Domination

samedi 19 mars 2005
par  Christine Arven
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Milieu de l’après-midi c’est-à-dire l’heure ou la plupart des gens travaillent ou vaquent à leurs occupations quotidiennes. Nous, nous avons décidé de voler ces heures et nous les approprier. Nous nous sommes donné rendez-vous dans un hôtel de la périphérie de Marseille. J’y suis arrivé avant elle. Une façon pour moi, du moins c’est ce que je pensais, de dénouer le nœud d’anxiété qui me tord le ventre et retrouver un semblant de calme. Je n’aurais pas aimé, pour cette première fois, arriver après elle. Quoique en y repensant, l’obliger à m’attendre, n’aurait pas été finalement une si mauvaise idée. Quoi qu’il en soit, pour cette première fois, je suis arrivé le premier. Et c’est moi qui m’angoisse à l’idée que peut-être, après réflexion, elle a changé d’avis. Je guette sa voiture par la fenêtre de la chambre me tordant le cou pour apercevoir l’entrée du parking. Bien sûr, je ne la vois pas arriver et, quand j’entends toquer doucement à la porte de la chambre, je sursaute violemment. Elle est là. Devant moi. Habillée d’un élégant tailleur en lin crème qui met en valeur son corps aux formes voluptueuses que je rêve d’étreindre depuis si longtemps. Un moment, nous restons indécis un devant l’autre. Puis, je me décide et la prends dans mes bras. Je sens son corps souple s’alanguir contre le mien alors que je l’enlace étroitement. Nos bouches se trouvent sans s’être vraiment chercher et nous échangeons notre premier véritable baiser. J’ai comme un choc en sentant sa langue s’enrouler autour de la mienne et ses seins s’écraser contre ma poitrine. Soudain, je sens mes résolutions fondre. Désespérément, je me demande comment je vais bien arriver à faire ce que nous avons décidé. Trouverai-je en moi la force nécessaire de la contraindre, l’humilier, la blesser. Pour l’heure je n’ai envie que de la câliner. Difficilement, je me détache d’elle et lui ordonne de se dévêtir complètement. D’ôter la guêpière en fine dentelle, les fins bas de soie grège, les escarpins à hauts talons, tous ces atours qu’elle a soigneusement choisis, je le sais, pour me complaire et me séduire. Je la veux ainsi. Complètement nue. Sans aucun apprêts qui sont autant de défenses et d’obstacles. Complètement à ma merci dans la vulnérabilité de sa nudité alors que moi je reste entièrement vêtu. Elle paraît surprise par ma demande. Mais elle s’exécute sans un mot. Docile à mes désirs. Elle se déshabille lentement. Disposant soigneusement un à un ses vêtements sur le dossier d’une chaise. Comme à regret. Comme si elle voulait inconsciemment retarder l’instant où elle se retrouverait démunie et vulnérable devant moi. Je la regarde faire. Séduit par la grâce féline de ses gestes. Un moment, elle reste debout devant moi, ses mains ramenées en croix sur son pubis dans un futile geste de pudeur qui m’émeut plus que je ne le voudrais. Puis, à ma demande, elle s’accroupit au centre du lit, m’offrant le spectacle de son corps somptueux de femme dans la plénitude de sa maturité.

Son corps bronzé aux courbes plantureuses se détache bien sur le blanc immaculé du drap qui seul recouvre le lit. Les minces rayons de soleil qui s’infiltrent entre les interstices des volets clos, font chatoyer sur sa peau dorée des reflets irisés. Sa tête est enfouie entre ses bras. Ses reins sont cambrés. Ses fesses bien relevées et offertes. Ses cuisses légèrement entrouvertes me laissent deviner enfouie entre la fente sombre de son sexe parfaitement épilé le renflement pulpeux de ses lèvres. Je m’extasie sur la finesse de sa taille qui s’évase en corolle sur ses hanches larges avant de s’épanouir sur l’arche de ses reins et les globes de ses fesses aux rondeurs pleines. Un corps à la fois robuste et gracieux. Souple et solide. Un corps qu’on a envie de pétrir, malaxer, palper, mordre, embrasser, caresser... Un corps qu’on devine fait pour l’amour.

De légers tressaillements parcourent son dos cuivré par le soleil. A part cela, elle n’esquisse pas le moindre geste. Seule sa respiration haletante, signe tangible de son émotion, brise le silence qui nous entoure. Je suis derrière elle et je l’observe en silence. Je sais que, l’oreille aux aguets, elle épie le moindre de mes gestes essayant de deviner ce que je vais faire. Aussi je ne bouge pas. Faisant augmenter la tension qui noue ses muscles.

Je joue de cette attente dont, il faut bien l’admettre, je profite aussi. Comment lui avouer que j’ai soudain aussi peur qu’elle. Que l’angoisse me noue le ventre à me donner la nausée. Qu’en s’offrant ainsi sans aucune restriction, elle me fait douter de ce que je veux vraiment. Sa peau si douce me paraît si fragile. Son abandon est si confiant. Comment me résoudre à la blesser. Soudain, je ne sais plus ce que je veux vraiment. Si vraiment j’aurai le courage de réaliser ce fantasme que j’ai en moi depuis si longtemps et que nous partageons. Surtout si je saurai me montrer à la hauteur de son attente. J’ai la hantise de la décevoir. D’être trop violent. Ou trop doux. Comment savoir ? Comment doser ses gestes ? Saurai-je reconnaître les signes ? Je me sens soudain investi vis-à-vis d’elle d’une redoutable responsabilité qui me fait hésiter. Quand j’y pensais et que je bandais en m’imaginant attacher et fesser une femme consentante que je soumettais à ma loi d’homme, cela me semblait si facile. Si tentant. Mais là.... Au moment de franchir le pas, l’énormité de la chose me retient. Les mots deviennent réalité et je me sens envahi par une soudaine timidité qui me paralyse. Pourtant, je sais qu’elle désire cela autant que moi. J’ai en mémoire la confidence des désirs secrets jusque là inavoués que nous avons échangée. Il me semblait si miraculeux d’avoir rencontré une femme comme elle, si proche de mes désirs. Prête à m’accompagner sur cette voie qu’il me semblait jusque là si improbable d’arpenter un jour. Nous en avons si souvent parlé. D’abord à demi-mots. Par allusion. Puis peu à peu, plus ouvertement. Jusqu’à s’avouer franchement que si moi j’avais le désir profond de dominer complètement une femme, elle, de son coté, avait le désir de se soumettre. Et cet après-midi, elle est venue, confiante, vers moi qui lui ai promis, avec une assurance que je n’ai plus, de lui prodiguer, ainsi qu’elle le désire ardemment, les pires infamies. LIRE LA SUITE

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Commentaires

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mercredi 29 mai 2013 à 08h24 - par  Henic

Que voilà un texte excitant !
Christine a l’art et la manière d’alterner tendresse et brutalité pour amener le lecteur à partager les sensations si particulières du monde qu’elle crée en quelques phrases.
Merci.