amour ! »
Ils lui font signe de la main.
Kelly est assise à l’arrière de la voiture de location avec Dylan pendant que Mart conduit vers la maison. Dylan lui tapote le genou :
« Tu as une jolie fille. »
« J’ai remarqué », pense Kelly.
Mais elle ne reste pas longtemps en colère contre lui. Ils se sont bien tenus lors de la visite de Chantal. Bientôt, ils se bécotent tandis que Mart les emmène dans les collines.
De retour à la maison, l’entrepreneur et huit ouvriers travaillent à fond sous le soleil poussiéreux et humide.
« Salut, dit Dylan à l’entrepreneur en tapotant Mart dans le dos. Tenho mais um trabalhador para voce. »
Après avoir travaillé sur plusieurs projets à Lisbonne, Dylan parle à peu près le portugais,
« J’ai un autre ouvrier pour vous. »
L’entrepreneur se gratte la tête chauve et fronce les sourcils.
« Mesmo ? Vraiment ?
— Sim. Ele vai ajudar. Oui, celui-ci va vous aider. Mart. »
L’entrepreneur demande quel genre de travail peut faire Mart.
« Qualquer. N’importe quoi, répondit Dylan. »
Il explique que Mart fera du travail de base et qu’il ne s’attend pas à être payé. Juste pour faire de l’exercice. Cela fait rire l’entrepreneur, qui semble beaucoup plus enthousiaste.
« Vamos, dit-il en passant une pelle à Mart. Commençons. »
Kelly regarde depuis le balcon de la chambre alors que le soleil platine d’avril atteint son zénith et commence à marteler l’équipe au travail de ses rayons. Le corps blanc de Mart contraste fortement avec la peau couleur noix de la main-d’œuvre locale noueuse. Elle lui a jeté un tube de crème à haut facteur : sa peau en brille et il transpire en travaillant.
Elle s’allonge à nouveau sur le transat et ajuste son petit bikini. Elle reprend son livre et commence à lire. Cela l’étonne qu’Amazon vende de telles choses ! Mais elle doit reconnaître que c’est bien, très bien.
Le bruit de forage provenant de l’intérieur de la chambre rend la concentration difficile. Dylan supervise personnellement la formation et le revêtement de la « cave à vin ». Une grosse pelleteuse a creusé un énorme trou et maintenant, des parpaings, du béton et des revêtements en caoutchouc sont utilisés pour créer l’espace. Il veut que ça soit fini en une semaine !
Elle ajuste à nouveau son bikini, consciente que ses tétons sont fermes et que son vagin est moite. Elle glisse un doigt sous le triangle de son string.
Le fait rouler à la fin de la journée de travail.
Son livre s’appelle « Domination féminine ; une exploration du désir masculin d’aimer l’autorité féminine » par Elise Sutton. Cela fait du bien à Kelly de lire des choses sur une quarantaine d’autres couples comme elle et Mart. Elle sourit. Dès qu’elle l’aura fini, elle le prêtera à Nao.
« Comment va la vilaine fille ? » Se demande-t-elle.
En l’occurrence, Naomi est assise dans une cabine des toilettes de son bureau. Sa jupe et sa culotte sont autour de ses genoux et elle échange des textos avec Jack sur son portable.
« On se voit pour déjeuner ? » Apparaît sur son écran.
« Déjeuner ?! » Tape-t-elle en se souriant.
Ils échangent des messages et fixent un rendez-vous pour 13h30, dans un bar à mi-chemin entre leurs deux immeubles.
Cela la trouble d’avoir une liaison. Elle sait que c’est ce dont il s’agit. Et pourtant, cela ne la préoccupe pas. Après tout, Nick a ce qu’il voulait. Elle est dure avec lui, dominatrice, stricte. Elle le laisse fixer l’ordre du jour, même s’ils prétendent tous les deux qu’elle contrôle.
Et en retour ? Eh bien, au lieu qu’elle souffre de la frustration qu’il apprécie, ou de l’ennui qu’elle ressentait depuis des années, elle se fait arroser les pétales par un autre tuyau.
Est-ce vraiment si grave ? Jack utilise un préservatif. Elle se lave. Ainsi, Nick a toujours une chatte saine et propre sur laquelle baver quand elle en a envie.
C’est du cocufiage. Comme Kelly.
Simplement, il ne se fait pas devant Nick.

Ils se retrouvent dans un bar élégant et moderne qui propose une salade au poulet décente avec un verre de vin. L’endroit se vide lorsque les autres clients retournent au travail.
« Mmm, tu as l’air assez appétissante pour être mangée, dit Jack.
— Toi aussi. »
Elle touche son verre contre le sien. Après avoir mangé et bavardé, elle le regarde méchamment.
« Tu l’as déjà fait dans les toilettes publiques ? »
Jack fronce un sourcil. Il secoue la tête, sourit et la tire par la main. Ils verrouillent la porte et Nao fouille dans la fermeture éclair de Jack.
« Putain ! Murmure-t-il. Je n’y ai pas pensé... Je n’ai pas de préservatif. « 
Elle soupire. Zut.
« Tu pourrais... faire autre chose ?’ Chuchote Jack en se léchant les lèvres.
— Ouais ? Et moi dans tout ça ? »
La petite pièce pue. Elle n’a pas envie de se mettre sur le carrelage pour le sucer. Elle secoue la tête, baisse sa fermeture éclair jusqu’en bas, l’embrasse.
« Je prends la pilule, murmure-t-elle à son oreille. Nous n’avons pas besoin de préservatif. »

Mart est suspendu aux solides poutres du porche.
Ses poignets sont tirés et ses chevilles séparées par une barre d’écartement. Autour de lui, les moustiques et les mouches nocturnes bourdonnent dans la lueur orange du coucher de soleil. Sa peau est rouge de coups de soleil et striée de sueur poussiéreuse.
Kelly et Dylan sont assis à une table à une certaine distance. Elle est éclairée par une bougie dans une lampe tempête. Deux verres, un seau à glace avec une bouteille de champagne et une soucoupe d’amandes complètent la scène idyllique.
Il les fixe. Il devrait les détester. Mais ce n’est pas le cas. LIRE LA SUITE