Olenka 3

3- L’achat
samedi 25 mars 2006
par  Alex Cordal
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– Pardonnez-moi pour le retard, Monsieur Cordal. J’ai dû repasser chez Salamandre. J’avais oublié ma sacoche avec tous mes papiers, hier soir.

Sur le pas de la porte de mon appartement, j’écoute Samson se confondre en excuses pour la demi-heure de retard. Je le rassure :

– Ce n’est pas grave. Je vous ai dit que je n’avais rien de prévu aujourd’hui, alors je ne suis pas à une demi-heure près pour visiter votre maison.

Je récite ces banalités sans y prêter attention. Depuis hier soir, mon esprit est ailleurs. J’ai passé la fin de la nuit à rêver d’Olenka, et le début de la journée à l’imaginer à mes côtés. J’essaie de chasser ces images de ma tête et de me convaincre que l’épisode du cagibi n’est qu’une aventure sans lendemain, mais je n’y arrive pas. L’attirance que j’ai pour cette femme est inouïe, à la fois physique et mentale. En un mot, je suis amoureux.

Salamandre est vraiment une hôtesse exceptionnelle, continue Samson. Elle nous a fait passer une magnifique soirée.

Là, je suis perturbé. Comment l’agent immobilier peut-il dire cela, alors qu’il a passé la moitié du temps à dormir ? Serait-ce un sous-entendu à mon intention ? Olenka lui aurait-elle avoué notre aventure au milieu des chaussures ? J’acquiesce simplement et descends avec lui jusqu’à sa voiture, une grosse Mercedes noire garée en bas de l’immeuble. Il m’ouvre poliment la portière côté passager. Surprise ! Olenka est installée à l’arrière. Je marque un temps d’arrêt. Je ne m’attendais pas à cette présence. Je l’observe un court instant. Le chemisier rose qu’elle porte est boutonné jusqu’au cou. Aujourd’hui, pas de poitrine saillante, pas de décolleté provocant. Olenka ressemble à une petite fille bien sage.

– Bonjour, Monsieur Cordal, me lance-t-elle avec une courtoisie qui me déplait.

Le ton est poli mais distant, comme s’il ne s’était rien passé hier. Je sais bien que la présence de Samson ne lui permet pas une effusion de sentiments, mais elle aurait au moins pu s’abstenir d’ajouter « Monsieur Cordal », qui creuse un fossé entre nous. Résultat je me contente de répondre par un simple « bonjour » sans fioriture.

Depuis que nous sommes partis, la conversation se déroule sans Olenka. Calée à l’arrière, elle ne prononce pas une parole. Je m’interroge sur sa présence dans la voiture, et de l’absence de Fleur de Lotus par la même occasion. La langue me démange, je voudrais poser la question, mais je me retiens. Inutile de risquer de provoquer Samson.

Nous nous enfonçons dans la forêt. Tiens, nous passons devant le club hippique. Ça me remémore ma première rencontre avec Salamandre. La route se transforme en un chemin de terre, puis Samson arrête la Mercedes devant un grand mur de pierre, partiellement écroulé. Un portail rouillé semble ne pas avoir été ouvert depuis des siècles.

– Je vous présente La Noisetière !

Nous descendons tous les deux de la Mercedes Quant à Olenka, elle reste dans la voiture. Encore une attitude étrange ! L’agent immobilier pousse le portail et nous pénétrons dans la demeure.

– Au fil des ans, cette bâtisse fut tantôt un manoir, tantôt une ferme, commente Samson. Ce qui vous explique les différences d’architecture. Certaines parties sont très bourgeoises, d’autres plus rustiques ? Regardez, par exemple, de ce côté, le grand escalier de marbre et de l’autre des bâtiments fonctionnels qui devaient servir d’écurie, d’étable ou de poulailler.

Nous visitons tout. Une partie du manoir est en parfait état, immédiatement habitable, mais pour le reste, des travaux sont impératifs. Il n’empêche que je suis conquis. L’endroit est idéal pour écrire. Le calme, les bois de noisetiers sans doute à l’origine du nom de la demeure, l’atmosphère, le chant des oiseaux... Quel cadre enchanteur ! Il n’y a que le prix qui ne soit pas attractif. Mais je me fais fort de le diminuer. Samson ne m’aura pas à ce tarif.

– Trop cher ! La maison est parfaite, mais trop chère !

Je n’en dis pas plus et j’attends la réaction du vendeur qui va certainement me proposer un premier rabais.

– Je ne baisserai pas le prix, Monsieur Cordal, m’annonce-t-il sur un ton grave. Mais j’ai pensé à un arrangement qui devrait vous intéresser.

S’il s’imagine me convaincre, il se trompe. Je suis toutefois curieux d’entendre sa proposition.

– Je vous demande un instant, poursuit-il.

Il rouvre la porte et fait un pas à l’extérieur. Je le vois agiter la main en direction de la Mercedes. Il a aiguisé ma curiosité. Je regarde à travers la fenêtre. Le signe était destiné à Olenka. J’aperçois la femme descendre de la voiture et s’approcher de la maison. Je découvre ses autres vêtements : jean, baskets, qui se marient très bien avec le chemisier rose et ses beaux cheveux blonds. Une silhouette de petite fille sage qui tranche avec son style de la veille, mais que j’apprécie tout autant. Elle pénètre dans la pièce, s’avance près de Samson et se campe à côté de lui, toute droite, sans dire un mot. Elle a un regard absent et montre une attitude de soumission totale à l’égard l’agent immobilier.

– Alex, reprend Samson, vous permettez que je vous appelle Alex, Monsieur Cordal. Je ne vous présente pas Olenka, vous la connaissez. Je possède cette jeune femme depuis bientôt un an. Vous avez pu vous rendre compte hier de ses talents et de ses prédispositions masos.

Fait-il simplement allusion à la séance d’équitation avec Elvine ? J’ai quelques doutes. Je vais le laisser continuer, je verrai bien. En tout cas le vocabulaire employé est sans équivoque, Samson est bien le “propriétaire” d’Olenka.

– Cela va peut-être vous surprendre, continue-t-il, mais Olenka m’ennuie. Au début, j’appréciais ses besoins, voire ses excès, en matière de masochisme. Mais aujourd’hui, ça m’agace. Elle est trop soumise, elle n’a aucune initiative, elle accepte tout. Au bout d’un moment, c’est lassant.

Mais comment peut-on se lasser d’Olenka, ai-je envie de répondre !

– Il lui faudrait une existence comparable à celles des héroïnes de vos livres, Alex. Qui mieux que vous pourrait la lui donner ? C’est pourquoi, je vous propose de vous vendre Olenka ! Et en plus, pour rien ! Pour rien du tout. Vous m’achetez le manoir au prix annoncé, et vous repartez avec Olenka en prime !

Je ne suis pas du genre à m’émouvoir, mais je dois reconnaître que là, pour une fois, je suis secoué. D’abord par la surprise, ensuite par l’originalité de la proposition. Je ne sais plus quoi dire tellement je suis troublé. Je me contente d’un :

– C’est que...

Puis je m’arrête. Je regarde Olenka. Et elle, qu’est-ce qu’elle en pense ? L’expression de son visage ne m’aide pas. Toujours la même absence, la même indifférence ! De toute façon, en moins de vingt-quatre heures, j’ai appris à connaître ce couple étrange. Elle ne dira rien, n’émettra aucun avis en présence de Samson. Alors Alex, vas-y fonce ! Accepte ! Tant pis pour la négociation du prix du manoir. Tu as l’occasion unique de t’approprier Olenka, accepte !

Je m’apprête à prononcer enfin quelques paroles censées quand je suis arrêté par Samson qui semble vouloir aller au bout de son argumentaire :

– Alex, reprend-t-il. J’ai l’habitude de tout dire en affaires, et je vous dois une dernière explication.

Ça y est, cette fois, il va enfin m’avouer qu’il est au courant pour hier soir, ou alors c’est au sujet du manoir, un vice caché, ou un problème de dernière minute.

– Ça concerne Olenka, annonce-t-il. Elle possède une petite particularité physique.

Il s’arrête un instant, puis ordonne à la jeune femme :

– Quitte ton haut ! Et assieds-toi sur cette chaise.

Obéissante, Olenka tire son chemisier hors de son jean, le déboutonne et le retire. Puis elle passe les deux mains dans le dos et dégrafe son soutien-gorge qu’elle ôte et pose sur la table. Les seins qui me font tant fantasmer s’exhibent tels deux obus provocateurs. Olenka va ensuite s’asseoir, buste nu, sur la chaise de paille que lui a désignée Samson. Ce dernier se place derrière elle, glisse une main sous un des deux seins qu’il soupèse un instant.

– Ce sont de belles pièces, n’est-ce pas, me dit-il fièrement. Mais le plus étonnant, c’est ça ! Regardez ! LIRE LA SUITE

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