L’amant d’écume

samedi 23 octobre 2004
par  Christine Arven
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Obscurité pourpre mouvante et ondoyante. Eclats rougeoyants qui transpercent mes paupières closes... Chaleur... Moiteur... Torpeur...

Je divague....

Elle est allongée, nue, dans cette crique de Cassis où elle aime tant venir. Le soleil souverain irradie ses traits ardents sur son corps dénudé. Bruissement du vent dans les pins. Stridence lancinante des cigales. Grondements sourds des vagues qui s’écrasent en un va et vient continu sur les rochers noirs et coupants et la bercent la plongeant, alanguie, dans une douce torpeur.

La sueur sur son corps huilé fait miroiter, dans la lumière aveuglante, sa peau de reflets irisés. Nudité totale. Elle s’étale s’offrant toute entière à la caresse brûlante du soleil. Corps qui se déploie et rayonne. Corps aux reflets moirés de bronze qui se donne, avec une insolente impudeur, à l’astre solaire comme il se donnerait à un amant tout puissant. Caresses embrasées qui mettent son corps en émoi. Dédaignant toute pudeur, elle ouvre davantage ses cuisses, bras en croix faisant l’offrande au soleil de ses plus intimes secrets. Le soleil, tel un amant despotique et sans pitié, darde ses rais de feu entre ses lèvres moites et, impitoyable, s’approprie son vagin détrempé.

Elle aime être ainsi oublieuse de toute réalité et se laisser emporter par ce flot de sensations charnelles qui la submerge et l’emporte bercée par la flux et reflux de la mer. Images de corps qui s’empoignent et se mêlent en un combat de chair. Images de phallus tendus vers elle, qui se frottent à elle, la pénètrent. Lèvres avides sur ses seins dont elle sent les tétons sertis d’anneaux d’argent se dresser arrogants. Mains qui l’empoigne et la palpe malmenant son corps consentant .Sa chair tressaille d’un désir contenu.

Tête vide. Plus de pensées. Juste la chaleur. Intense. Absolue. Immobilité parfaite qui semble l’ancrer dans le rocher.

Des bruits autour d’elle. Bruits confus de conversations lointaines dont les échos lui arrivent par bribes. Furtif roulement des galets. Plus proche. Elle tend l’oreille, ses sens aux aguets malgré le demi-sommeil qui l’englue. Vaguement irritée d’être ainsi tirée de sa rêverie. Elle pressent une présence. Plus proche. Discrète.

Il la regarde, immobile lui aussi. Il s’est assis, silencieux et furtif, à ses pieds. Dos au soleil. Ses yeux voraces parcourent les courbes voluptueuses de son corps frémissant, se perdent dans l’ombre mystérieuse de son vagin. Grotte luxuriante aux senteurs musquées. Lui aussi est parfaitement immobile. Mais déjà son sexe se tend et durcit entre ses jambes. Il a honte de son intrusion, de son désir brut et impérieux pour cette femme qui s’offre impudique et lascive avec une candeur innocente. Il a honte de l’observer ainsi à son insu et violer sa tranquille et paisible sérénité. Pourtant ses yeux ne peuvent la quitter. Ils la parcourent lentement. S’attardent sur ses seins gonflés. Descendent vers son ventre. Glissent le long de ses hanches fines. Effleurent la fente délicate de son sexe épilé. Elle est si belle ainsi offerte dans la lumière éblouissante. Si désirable dans son abandon. Déjà sa main se tend vers le fruit convoité gorgé de miel dont il pressent la suave et enivrante saveur. Déjà il esquisse un geste involontaire faisant rouler sous son pieds un galet. Bruit léger qui la fait sursauter. Il se fige. Ne bouge plus.

Elle entrouvre ses yeux. Le monde apparaît flou et ondoyant entre ses cils. Elle voit l’homme assis sur le rocher à ses pieds son dos appuyé au rocher. Ombre chinoise qui la regarde et dont elle ne peut distinguer les traits. Instant suspendu où rien ne se passe que ces regards échangés qui s’ignorent encore. Un frémissement la parcourt d’être ainsi observée. Par ce regard d’une indiscrétion absolue. Regard impudent. Regard qui l’électrise par son intensité.

Ce regard sur elle fait partie de la chaleur qui met ses sens en éveil. Elle ne peut lui échapper. Elle n’en a ni la force, ni l’envie. LIRE LA SUITE


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Commentaires

Logo de Henic
jeudi 11 août 2022 à 15h17 - par  Henic

Un fort joli texte, à la fois poétique et très érotique, tout en douceur...
On aurait presque envi de filer dans les calanques, même s’il s’y trouve probablement aujourd’hui beaucoup plus de monde que dans l’histoire !