Clara en hiver
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Dans les phares de la voiture, la neige tombe sans arrêt depuis une heure. Je suis plus en retard que je ne l’ai voulu. Je pousse le chauffage intérieur : j’arriverai bientôt au point de rencontre et Clara aura froid. Très froid. Je n’ai pas pu prévoir la tempête de neige lorsque je lui ai fixé ce rendez-vous au milieu de nulle part. Au loin, je vois une forme qui se détache sur fond de neige : elle n’a pas reculé devant les difficultés, elle ne recule jamais d’ailleurs et c’est pour cela que je l’apprécie, Clara. Elle bat la neige de ses bottes, son manteau est couvert de flocons qui fondent à peine, sa chevelure aussi. Je me range sur le côté, elle se précipite. Elle grelotte, ses lèvres tremblent convulsivement, la pâleur de ses joues m’effraie. Incapable de dire un mot, elle s’assied à mes côtés.
— Il fait chaud ici, dis-je, détends-toi.
Son regard me fusille. À cet instant précis, je le sais, elle me hait. Mais elle connaît la règle « comment se comporter en voiture » et je n’ai pas besoin de lui ordonner de détacher les boutons de son manteau. Elle a mis ses sous-vêtements les plus classiques, noirs, ceux que j’aime, un string et un soutien-gorge qui fait pigeonner sa belle poitrine ferme. Et rien d’autre. C’était le contrat : m’attendre à 20 h, en cette fin décembre, au Carrefour de l’Arbre Mort, en manteau, bottes et sous-vêtements.
Ma Clara gelée revient à la vie, doucement : sa quasi-nudité n’offre aucun obstacle à la chaleur de l’habitacle, qui l’envahit.
— Tu es superbe, comme toujours.
— Où m’emmènes-tu ?
Je ne réponds jamais à ce genre de questions. Mais je compatis à l’épreuve qu’elle vient de subir bravement.
— Nous sommes attendus.
Je n’en dirai pas plus. Mark n’est pas à proprement parler un ami. Il fut même mon ennemi, brièvement, quand Laure m’a quitté pour lui, il y a longtemps. Nous étions jeunes alors et j’étais trop maladroit sans doute pour satisfaire tous ses désirs de soumission. Mark était un peu plus âgé, beaucoup plus expérimenté et je ne leur en ai pas voulu longtemps. Avant que je rencontre Clara, il lui arrivait de me prêter Laure pour une nuit, voire un week-end. Lui présenter Clara me paraissait la moindre des choses, même si je n’étais pas persuadé d’avoir vraiment envie de lui rendre ses bontés si d’aventure il en émettait le souhait : j’en ai un peu honte, mais je ne suis guère prêteur, surtout s’il s’agit de Clara.
(bande son : « Famous Blue Raincoat », Léonard Cohen)
Mark et Laure habitent dans une vaste et vieille maison en pierres du pays, perdue en pleine forêt. Un nid idéal pour y vivre leurs passions perverses en toute tranquillité. J’ai failli m’embourber dans l’étroit chemin qui y mène, mais finalement, me voilà arrêtant le moteur devant le perron éclairé par un triple réverbère. La porte s’ouvre et Mark apparaît. Clara reboutonne son manteau. Je la sens tendue, presque hostile.
— Bien sûr, dis-je, tu vas te comporter en bonne fille soumise, n’est-ce pas ?
— J’ai le choix ?
— Non.
Il y a du feu dans la cheminée, que Mark attise avec détachement. Il a un peu vieilli, bien sûr, mais il est resté élégant, distingué, svelte (bien plus que moi), et je suis sûr que Clara, même bougonne, ne doit pas être insensible à son charme. Mark sourit. Laure entre au salon en s’excusant de son retard. Elle n’a pas changé non plus depuis la dernière fois que je l’ai sautée, ce qui doit remonter déjà à deux ans : autant Clara est fine, presque frêle, autant Laure, qui la dépasse d’une tête, est athlétique et solidement charpentée. Qu’elle s’entretienne physiquement malgré une quarantaine largement entamée ne peut échapper à personne dans la tenue qu’elle porte, toute de cuir noir moulant : top court parfaitement ajusté sur une poitrine ferme et qu’on devine voluptueuse, jupe très courte qui ne cache rien d’une paire de jambes musclées, mais sans excès et donc parfaitement appétissantes.
— Comme tu peux voir, me dit Mark en souriant, elle porte mon collier désormais.
Je ne l’avais pas remarqué, mais je m’empresse de les féliciter, tout en comprenant que, sans doute, Mark me signifie ainsi par la même occasion qu’il ne me prêtera plus désormais ce qui lui appartient totalement. Laure rosit de plaisir en me remerciant. Elle regarde Clara avec bienveillance.
— Mettez-vous à l’aise, Clara, dit-elle.
Clara me regarde et j’acquiesce. À contrecœur sans doute, Clara détache son manteau, dévoilant ainsi directement sa lingerie, et le tend à Laure.
— Elle est très belle, dit Mark. Laure, aide-la à ôter ses bottes. Dis-moi, elle baise bien ?
Les joues de Clara s’enflamment brutalement. Je souris.
— Je n’ai pas à me plaindre.
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