Aliénation

dimanche 24 avril 2005
par  Christine Arven
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Sur un signe de moi, elle s’est déshabillée ne conservant que ses bas de résille noire et ses hauts escarpins et s’est allongée sur la table de fer sur laquelle elle est maintenant attachée, écartelée. A chaque extrémités de la table d’épaisses bougies en cire blanche plantés dans quatre lourds candélabres d’argent nimbent son corps frémissant des reflets chatoyants de leur flamme dorée. J’ai étroitement liés ses poignets avec de solides sangles de cuir. J’ai fait de même avec ses chevilles, jambes maintenues relevées dans des étriers. Une lourde chaîne aux épais maillons d’acier massif s’entrelace en un entrelacs barbare sur son ventre. Elle s’est laissée ligotée sans un mot. Se soumettant tranquillement à mon désir fou de la posséder. Ses yeux écarquillés et brillants laissent transpirer sa crainte. Son impatience aussi... Sa détermination. J’aime ce mélange de sentiments contraires qui la rend si humaine, si fragile. Elle est nue. Son sexe glabre et lisse entièrement offert. Ses seins s’évasent en corolle sur son torse que soulève sa lente et profonde respiration. Je la sens tendue. Non, le mot exact est concentrée. C’est cela, elle est entièrement concentrée sur ce qu’elle ressent. Vivant intensément chacun de ces instants. Anticipant déjà la souffrance à venir. Le plaisir.... Depuis que nous avons franchi le seuil de cette pièce, où se déroule nos joutes amoureuses, nous n’avons pas, accord tacite entre nous, échangé un mot. Le silence nous enveloppe amplifiant la tension qui nous étreint.

Ses yeux ne sont pas bandés. Je préfère pouvoir plonger mes yeux dans son regard voilé d’inquiétude et de désir. Les voir se mouiller de larmes. Ou s’illuminer de plaisir. Je la regarde. Son corps frémissant ainsi offert et immobilisé est d’une sensualité torride. Envie de la toucher. De pétrir ses seins qui palpitent au rythme de sa respiration. Les mordre. Ecraser mes lèvres contre ses lèvres. M’engloutir en elle. Le désir est si fort de la prendre tout de suite et me perdre dans son corps. Jouir de sa jouissance. Elle est si belle. Elle est à moi. Prête à accepter le joug de ma loi quoiqu’il puisse lui en coûter. Sensation de toute puissance qui m’enivre. Lentement, prenant mon temps, je dispose une caméra au pied de la table, insoucieux de son regard suppliant. Je braque l’objectif vers son corps écartelé, vers la fente de son sexe béant et met en marche l’enregistrement. Le bourdonnement imperceptible de l’appareil emplit l’espace de silence qui nous entoure. Images d’elle que je lui vole. Dernière échappatoire que je lui refuse. Ces instants qu’elle me donne resteront gravés sur la froide pellicule et seront miens.

Je m’approche d’elle. Ma main l’effleure doucement. Volupté infinie de la toucher enfin. Je caresse doucement sa poitrine, son ventre, ses épaules. Mon doigt glisse sur son pubis. Frôle la fente de son sexe. Caresse d’une insupportable douceur que je fais durer à dessein et qui la fait frémir les sens en alerte. Sa peau est chaude. Satinée. Si douce. Si délicate. Je jette un œil vers le martinet que j’ai disposé à portée de ma main. Tout à l’heure quand elle est arrivée, si fraîche dans sa robe fleurie, si sûre d’elle, je l’ai amenée devant le râtelier dans lequel je suspends mes instruments. Elle a compris sans que j’ai eu besoin d’exprimer à haute voix ma demande qu’elle devait choisir, unique choix possible pour elle ce soir, par quoi elle souhaitait être fustigée : martinet, cravache, badine, fouet... La règle de notre jeu est simple. Interdiction absolue pour elle de jouir sans ma permission sous peine de devoir être durement punie. Chaque fois j’espère contre toute raison qu’elle sortira victorieuse de cette épreuve d’une insoutenable perversité. Pourtant, je vais mettre tout mon art à enflammer son corps et prendrai un plaisir coupable à la voir succomber à l’inévitable. Après une brève hésitation, elle a choisi ce martinet aux longues et fines lanières de cuir souples et au lourd manche en bois finement ciselé dont elle connaît pourtant la cuisante et fulgurante brûlure. Bref regret qui m’étreint à l’idée, si ce soir elle faillit encore à sa promesse, de devoir tout à l’heure marquer son corps si tendre et désirable de mon sceau de feu. LIRE LA SUITE

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Commentaires

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vendredi 9 septembre 2011 à 07h34 - par  Henic

Etonnant, ce parcours parallèle où chacun des protagonistes reste dans son monde. Malgré d’intenses moments passés ensemble, on sent bien qu’ils ne parviennent pas à une véritable communion dans la douleur ou le plaisir. Le