L’épreuve

dimanche 17 août 2003
par  Christine Arven
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Le cœur battant, je l’ai, malgré mon appréhension, de nouveau contacté. Lui qui m’a si fort humiliée la première fois que nous nous sommes rencontrés en me rabaissant au simple rang d’objet sexuel dont on peut user à sa guise et sans aucune considération comme s’il voulait mettre à l’épreuve ma détermination. Lorsqu’il m’avait enfin quittée le corps rompu et meurtri, je m’étais pourtant bien juré que jamais plus je n’accepterai un tel traitement qui m’avait donné le sentiment de perdre toute fierté et toute dignité.

Les jours qui ont suivi notre premier rendez—vous, j’ai, quoique j’y fasse, repensé à cette rencontre et, étrangement, le souvenir des gestes quoique douloureux et dégradants qu’il m’a fait subir sans que je puisse rien faire pour y échapper à l’instar d’un véritable viol, a éveillé en moi, contre toute attente, une faiblesse et une excitation à laquelle je n’ai pu résister. J’ai eu beau essayer de me convaincre du contraire, détaillant toutes les bonnes raisons pour ne plus le voir, rien n’y a fait. A mon plus grand étonnement force pour moi a été de constater que j’ai aimé cela, cet avilissement, et que j’ai envie de recommencer. Sa dureté. Son autorité. Sa brutalité à mon égard. Toutes ces choses qui me sont, dans la vie quotidienne, insupportables et intolérables, qui vont à l’encontre de mes convictions les plus profondément ancrées. Du moins, en apparence. Mais cela n’est—il pas en définitive un voile qui me permet de nier mes véritables pulsions qui me semblent inavouables et honteuses à accepter ? Jamais encore, alors qu’il me soumettait à sa loi de mâle dominant, je n’ai éprouvé aussi intensément un orgasme comme si toutes mes sensations avaient été portées à leur paroxysme m’emportant dans un maelström d’émotions bouleversantes. Jamais encore mon corps n’avait réagi aussi intensément et n’avait été dévasté par un tel plaisir jailli du plus profond de mon être.

Etrange la frontière où le désir de l’un naît de la soumission de l’autre, où le plaisir jaillit de cette domination imposée et pourtant librement consentie. Contradiction magnifique. Je ne comprends pas encore vraiment ni le pourquoi, ni quel est le cheminement mais c’est un fait irréfutable auquel je ne peux me soustraire, j’ai envie de connaître à nouveau ces sensations nouvelles et grisantes. Et le lui ai dit....

*****

Il est donc de nouveau devant moi dans la même chambre d’hôtel un peu sordide. Je pose mon sac, me retourne vers lui, indécise. De nouveau, mon côté raisonnable tente timidement de reprendre le dessus et, intérieurement, je me traite de tous les noms d’oiseaux et autres dont je dispose pour m’être remise dans cette situation qui, il faut bien le dire, m’emplit de crainte.

— Qu’est—ce que tu attends pour te déshabiller ? me dit—il brusquement sans autre préambule.

Sans un mot, je m’exécute disposant soigneusement, un peu fébrile, mes vêtements sur le cintre. Je me retourne vers lui. Il est appuyé contre la porte de la chambre en train de fumer une cigarette. Je suis debout devant lui, complètement nue. Il m’observe un long moment sans rien dire. Je me sens méprisable dans cette position soumise, attendant le bon vouloir de cet homme qui me traite en pute.

— Montre—moi ce que tu as apporté ?

Docilement, je sors de mon sac la petite sacoche où j’ai enfoui god, plug, chaîne terminée par des pinces dont j’ai déjà testé, chez moi, la dureté, boules anales... Lorsque je me retourne vers lui, je vois que de son côté, il a sorti du sac qu’il a apporté des cordes, des pinces, un foulard, un martinet, des bougies. Je frémis devant cet étalage d’objets qui me sont tous destinés, anticipant les sensations que je vais éprouver. La crainte que j’éprouve est comme un catalyseur et je sens le désir naître tel une flèche et me traverser le ventre.

— Approche. Tu te rappelles ce que tu m’as dit ?

Oh oui, je me rappelle. Mon cœur se serre au souvenir de ce que je lui ai avoué, demandé. J’étais alors à l’abri derrière l’écran de mon ordinateur et cela, semblait tellement plus facile. De simples mots. Un jeu abstrait. Alors que maintenant ces mots vont être transformés en gestes.

— Alors... Tu as changé d’avis ? Tu veux arrêter ? Mais faudrait savoir ce que tu veux...

— Non... je n’ai pas changé d’avis..., ma voix est faible, un simple murmure à peine audible.

— Tu es sûre ?

— Oui.....

— Redis—le moi alors.

Je lui en veux soudain violemment de m’obliger à cela, ultime humiliation qu’il m’inflige à me contraindre ainsi à lui avouer mes désirs inavouables. LIRE LA SUITE




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Commentaires

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jeudi 3 janvier 2013 à 14h14 - par  Henic

Décidément, Christine a le don pour éveiller les sens par les mots : c’est un vrai plaisir !