Chair ardente

mercredi 24 août 2005
par  Christine Arven
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Je suis allongée nue à plat ventre sur le grand lit de ta chambre seulement recouvert d’un drap d’une blancheur immaculée dont s’exhale une suave senteur d’ambre. Bras et jambes en croix liés aux montants par de fines lanières de soie blanche. Mon visage est tourné vers la droite et je fixe le carré lumineux de la fenêtre aux volets clos. Derrière, le soleil brûlant de l’été. Derrière l’animation d’un après-midi ordinaire. Derrière des gens qui se promènent, travaillent, vont et viennent ignorant de ce qui se trame dans cette chambre plongée dans la pénombre. Ici, il n’y a que nous.... Toi et moi. Toi, que j’aime et crains tout à la fois. J’aime ces heures que tu dérobes pour me les offrir au quotidien. Seul cadeau que je n’aurai jamais de toi. Ces heures qui sont comme une bulle hors du temps et du monde dans laquelle tu m’entraînes à ta suite et m’enfermes pour mieux me libérer. Notre bulle. Bulle de mystères insolubles et de questions sans réponse. Bulle de désirs insensés. Et de plaisirs chimériques. Ces heures sont à nous et elles seront ce que nous en ferons.

Je me sens bien. Détendue. La crispation qui, il y a un instant, tordait mon ventre alors que je sentais les liens se resserrer autour de mes poignets et de mes chevilles, m’immobilisant et me laissant sans défense face à tes désirs, a disparu. Toujours ces minutes d’angoisse, de crainte qui me pétrifient. Qui me font soudain douter… De toi, de moi, de ce que je veux…. Cela a disparu maintenant et un grand calme m’habite. Je sais que ce calme est annonciateur d’autres remous autrement plus dévastateurs que mon inquiétude ridicule. Dans ma poitrine mon cœur bat lentement. Son martèlement régulier résonne sourdement au creux de mon oreille. Seul son qui vient rompre le silence qui nous enveloppe. J’attends. Je t’attends. Tes désirs sont les miens. Et je n’ai plus peur.

Tu t’affaires en silence dans mon dos. J’entends tes pas qui vont et viennent en souplesse. S’approchent. S’éloignent. Reviennent. Lent encerclement du fauve autour de la proie convoitée. De temps en temps, en passant, ta main glisse furtive le long d’une de mes jambes, enserre mon mollet dans une douce étreinte. Effleure mes épaules, la courbe mon cou. Frôlements à peine esquissés qui me font frémir d’émoi les sens aux aguets.

J’essaye de deviner ce que tu fais. Ce que tu prépares. Ce que tu me réserves. J’entends le bruit d’objets qui s’entrechoquent. Que tu poses sur la petite table à gauche du lit et que, dans ma position, je ne peux pas voir. Curiosité aussi vaine que ma crainte tout à l’heure. Ta main se pose à nouveau sur moi et remonte sans s’y attarder entre l’arceau de mes cuisses ouvertes. J’entends un grattement. L’air se remplit un instant de l’odeur acre du souffre. Un grésillement. Lumière dorée. Senteur suave de la cire qui s’enflamme. Des ombres se mettent à danser sur les murs. Ta main caressante glisse le long de mon dos. Je sens à peine la légère griffure de ton ongle le long de ma colonne vertébrale. Tu t’arrêtes un instant à la cambrure de mes reins. A cet endroit encore marqué d’une fine strie maintenant mauve qui, au fil des jours, s’estompe lentement. Je te sens pensif. Te revient-il soudain en mémoire comme à moi cette image de moi appuyée à la commode offrant mes fesses à la morsure de la cravache. Souvenir troublant qui me bouleverse d’émotions contradictoires faites à la fois de violence et de douceur. De douleur et de plaisir. D’impatience et de crainte. Toujours cette angoisse qui revient en vagues de faillir à ton attente. De ne pas être à la hauteur. Il est parfois si difficile de contraindre mon corps. De l’obliger à rester immobile alors qu’il veut, affolé de sensations trop fortes, bondir et s’enfuir. De nouveau tu t’éloignes. Me laissant frémissante d’attente exaspérée.

Que fais-tu ? Qu’attends-tu ? Ne vois-tu pas que mon corps te réclame et t’appelle. Que chaque pore de ma peau est à l’affût. Chaque nerf tendu à vif. Qu’as-tu choisi pour nous cet après-midi ? Le martinet aux longues lanières de cuir qui fera me tordre et tracera sur mon corps le labyrinthe écarlate de nos désirs mêlés ? Peut-être choisiras-tu la fine cravache que tu le sais, je crains tant mais dont je ne saurai refuser la cinglante dictature ? Ou bien feras-tu rougir et brûler mes fesses de tes seules mains nues ? Mes gémissements rythmés par le bruit des claques cadencées que tu m’assèneras de plus en plus fort. Ou préfèreras-tu m’ouvrir démesurément et t’enfoncer loin en moi, dans mon vagin, dans mon cul ? A me faire défaillir. Intrusion que je redoute et appelle. Qui me donne la sensation vertigineuse d’être dépossédée de ce que j’ai de plus intime. Prendras-tu plaisir à voir mes yeux s’embuer de souffrance ou au contraire voudras-tu entendre mes soupirs de plaisir ? Aurai-je le droit de boire à ta source et te sentir couler au fond de ma gorge ? Ou bien, préféras-tu gicler au fond de mes reins pourfendus ? Seras-tu tendre ou au contraire dur comme tu sais l’être ? Serai-je ton amante ou ton esclave ? Soumise à tous tes désirs. Prête à te servir. A m’abandonner. A te donner ce que j’ai de meilleur. Mes rêves. Mes désirs. Mon plaisir. A oublier qui je suis pour être à toi. Devenir le prolongement de ton corps et me perdre, en une osmose parfaite, dans tes désirs insondables.

Tu t’approches enfin. Tes doigts dans mes cheveux. Tu tires ma tête en arrière. Je vois sur la table le bougeoir dans lequel brûle la bougie que tu viens d’allumer. LIRE LA SUITE

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Commentaires

Logo de Henic
lundi 8 novembre 2021 à 20h31 - par  Henic

Les descriptions de Christine ont le don d’exacerber le plaisir de la lecture.
Ce traitement de la bougie, sa vie, son œuvre sur le dos de la soumise, est splendide et remarquablement excitante.
Merci Christine !