Rendez-vous insolite

mercredi 5 juillet 2006
par  Christine Arven
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En ce chaud après-midi de juin, Laura marchait d’un pas pressé un léger sourire aux lèvres sur l’avenue ensoleillée. Les gens qui la croisait n’aurait pu s’imaginer que cette femme au visage serein et d’allure très sage dans sa légère robe blanche allait dans quelques minutes se soumettre à son Maître qui pourrait l’utiliser comme bon lui semblerait.

Laura se sentait bien, heureuse d’aller à ce rendez-vous que A. et elle avaient programmé quelques jours auparavant. Depuis, Laura avait lentement senti monter en elle cette chaude excitation qui étreignait parfois son ventre dans un tel étau de désir qu’involontairement elle se cambrait et haletait comme en manque d’air. La force de son désir pour A, chaque jour plus omniprésent en elle, ne laissait pas de l’étonner. Jamais encore elle n’avait ressenti de façon aussi impérieuse et comme un besoin vital une telle attirance pour un homme. C’était beaucoup plus que du désir d’ailleurs. De l’amour. C’était cela, l’irruption entre eux de l’amour, qui avait fait toute la différence. Cela avait agi sur elle comme un détonateur qui avait ouvert grand les vannes de ses émotions et lui avait permis de s’abandonner totalement à A. De lui laisser le total contrôle de son corps. Ne lui avait-elle pas promis avec une facilité déconcertante mais résultant d’une conviction qui ne laissait place à aucune autre alternative, elle qui jusqu’alors avait papillonné sans trop d’état d’âme d’un homme à l’autre, l’exclusivité de son corps ! Elle savait avec certitude au fond d’elle-même que si, une seule fois, elle faiblissait et se laissait tenter, c’en serait fini de sa relation avec A. Et cette éventualité la fit soudain, malgré le chaud soleil, frissonner d’angoisse. Comment concevoir la vie sans A. alors qu’elle lui avait tout donné d’elle, sans aucune restriction. Elle se dit que si A partait et la laissait, il ne lui resterait plus rien. C’était inquiétant cette dépendance qu’elle ressentait vis à vis de lui. Pourtant, pour rien au monde, elle n’aurait voulu s’en défaire et encore moins s’en libérer.

Pourtant, Laura sentait au fond d’elle cette appréhension habituelle qui l’étreignait à chaque fois. Non qu’elle craigne ce qu’elle aurait à subir, au contraire cela la remplissait d’impatience, mais elle appréhendait toujours de ne pas arriver à donner entièrement satisfaction à A. et de ne pas être à la hauteur de son attente. De faiblir. A était en dépit de la tendresse dont il l’entourait et qui la faisait fondre, un maître exigeant. Bien sûr, il lui pardonnerait ses faiblesses mais, elle, elle saurait sa déception. Et c’est cela, plus que tout, qu’elle craignait. Le décevoir. Ne pas être capable de répondre à son attente. Jusqu’à maintenant, quoiqu’il ait pu lui en coûter parfois, Laura avait toujours su retenir au bord de ses lèvres le mot fatidique dont ils étaient convenus pour que tout s’arrête immédiatement. Sauf une fois, se rappela-t-elle avec dépit, où complètement affolée, plus par l’intensité de ce qu’elle ressentait que par réelle douleur, le mot lui avait échappé sans qu’elle puisse le retenir. Comme elle l’avait regretté après... Pas cette fois, se jura-t-elle. Cette fois, elle ne faillirait pas.

Elle accéléra le pas. Pressée d’arriver et d’échapper à ces pensées. D’un geste qui lui était au fil des jours devenu machinal elle saisit entre son pouce et son index, la médaille que lui avait offerte pour son plus grand bonheur A qui y avait fait graver « Nickie, propriété de A » Nickie c’était son nom de chienne. Depuis, elle la gardait continuellement accrochée à son soutien-gorge. Impossible pour elle de s’en défaire. Elle fit aller et venir lentement ses doigts sur la médaille se rassurant à son contact. Tout à l’heure, songea-t-elle en souriant d’aise, A l’accrocherait au collier dont il aurait ceint son cou et elle deviendrait Nickie, sa chienne, sa dalmatienne.

***

L’appartement de A. était comme à l’accoutumée plongé dans une douce pénombre et il y régnait une agréable fraîcheur. Il l’a fit entrer dans la cuisine qui donnait par une large porte-fenêtre ouverte, sur un jardin luxuriant de fleurs. Ils s’assirent face à face et, tout en buvant un verre de limonade bien fraîche, devisèrent un moment de choses et d’autres comme deux amis qui se retrouvent. Laura aimait bien ces instants de douce complicité qui précédaient toujours leurs jeux et qui lui permettaient de se détendre. De se mettre en condition…. Parfois Laura se disait qu’un jour peut-être A lui demanderait de ne plus repartir. Au bout de quelques minutes, A se redressa et, tout en commençant à ranger les verres sur l’évier, lui indiqua qu’elle pouvait maintenant monter à l’étage et se mettre en tenue.

Elle opina de la tête et, sans ajouter un mot, monta lentement l’escalier. Comme si elle montait au supplice, songea-t-elle avec un frisson. Mais un supplice ô combien agréable…. La preuve à chaque fois, elle revenait… Arrivée sur le palier, elle se dirigea vers la petite pièce qui s’ouvrait au fond du palier dédiée toute entière à leurs jeux. Elle se déshabilla sans se presser et disposa soigneusement ses vêtements sur un cintre. Avec un plaisir non dissimulé, elle attacha autour de son cou son collier de chienne et y accrocha sa médaille non sans jeter un bref coup d’œil à l’inscription qui y était gravée. Chaque fois, qu’elle lisait ces mots d’appartenance, elle ressentait toujours cette même crispation au fond de son ventre. Elle était donc devenue cela. La propriété de A. Sa chose. Son animal. Et elle adorait ça ! Cette possession qu’elle ressentait au plus profond d’elle même comme une évidence incontournable était source pour elle d’un bonheur infini. Le cœur pétri d’émotion, elle s’entendit murmurer : « mon Maître à moi, mon amour ». C’était pour elle comme pour lui, la plus belle des déclarations.

Elle se positionna entièrement nue, avec pour seul ornement son collier, au centre de la pièce, les bras croisés dans son dos et attendit que A vienne la rejoindre. Elle était reconnaissante à A de ne pas lui imposer cet uniforme, guêpière, porte-jarretelles, bas... si communément de mise entre un Maître et sa soumise. Non pas qu’ils s’y refusent, loin de là, mais cela n’était pas pour A une condition nécessaire même s’il aimait parfois enserrer son torse d’un corset si étroitement serré qu’elle en perdait le souffle. En fait, A préférait la voir ainsi, nue et désarmée, vulnérable, offrant sans aucun artifice les courbes de son corps à son regard. Au début, elle avait ressentie un peu de honte à lui dévoiler ainsi son corps aux formes qu’elle trouvait trop opulentes mais qui justement le ravissaient lui. Maintenant, elle n’éprouvait plus aucune pudeur à exhiber devant lui, ses hanches larges, son ventre rebondi, ses seins lourds. L’oreille aux aguets, elle l’entendait aller et venir à l’étage inférieur. Qu’attendait-il se demanda-t-elle étreinte d’une impatience de plus en plus grande. Elle entendit la sonnerie du téléphone retentir et A qui répondait. Mais il lui fut impossible de saisir un mot de la conversation qui ne dura que quelques brèves minutes. Un moment, elle crut entendre la porte d’entrée s’ouvrir mais se dit-elle, elle avait du se tromper. Qui aurait pu venir ? De toute façon, elle était persuadée que A ne tolèrerait pas d’être dérangé dans ces moments qu’il lui consacrait. Elle sourit en songeant qu’il aimait la faire attendre ainsi. S’il avait su combien elle aussi aimait cette attente qui mettait ses nerfs à vif. Enfin elle entendit les marches de l’escalier grincer sous son pas. Lorsqu’il entra dans la pièce, elle baissa humblement les yeux à terre.

A s’approcha lentement d’elle. Laura retint son souffle. D’un mouvement à la fois tendre et brutal, il saisit entre ses doigts les mamelons transpercés par deux anneaux et les pinça tout en les étirant et les tordant. Laura exhala un soupir sous la douleur brutale qui tarauda brusquement ses seins mais ne fit rien pour se soustraire aux doigts de A. Au contraire, elle tendit imperceptiblement le buste en avant s’offrant davantage à son étreinte. LIRE LA SUITE

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