Le manoir

jeudi 12 juin 2003
par  Christine Arven
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Il est 17h. je suis place Castellane, en plein cœur de Marseille, devant la bouche de métro ainsi que G.... me l’a demandé. Le mot « exigé » serait d’ailleurs plus exact. G... ordonne et je lui obéis. Dans ces conditions, émettre la moindre objection, inutile même d’y songer. Je n’ai en ai d’ailleurs aucune envie et me complaît dans cette dépendance à laquelle il me soumet.

Je connais G... depuis ce soi-là, il y a maintenant deux mois, où le hasard nous a fait nous rencontrer sur un chat. Les premiers préliminaires relativement sages passés, le temps nécessaire pour nous jauger et faire connaissance, nous sommes rapidement passés à des choses plus précises nous dévoilant mutuellement et sans fausse pudeur nos véritables envies. Je lui ai avoué être attirée depuis longtemps par la soumission mais n’avoir encore, à mon grand regret, jamais véritablement connu cette sensation d’abandon total dont je rêve. Lui m’a confié son désir de domination.

Si, pendant quelques temps nous nous sommes satisfaits de nos échanges virtuels puis téléphoniques qui nous ont donné permis de connaître nos premières émotions charnelles, nous nous sommes en fait rapidement rencontrés, lui comme moi préférant de loin les amours réelles aux émois purement virtuels somme toute assez frustrants. Ensemble, au fil de nos rencontres, nous avons explorés, pour notre plus grand bonheur, les méandres tourmentés mais palpitants de nos désirs contraires mais convergents, nous aventurant chaque fois plus profondément au cœur du désir.

Jusqu’à maintenant, je me suis soumise sans difficulté à ses moindres caprices prenant plaisir à lui octroyer un pouvoir total sur moi. D’utiliser mon corps au gré des ses envies. De m’humilier verbalement me traitant de salope, de chienne, de garce ce que je deviens quand je suis avec lui. Ma seule exigence à son égard étant justement qu’il n’ait aucun égard pour moi. Seule façon pour moi de me permettre d’outrepasser mes limites physiques et psychologiques. N’être plus entre ses mains expertes, si douces et si dures, qu’un objet, une femme-objet, dont il peut user. Il m’a ainsi fait atteindre des jouissances fulgurantes et intenses. Nous sommes ainsi allés assez loin dans l’exploration de nos plaisirs, il n’a, toutefois jusqu’à aujourd’hui jamais abusé de son pouvoir. Mais je sais que ce n’est qu’un répit qu’il m’octroie, jouant sur mon impatience et mes craintes qui sont réelles.

En cette chaude fin de cet après-midi d’été, je l’attend donc habillée d’une fine robe au tissu translucide. Comme il me l’a ordonné, je ne porte pas de slip et je me sens comme nue. Sans que je sache vraiment pourquoi, rien dans son attitude le laissant vraiment supposer, j’ai ce soir en l’attendant une légère appréhension. J’ai l’intuition informulée et diffuse que les choses entre nous vont changer et que nous allons aborder une nouvelle étape dans nos relations. J’ai l’intuition que ce soir une frontière va être franchi et je me demande si je serai capable, si j’aurai la force nécessaire de le suivre là où il veut m’emmener. J’appréhende de le décevoir.

Pourtant, il m’a donné rendez-vous comme il est accoutumé à le faire. Un texto laconique sur mon téléphone m’indiquant l’heure et le lieu. Pas de signature. Pas de mots tendres. Parfois une précision sur la tenue qu’il souhaite me voir porter ou les objets dont il veut que j’orne mon corps : plug, pinces sur mes seins ou sur mon clitoris, god.... A moi de me rendre disponible à l’heure dite. Je sais pour l’avoir éprouvé durement ce qu’il m’en coûte d’arriver en retard. Faute impardonnable à ses yeux qu’aucune circonstance ne peut justifier. Je ressens encore sur mes épaules la brûlure de la badine en cuir souple qu’il a abattue à vingt reprises sur mon dos en guise de punition méritée bien sûr pour être arrivée en retard, m’interdisant, sous peine de voir augmenter le nombre de coups, la moindre plainte.

Il est 17h15 quand sa voiture s’immobilise devant moi. D’un signe de tête, il me fait signe de monter dans le véhicule qui prend la direction de l’autoroute Est. Pendant le trajet nous discutons tranquillement de choses et d’autres comme un couple tout ce qu’il y a de plus banal. J’ai très envie de le lui demander où il m’emmène ce soir, en savoir davantage et je dois faire un effort sur moi-même pour ne pas l’interroger. Il a conscience de ma curiosité car je le vois, de temps à autre, glisser vers moi un regard pétillant de malice. Finalement il condescend à me dire que nous sommes invités chez des amis à lui.

— Des amis ? Je les connais ?

— Tu verras.... N’en demande pas plus.

Je me résigne. Inutile d’insister, il ne m’en dira pas davantage. Nous atteignons le péage d’Auriol. A peine le péage passé, il me tend un masque et me demande de m’en ceindre les yeux.

— A partir de maintenant, la soirée commence. Tu sais ce que cela signifie.....

Je le sais oui. A partir de cet instant, il est mon Maître et je dois me comporter en tant que sa soumise. Notamment interdiction pour moi de le tutoyer ou de l’appeler par son prénom. A partir de cet instant il prend le contrôle de mon corps et mes pensées et je n’ai plus le droit de vouloir quoique ce soit si ce n’est le satisfaire et lui obéir. A chaque foi, quand nous basculons ainsi dans l’univers de nos fantasmes, j’éprouve au fond de moi une secrète exaltation qui a pour effet immédiat de faire jaillir au creux de mon corps une humidité sans équivoque. Cette fois-ci cette exaltation est assortie d’une sourde angoisse qui me noue plus que d’habitude le ventre et qui la rend d’autant plus prégnante. Mes sens sont en éveil et je suis fébrile. J’essaye, en vain, malgré l’obscurité qui m’environne maintenant, à me repérer. Je me dis que je suis complètement inconsciente de me jeter ainsi, tête baissée et sans y avoir trop réfléchi, dans une aventure qui risque de m’échapper, qui va très certainement m’échapper. En définitive je le connais très peu. Mes pensées sont brusquement interrompues lorsque la voiture ralentit et s’engage sur un chemin caillouteux. Nous cheminons un moment maintenant dans un profond silence. De toute façon, ma gorge est trop nouée pour que je puise émettre le moindre mot. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine et ma respiration s’accélère. Des amis, qu’est-ce que cela signifie... La question tourne et retourne inlassablement dans ma tête....

La voiture s’immobilise enfin. Je reste assise sur mon siège, les yeux toujours bandés, figée. G.... sort de la voiture. Je suis maintenant seule. J’hésite sur ce que je dois faire mais G... ne m’a rien dit, je préfère donc rester à l’attendre. Les minutes s’étirent. Interminables. Un profond silence m’entoure seulement déchiré par la stridence des cigales. Mon ventre se tord d’angoisse. Il m’a dit une soirée entre amis... manifestement, il ne s’agit pas d’une soirée entre amis telle que j’en ai l’habitude. Je ne suis jamais arrivée chez des amis les yeux bandés.....

Une idée me traversent brutalement. Je me remémore soudain certaines de nos discussions..... mais soudain j’entends des voix qui se rapprochent.LIRE LA SUITE




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