Possession

samedi 17 avril 2004
par  Christine Arven
popularité : 1%
3 votes

.....Maître je ne suis pas de ses apparitions,
Et me suis fait l’esclave de la voix qui me hante.
Le souffle court j’invoque la nouvelle possession
Qui me délivrera de cette longue attente.
Même si je sais qu’au fond ce n’est rien qu’une voix,
Je ne puis m’empêcher d’implorer sa venue.
Mon désir enflammé pose l’esquisse d’un nu
Dans la fresque sonore où je plonge et me noie.
La voix
Album « Crises de lucidité » Eros Necropsique

Gamine, je rêvais du prince charmant qui viendrait m’enlever sur son fier destrier et me chérirait et me protègerait toute notre vie durant. Un homme fier et solide à qui je ne pourrais résister et qui serait pour moi à la fois le père que je n’ai jamais eu, l’époux attentionné et l’amant fougueux. Déjà, je me voyais avec lui bravant mille dangers et vivant une vie aventureuse protégée par notre amour.

Les années passant, mes ambitions se sont amoindries. Le prince charmant sombre et ténébreux est devenu un simple mortel et peu à peu je me suis caparaçonnée dans une cuirasse qui me protégeait de la froide réalité du quotidien qui n’a rien à faire des princes charmants. La femme fragile de mes rêves de gamine est devenue une femme déterminée et indépendante. Autonome et faisant fi de toutes contraintes. Une femme fière de sa liberté qui n’était en fait qu’un paravent jeté entre la réalité et les rêves déçus de la jeune fille qu’elle avait été.

Pourtant je me languissais, dans le secret de mon cœur, de mon prince charmant qui viendrait, enfin, me délivrer de mes fades amourettes qui n’étaient que feux de paille vite éteints alors que je rêvais d’incendies incandescents qui m’embraseraient toute entière. Mais cela était toujours pareil. L’homme arrive sûr de lui, de son pouvoir. Etreintes éphémères. Sa queue en moi qui s’immerge au fond de mon vagin. Quelques cris qui le rassurent dans sa virilité. Et puis... rien.....

Alors je me suis inventée un monde à moi emplie des fantasmes les plus fous et les plus improbables. Je m’inventais au gré de mes rencontres des histoires d’amour fou et débridé que je gardais soigneusement cachées. Combien d’hommes m’ont ainsi accompagnée sans se douter qu’ils jouaient le rôle d’un héros. Je les sentais venir sur moi, m’écraser de leur poids. Alors je fermais les yeux et je m’imaginais écartelée, violée, hurlante de désir.

Les années ont passé et aucun fier cavalier n’est venu m’enlever à la triste routine qui engluait mes jours et mes nuits. Je restais libre. Désespérément libre. Esclave sans maître. Pourtant ce héros existait qui saurait me délivrer de moi.. De cela j’étais persuadée. Peut-être celui-là sera-t-il assez fort ou bien cet autre ? Mais chaque fois le rêve vole en éclat et la réalité me ramène sur terre.

J’ai aujourd’hui passé la cinquantaine et si je n’ai toujours pas trouvé mon héros, il vit malgré tout en moi. Je lui ai donné, à force de constance et de persuasion, une existence. Il vit à travers le regard que portent sur moi tous ces hommes à qui je me donne. Celui-là a sa prestance. Cet autre son autorité. Ce troisième sa tendresse et celui-ci enfin sa violence. Je continue inlassable ma quête impossible et me fourvoie dans des chemins sans issue. La rage me gagne. Je me hais pour ce rêve absurde que j’ai chevillé au cœur. Alors, pour me punir, je m’aventure dans des contrées étranges. Je deviens celle que je ne suis plus. Celle que je n’ai jamais été et ne serais jamais. La soumise, l’esclave.

Pour parfaire l’image de la parfaite soumise, j’épile mon corps ôtant soigneusement toute pilosité disgracieuse. Je dis épiler et non raser. Malgré la douleur que cette opération suscite surtout lorsque j’atteins les la zone ultra sensible de mes petites lèvres et encore plus peut-être la peau fripée qui entoure mon anus, elle seule permet de conserver à ma peau toute la douceur que je juge indispensable. Minutieusement, une fois par semaine, je fais passer sur mon corps l’épilateur arrachant sans aucune pitié le moindre petit poil. Pour être certaine du résultat, je m’assieds jambes grandes ouvertes devant le grand miroir de ma chambre, une lampe dirigée vers mon sexe et inlassablement je promène l’épilateur sur mon sexe, étirant bien la peau pour atteindre les moindres recoins où pourrait se cacher un poil. La peau de mes aisselles et de mon sexe est ainsi aussi lisse qu’au jour de ma naissance. Je passe parfois sur moi une main hésitante m’émerveillant de la douceur troublante de ma peau que j’amplifie encore à l’aide de crème onctueuse et parfumée. Mon corps ainsi dépoilé est vraiment nu. Vulnérable. Sans plus rien pour le protéger et le cacher. La fente de mes lèvres bien dessinée entre mes cuisses. Flèche magique qui indique sans ambiguïté le passage vers l’antre humide de plaisirs ineffables. Je me regarde ainsi dans le miroir qui me renvoie l’image ambiguë d’une femme aux formes pleines et opulentes mais au sexe glabre d’une enfant. Sur mon épaule gauche, j’ai, tatoué, une salamandre dont la queue ondulante se love sous mon aisselle et dont le corps est formé d’un masque. Ce masque derrière lequel j’avance cachée et pourtant découverte. Mes seins sont percés. Une tige d’argent transperce mes mamelons rendant plus émouvante leur tendre fragilité. Parfois, j’orne la tige d’un anneau crénelé qui sertit mes tétons fièrement érigés. Je vais ainsi l’été à la plage, exhibant sans aucune honte ni pudeur mon corps orné de ces marques de soumission que je m’impose et qui attirent irrésistiblement les regards. Regards curieux et intéressés des hommes. Regards désapprobateurs des femmes. Mais je m’en fous. Je suis à qui veux me prendre. Corps disponible. Corps qui veut jouir. Corps à prendre.

Libre de mes jouissances et maîtresse de mes plaisirs, je me donne à qui je veux. Ils me prennent pensant me dominer. Moi, je ne veux rien d’autre que l’exaspération d’une impossible domination qui sans cesse se refuse à moi.

Je multiplie les aventures passant allègrement et sans aucun remords d’un à l’autre. Je me laisse enchaîner, lier, humilier. Je me plie à leur désir de brute. Consentante et soumise. Ils me prennent par tous mes orifices que je leur offre sans vergogne, usent de ma bouche comme d’un réceptacle à leur jouissance dont je me délecte. Allez, usez et abusez de moi. Je suis votre chienne, votre pute, votre amante. Je suis une salope lubrique. LIRE LA SUITE

Retrouvez ce texte ainsi que de nombreux autres dans le livre (papier ou téléchargement) : Sous le fouet du Plaisir






ZONE ABONNES L’abonnement vous permet :
- d’enregistrer et d’imprimer les textes publiés,
- d’avoir accès à certains récits dont la teneur ne permet pas une large publication,
- d’accéder à la galerie photos privée de RdF.

Entrez votre pass abonné

Commentaires

Logo de Henic
samedi 25 novembre 2023 à 10h15 - par  Henic

La personne qui livre son mal-être, semble-t-il présent en elle depuis longtemps déjà, cherche à se délivrer d’une souffrance ontologique.
Le moyen choisi - la souffrance dans la soumission - paraît efficace, ainsi qu’en témoigne la dernière phrase : « Je me relève sereine. Le corps rompu et fourbu. Mille élancements me transpercent. Je suis bien. Enfin libre. »

Cependant, tel une drogue, il faut y revenir, plus ou moins régulièrement, à plus ou moins forte dose. Ce n’est donc pas la panacée, loin de là : vouloir corriger l’âme en maltraitant le corps n’est donc pas un moyen efficace. Pas plus d’ailleurs que ne l’est la fessée du père si elle ne s’accompagne pas de l’amour qu’il porte à son enfant.

L’amour est le vrai remède aux maux de l’âme, efficace et, au bout du compte, enthousiasmant. Mais c’est un remède exigeant, qui n’agit qu’à condition de se soumettre à sa posologie : permanence, durée, plus ou moins grandes exigences de tous les jours... Et volonté de vivre également dans la vérité selon l’adage : « la vérité vous rendra libre ».