Femmes, je nous aime

vendredi 20 avril 2007
par  Christine Arven
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C’est au moment même où les doigts de Thierry se posèrent sur son clitoris que Juliette, à la faveur d’un mouvement dans la foule des danseurs qui avaient envahis la piste, découvrit la jeune femme brune qui ondulait lascivement, les yeux fermés aux rythmes syncopés de la musique. Alors que les doigts de Thierry continuaient, insistants, leur lente exploration, faisant naître en elle un sensuel émoi, Juliette fixa, subjuguée, la longue silhouette qui se mouvait au centre de la piste comme étrangère à ceux qui l’entouraient. Etrangement présente et absente à la fois. Les yeux de Juliette glissèrent le long de l’arrondi des hanches qui se balançaient souplement d’avant en arrière mimant les remuements voluptueux d’une copulation, remontèrent jusqu’aux seins lourds et fermes qui semblaient doués d’une vie à eux sous le fin tissu de la courte robe qui moulait étroitement le corps ne laissant nul doute quant à l’absence de tout sous—vêtement.

A chaque mouvement, la robe remontait le long des jambes découvrant les cuisses fuselées jusqu’à l’arc sombre et invisible qui se dérobait aux yeux pourtant avides de Juliette mais dont elle pouvait sans peine imaginer la suave et exquise douceur. Un gémissement de désir exacerbé s’échappa de ses lèvres alors que Thierry qui pendant ce laps de temps n’était pas resté inactif, accentuait le mouvement de ses doigts fureteurs maintenant profondément enfoncés dans son vagin et, qu’au même moment, dans un geste d’une troublante sensualité la jeune femme, insoucieuse de la charge érotique qu’exhalait son corps et son visage, rejetait en arrière sa tête, faisant virevolter autour de son visage à l’ovale parfait sa longue chevelure brune tout en faisant glisser ses mains le long de la pente affolante de son ventre jusqu’au triangle renflé de son pubis. Elle ouvrit alors ses yeux, des yeux d’un bleu intense et lumineux et, fortuite coïncidence ou effet recherché, les planta effrontément dans ceux polarisés de Juliette tout en insinuant, avec une impudicité affolante, son index à l’orée de sa fente. Juliette ressentit une décharge électrique la transpercer de part en part et remonter le long de sa colonne vertébrale quand les yeux de l’inconnue s’arrimèrent aux siens et un soupir s’exhala de ses lèvres entrouvertes alors qu’entre ses cuisses jaillissait maintenant, en un flot abondant, son désir.

Tout en continuant à se déhancher langoureusement, la jeune femme commença à traverser la foule des danseurs et, la gorge serrée d’émotion, le ventre bouleversé, Juliette la vit s’avancer vers leur couple, ses yeux toujours accrochés aux siens. Thierry, inconscient de l’avancée féline de la jeune femme, s’accroupit entre les jambes largement écartées de Juliette et sa langue gourmande prit le relais de ses doigts en une caresse dont il savait Juliette particulièrement friande. Une fois tout près du couple, la jeune femme s’immobilisa et son corps repris son balancement érotique dans une danse d’une torride sensualité. Juliette les yeux braqués sur la jeune femme sentit une première onde de plaisir la traverser sans qu’elle sache véritablement si c’était les attouchements experts de la langue de son compagnon ou le tangage lascif de l’inconnue qui en était l’origine. Juliette fixait, presque hagarde, la jeune femme dont les mains dessinaient les courbes voluptueuse de son corps, se saisissaient du globe de ses seins dont Juliette devinait, à travers le mince tissu, les pointes fièrement érigées et les tendaient, tentatrice, vers elle clouée dans le sofa par la bouche de Thierry arrimé à son clitoris. Juliette se mit à haleter de plaisir et, dans un geste incontrôlable, alors que la jeune femme laissait tomber sa main droite à la hauteur de son ventre avant de l’insinuer entre la fente de ses cuisses en une caresse d’une époustouflante impudicité, tendit les mains vers elle dans le vain dessein de la toucher. Mais, au lieu de s’avancer, l’inconnue eut pour la première fois un sourire empreint d’une douce espièglerie avant de reculer et, sans que Juliette ne puisse rien faire pour la retenir, s’évanouit dans la foule. Tétanisée, Juliette sentit une houle de frustration la traverser mais Thierry continuait au creux de son corps son minutieux travail de succion et soudain, elle sentit la jouissance monter en elle et, le corps arqué, elle s’abandonna, en un long gémissement, au plaisir les yeux dilatés avec encore l’image de la jeune femme inscrite dans ses pupilles.

— Tu n’as pas soif ? demanda Juliette à Thierry après avoir repris ses esprits
— Non, ça va.
— Ben, moi si...
— Tu as toujours soif après..... Tu veux que j’aille te chercher quelque chose ?
— Non, je vais y aller. Je préfère…
— Ok. En attendant, je vais aller faire un tour dans les autres pièces voir un peu ce qui se passe.

Juliette se leva et se dirigea vers le bar non sans jeter autour d’elle des regards inquisiteurs dans l’espoir d’apercevoir l’inconnue qui l’avait tant troublée. Dans l’affirmative, se demanda—t—elle soudain indécise, aurait—elle le courage d’aller l’aborder ? Sans qu’elle puisse en démêler la raison profonde, elle, qui d’habitude savait faire preuve d’initiatives en la matière, n’en était en la circonstance rien moins que certaine ! Son regard s’attarda au passage sur les couples ou trio voire plus...affalés dans les canapés dans des positions des plus suggestives comme cela est coutumier dans ce genre d’établissement où elle et Thierry avaient l’habitude de venir « s’encanailler » comme ils se plaisaient, tendrement complices, à le dire. Pourtant, contrairement, à ce qu’elle ressentait habituellement, la vision de ces corps étroitement imbriqués ne suscitait pas en elle l’émotion habituelle. Elle avait toujours devant les yeux la silhouette de l’inconnue qui décidément, à son grand dam, restait invisible. « Allons, ma grande, se morigéna—t—elle en silence, un peu de calme. Tu ne la connais même pas et si ça se trouve ce n’est qu’une allumeuse qui est déjà partie…. et puis elle doit avoir ... quoi ?... 25 ans ou guère plus... très jeune et toi.... » C’est vrai que Juliette avait atteint cet âge où, la quarantaine bien sonnée, il est convenu d’admettre que « l’avenir était plutôt derrière elle ». Pourtant, malgré les années, les expériences, nombreuses, elle était loin d’être blasée. Elle sentait toujours battre en son cœur des émois de midinettes qui la faisait vibrer et divaguer (son coté « fleur bleue » comme le lui disait avec un amusement un peu inquiet son amie Charlotte) et était toujours prête à goûter à de nouvelles aventures quitte, parfois, à en souffrir. « La vie est trop courte, avait—elle l’habitude d’affirmer, pour qu’on passe à coté des plaisirs qu’elle offre… » Et dieu sait que Juliette avait goûté et regoûté avec un appétit insatiable et une curiosité toujours à l’affût à ces plaisirs multiples et délicieux….

Alors qu’elle faisait signe au serveur, elle entendit soudain derrière elle une voix féminine lui murmurer dans le creux de l’oreille « bonsoir ». Le cœur de Juliette fit un bond dans sa poitrine. Nul besoin pour elle de se retourner pour savoir à qui la voix appartenait.

Elle tourna lentement la tête et ses yeux furent happés par la luminescence azur des yeux de la jeune femme qui l’avait tant émue.

— Bonsoir, répéta celle—ci un peu plus fort afin de couvrir le fracas de la musique, moi c’est Léa. Et toi ?
— Juliette, lui répondit—elle machinalement tout en se demandant ce que cette femme avait de particulier pour tant l’émouvoir.

Si Juliette n’était pas hostile, loin de là, à des relations saphiques, elle n’en était pas moins fondamentalement hétéro. La douceur des femmes l’attirait certes et elle prenait un plaisir certain à sentir un corps féminin se presser contre le sien, mais cela consistait plus pour elle en une gourmandise qu’elle s’octroyait de temps en temps qu’à un réel besoin. Là, alors qu’elle buvait littéralement Léa des yeux, elle sentait croître en elle un désir tel que, jusqu’à présent, seul un homme avait pu susciter.

— Tu viens souvent ici ? lui demanda Léa tout en se penchant, afin de se faire entendre malgré le martèlement sourd de la musique, plus près de Juliette qui fut parcourue d’un délicieux frisson en sentant le souffle de la jeune femme s’insinuer au creux de son oreille.

Juliette sentit les effluves du parfum mélangé à l’odeur plus acide de la sueur qui émanait du corps de Léa lui chatouiller ses narines et, brièvement, geste qui ne passa pas inaperçu au regard acéré que Léa portait sur elle, elle ferma les yeux comme pour mieux s’imprégner de cette odeur exquise qui enflammait ses sens.

— Oui, assez souvent. J’aime bien cet endroit. Les gens sont sympas.... On a nos habitudes...
— Moi c’est la première fois.... C’était ton mari tout à l’heure ou un ami de passage ? l’interrogea effrontément Léa insoucieuse de toute discrétion
— Mon mari.
— C’est sympa de venir avec son mari...
— Oui, c’est vrai.
— Moi, je ne suis pas mariée, fit Léa tout en plantant son regard dans celui de Juliette
— Tu es jeune... tu as le temps...
— Non,... ce n’est pas pour cela.... je n’aime pas les hommes.
— Ah... souffla Juliette le souffle soudain court. C’est une bonne raison...
— Tu me plais....
— Ah !, ne sut que répéter Juliette qui, plus troublée qu’elle ne voulait le laisser paraître, se sentait soudain perdre pied devant l’ingénue effronterie de Léa.

Mais bon dieu ! que lui arrivait—il à perdre ainsi ses moyens devant une jeunette qui avait à peine la moitié de son âge ? Du calme, s’exhorta—t—elle une nouvelle fois tout en sachant que le combat était perdu d’avance. Elle connaissait trop ce qui se passait en elle pour savoir qu’elle ne saurait résister à la tentation. Ce n’était qu’une question de temps et d’opportunité. Mais connaître cette urgence des sens avec une femme ! Ça c’était une première qui la laissait complètement déboussolée.

— Beaucoup...., insista Léa en se rapprochant encore davantage de Juliette dont le cœur se mit soudain à tambouriner au fond de sa poitrine en sentant les seins de l’inconnue se presser contre le siens.
— Ah bon.... c’est bien..., s’entendit—elle répondre en songeant qu’elle était d’une nullité absolue. « Tu pourrais quand même trouver quelque chose de plus original à dire. Mais quoi ? Qu’elle te plaît tout autant ? Que tu meurs d’envie de la toucher ? Pas possible... »
— Ca te dirait qu’on se voit plus tranquillement ?
— Maintenant ?
— Non. Pas ici... que nous deux....
— Pourquoi pas, répondit Juliette qui sentit l’effervescence exquise qui agitait son ventre entrer en ébullition à cette perspective.
— Tu es libre demain ?
— Demain ? Oui... Enfin…. en tout cas je peux me libérer...
— 15 h, 175 Avenue du Parc. J’habite au dernier étage, porte de gauche. Je t’attendrai. D’accord ?
— D’accord, fit Juliette tout en se disant qu’elle perdait toute raison d’accepter aussi facilement l’invitation d’une inconnue.
— Alors, à demain....

Dans un élan qui surprit Juliette, Léa se pencha vers elle, prit son visage en coupe entre ses mains et déposa un rapide baiser à l’angle de sa bouche puis, sans lui laisser le temps de réagir, la jeune femme s’éloigna et se perdit dans la foule. LIRE LA SUITE

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