Célébration

dimanche 10 octobre 2004
par  Christine Arven
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La pièce au plafond voûté est vaste. Seulement éclairée par des bougies plantées dans de lourds candélabres d’argent, elle est plongée dans la pénombre et des ombres dessinent d’étranges arabesques sur les murs de pierre brute. Le silence règne seulement rompu par un sourd battement de percussions qui fait écho aux battements de mon cœur. Pourtant, je suis loin d’être seule. Il y a Toi, bien sûr, dont je sens la présence rassurante en retrait dans mon dos. Et puis tous ces hommes et femmes vêtus de cuir pour certains, à demi-dénudés et recouverts de chaînes pour d’autres qui nous entourent. Assemblée muette et intimidante qui m’observe.

Il y a un instant lorsque j’ai franchi le seuil de cette pièce et que j’ai entendu la lourde porte de bois clouté se refermer dans un claquement sec et définitif dans mon dos, j’ai jeté, impressionnée, un bref regard autour de moi. Mes yeux effarés se sont brièvement posés sur les divers instruments disposés dans la vaste salle : croix, chevalet, pilori, treuil mais aussi suspendus aux murs prêts à être saisis : fouets aux longues lanières de cuir, cravaches, pinces, gods.... Des chaînes aussi certaines épaisses, d’autres très fines. Des cordes, des menottes.... Tout un arsenal inquiétant qui aurait du me faire frémir de peur mais qui, au contraire, a fait naître en moi une sauvage excitation et m’a confortée dans ma décision d’aller au bout de cette épreuve que tu (je) m’imposes ce soir en gage de ma totale et irréversible soumission. J’ai voulu cette épreuve. T’ai supplié de m’accorder cette faveur de me donner, enfin, à Toi totalement. J’ai tremblé d’impatience dans l’attente de ce moment. Et si mon ventre se tord maintenant et mon cœur bat la chamade, ce n’est pas à l’idée de ce qui m’attend, de la souffrance que je vais devoir endurer mais par peur de ne pas être à la hauteur de ce moment qui va me définitivement lier à Toi.

Un instant, mon regard s’est arrêté sur une jeune femme seulement revêtue d’un porte-jarretelles et de bas, les bras, étirés haut au-dessus de sa tête, attachés par des menottes en cuir à une lourde chaîne et les jambes maintenues ouvertes par une barre d’écartement fixée à ses chevilles. Sur ses seins brillaient l’acier froid des pinces qui mordaient durement ses tétons, reliées entre elles par une chaîne à laquelle on avait suspendu de lourds poids étirant démesurément ses mamelons cramoisis par la tension. Son clitoris ainsi que ses lèvres vaginales étaient pincés et distendus de la même façon. Au rictus qui déformait ses lèvres, j’ai deviné la douleur que devait lui faire éprouver cet étirement. A une autre extrémité de la pièce, un jeune esclave était enfermé accroupi dans une cage étroite, le visage et les fesses coincés dans deux alvéoles disposées à chacune des extrémités de la cage. Un mors solidement fixé autour de sa mâchoire l’obligeait à maintenir sa bouche grande ouverte prête à recevoir les sexes qui pouvaient se présenter. A mon entrée, une maîtresse debout à côté de la cage besognait méthodiquement son cul avec un énorme god cannelé. Au quatre coins de la pièce, accroupis face contre le mur et le corps entravé de lourdes chaînes, quatre esclaves, deux hommes et deux femmes. D’épaisses bougies avaient été plantées sur leur fesses dénudées et aux tressaillements incontrôlables qui parcouraient leur dos en vagues successives, je devinais la brûlure de la cire dégoulinante sur leur chair nue. Je n’ai pu alors, à la vision de ces corps offerts, retenir un frisson d’angoisse que tu as du sentir. Ta main posée sur mon épaule a alors affermi sa pression comme si tu avais voulu me rassurer et me transmettre ta force.

Je te laisse me conduire au centre de la pièce. Je suis dans un état second, à la fois excitée et tremblante d’effroi. Lentement, tu me dévêts. Posément tu dénudes mon corps le dévoilant peu à peu à l’assemblée qui nous entoure silencieuse. Je te laisse faire sans rien dire. Seul le léger frémissement qui parcourt ma peau laisse transparaître mon émoi d’être ainsi exposée à cette assemblée qui m’observe sans aucune indulgence. Puis, d’une légère poussée dans mon dos, tu m’entraînes me faisant faire le tour de la pièce et me présentant seulement revêtue de mes bas et de mes escarpins aux Maîtres et Maîtresses. Certains se contentent de me regarder te demandant parfois des précisions sur le niveau de mon éducation. D’autres me demandent de tourner sur moi-même afin de mieux apprécier la courbure de mes reins et le galbe de mes fesses. D’autres m’ordonnent de me pencher en avant et d’écarter de mes mains mes cuisses afin de leur permettre de découvrir mon intimité et mon accessibilité. Rares sont ceux qui me touchent pour estimer l’élasticité de ma peu ou le fermeté de mes seins. Je me laisse faire. Docilement. Exécutant sans rechigner ce qui m’est demandé. Les yeux baissés comme il sied à l’esclave que je suis. Seule ma respiration précipitée trahit mon trouble à être ainsi examinée, jaugée. Consciente de ma position inférieure. Pourtant je suis le centre d’intérêt de cette assemblée. Celle vers qui tous les regards convergent. Et mon cœur se gonfle d’orgueil à cette pensée. Car ce soir, enfin, je vais être consacrée au vue de tous dans ma qualité de soumise. Ce soir enfin je vais pouvoir faire la preuve de mon appartenance à Toi mon Maître adoré.

Je te sens t’éloigner de moi. Tu m’avais prévenue. Pour cette soirée, tu n’aurais pour l’essentiel qu’un rôle de spectateur laissant au Maître des lieux qui sait ce qu’il a à faire, la direction des évènements et, bien sûr, la totale disponibilité de mon corps dont il pourrait user à sa guise. Un homme à la haute stature s’approche de moi. Torse nu, il est seulement revêtu d’un pantalon en cuir noir. Son visage est recouvert d’un masque également en cuir . Il s’immobilise devant moi et me dévisage un moment de ses yeux brillant d’un feu impressionnant qui me met à nu. Il esquisse un geste imperceptible. Immédiatement, une servante s’approche, yeux baissés. Elle est à demi nue seulement revêtue d’un corset étroitement serré autour de sa taille fine et de bas. Les tétons de ses seins menus et haut plantés sont ornés de deux anneaux d’argent reliés entre eux par une fine chaîne. Ses fesses au galbe parfait sont entièrement dénudées. Dans ses mains, elle tient un lourd collier en acier qu’elle tend, avec déférence, au Maître. Il s’en saisit et, me faisant courber la nuque, me l’attache étroitement autour de cou avant d’accrocher au mousqueton qui y est fixé une lourde chaîne qu’une deuxième jeune esclave toute aussi dénudée que la première, vient de lui tendre. Ma tête ploie sous le poids du collier et de la chaîne mais je me redresse, arborant avec fierté l’ornement dont on vient de me parer. Déjà, une troisième servante, tout aussi peu vêtue, s’approche avec dans ses mains de larges lanières de cuir que le Maître lui demande d’attacher étroitement autour de mes poignets et de mes chevilles. Docilement, elle s’approche de moi. Je frémis imperceptiblement lorsque je sens ses mains douces se saisir de mon poignet droit qu’elle étreint d’une légère pression comme si, par ce simple geste, elle voulait me rassurer. Mais je n’en ai pas besoin. Je n’ai pas peur. Je sais ce qui m’attend et que j’ai voulu. Au contraire, le contact du cuir sur ma peau engendre en moi une sourde impatience qui me fait haleter. Une fois les lanières étroitement liées, se saisissant de la chaîne, elle m’entraîne vers une roue en bois sombre qui trône au milieu de la pièce sur une estrade. Sans qu’il soit besoin de me dire quoique ce soit, je m’allonge sur la roue et m’y laisse attacher bras et jambes en croix, cuisses largement écartées. Lentement, la jeune esclave fixe les lanières qui ceignent mes poignets et mes chevilles aux anneaux plantés dans les rayons de la roue. Mais cela n’est pas suffisant. Mon corps doit être parfaitement immobilisé, m’empêchant tout mouvement inopportun. Sur un ordre du Maître, elle lie autour de mes avant bras et de mes cuisses d’autres lanières en cuir épais dont je sens les boucles qui les maintiennent fermées s’enfoncer profondément dans ma chair. Mon torse subit le même sort et une lanière s’enroule autour de mon ventre me clouant définitivement à la roue et m’immobilise étroitement. Un nouveau frémissement me parcourt de me sentir ainsi offerte et exhibée sans que je ne puisse plus rien faire pour me défendre. Il suffirait bien sûr d’un mot de ma part pour que tout s’arête. Pour que les liens se délient. Pour que tu m’entraînes hors de cette pièce et que je reprenne ma vie d’avant Toi. Mais ce mot, j’ai bien l’intention de ne pas le prononcer et d’aller au bout de mon engagement. Je t’ai promis à Toi mon Maître d’être forte et je le serai quoique cela puisse me coûter. Ne suis-je pas là pour te prouver la force de mon engagement et être digne de notre amour ? Ne suis-je pas là pour me donner complètement et sans aucune condition à Toi ? Alors que ma tête retombe en arrière et que la servante fixe par des anneaux mon collier à la roue immobilisant à son tour ma nuque, je te distingue, adossé au mur de pierre, m’observant fixement. Ton visage est blême, tendu. Je t’adresse un sourire essayant de te faire comprendre que tu n’as pas à t’inquiéter. Que je saurai te faire honneur.

Le Maître des lieux s’approche de moi. LIRE LA SUITE

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