Secrets interdits

dimanche 7 novembre 2004
par  Christine Arven
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Monsieur,

Je vous écris cette lettre que sans doute je ne vous enverrai jamais. Mais qu’importe !

Les mots se pressent, s’agitent, veulent être dits, au moins une fois, haut et fort. Ineffable supplice, à chaque jour recommencé, que vous m’infligez en m’obligeant à me taire alors que les mots, de toute leur force, voudraient se libérer de ce carcan que vous leur imposez . Alors je vous écris.... Je m’écris.

Hier soir, quand nous nous sommes quitté, un moment j’ai eu la tentation de vous retenir, me jeter à vos genoux et laisser jaillir hors de moi, enfin libérés, ces mots qui m’oppressent et qui voudraient voler vers vous Mon Maître. Mais ai-je le droit de dire « Mon ». Si je suis vôtre , si la plus infime parcelle de mon être est à vous, êtes-vous Mien ? Pardonnez-moi cette outrecuidance de langage qui n’a d’autre excuse que l’amour que je vous porte. Vous êtes « Le Maître ». Vous êtes « Monsieur ». C’est ainsi qu’il convient que je vous nomme. Même si parfois, en ces rares moments où vous laisser poindre votre tendresse et me prenez dans vos bras en me murmurant des mots d’apaisement, récompense ultime pour moi après l’épreuve, vous m’autorisez à vous nommez « Dom ». Abréviation de votre prénom, bien sûr, mais qui traduit si bien, magie des syllabes, celui que vous êtes pour moi. Le DOMinateur de chaque instant de ma vie.

Je vous ai regardé un moment, osant pour une fois lever les yeux vers vous malgré votre interdiction formelle et je me suis demandé durant un fugitif instant pourquoi je vous désirais si fort. Question stupide qui n’a aucune réponse si ce n’est cette sensation brûlante qui m’envahit quand vous vous approchez de moi et qui me donne l’impression que mon sexe s’embrase et que mon esprit s’annihile dans le votre.

Je vous ai regardé. Vous étiez sur le pas de la porte, me donnant vos dernières instructions. Si droit, si fier. Si beau dans votre dédain. Dans vos yeux brillait encore la flamme sauvage qui s’y était allumé alors que je m’abîmais, l’esprit en déroute et le corps affolé de sensations, dans la jouissance suprême. Des perles de sueur perlaient à votre front, témoin des efforts que vous aviez déployé pour faire vibrer mon corps. Dans ma bouche, j’avais encore le goût suave de votre sperme dont vous l’aviez inondé. Vous aviez encore entre vos mains, la cravache que, il y a un instant à peine, vous aviez abattu, avec la sauvagerie tendre qui vous est propre, sur mon dos que j’offrais avec délice à ce supplice ensorcelant. Coups de poignard qui m’a transpercé le ventre au souvenir de la brûlure des coups dont vous aviez daigné m’honorer qui avaient lacéré mon corps consentant et frémissant. Signes tangibles et irréfutables de votre amour pour moi qui me permettent de vous donner, au travers de mes cris et de mes larmes, l’infinie fierté de me faire jouir sans limite. Vous me frappez et mon corps exulte. La souffrance n’est rien. La souffrance est tout. Elle est nulle part et partout. Elle est un pont entre nous qui nous permet de nous rejoindre. Elle est source de joie et de bonheur. Mes gémissements sont des plaintes de jouissance. Mes cris, des cris d’amour. Mes larmes sont la source à laquelle s’abreuve notre union. Mystérieuse alchimie où la douleur donnée et reçue devient plaisir. Où l’humiliation, ressentie et infligée, devient amour.

Mon cœur s’est mis à battre. Si fort que j’ai eu l’impression qu’il résonnait dans toute la pièce. Le désir que je croyais apaisé et repus a de nouveau rejaillit avec une violence qui m’a fait tituber. Oui, j’aurais voulu oser me jeter à vos pieds, bravant votre colère, et vous supplier de ne pas me laisser. Je me sens si incomplète quand vous n’êtes pas à mes cotés, dirigeant chacun de mes gestes. Chacune de mes pensées. Chef d’orchestre de mon désir et de mes plaisirs. Avez-vous pressenti mon trouble et l’imminence de mon aveu ? Sans doute. Vous vous êtes brusquement détourné et êtes parti rapidement. Avez-vous eu peur que je lise dans vos yeux le même aveu qui pour vous, pour moi, serait signe de faiblesse ? Ce que je ne saurais vous pardonner. Nous naviguons dans les non dits. Le non formulé. Vous êtes le Maître, je suis votre soumise. Je vous dois obéissance. Vous me devez autorité. Je vous veux fort et puissant. Vous me voulez docile et désarmé. Nous sommes amants mais cela ne sera jamais dit. LIRE LA SUITE

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