Olenka 1

1- Recherche d’originalité
lundi 13 mars 2006
par  Alex Cordal
popularité : 1%
7 votes

– Ça ne te dérange pas, si j’éteins la lumière ?

Que puis-je répondre ? De toute manière, elle attend un « bien sûr que non ! ». Je vais donc accepter de lui faire l’amour dans le noir.

Encore une, aurais-je envie de dire ! C’est incroyable depuis quelque temps, mes aventures amoureuses sont entachées de réaction de ce genre. Les femmes que je séduis sont-elles toutes coincées, ou bien est-ce moi qui ne suis pas normal ? Je n’ai pourtant pas l’impression de faire acte de perversion en aimant admirer le corps nu de ma partenaire pendant notre rapport.

Je lui fais donc l’amour dans l’obscurité. Du coup, mon excitation est mécanique, mon esprit vagabonde. Je me concentre, tout de même, de temps en temps sur l’enveloppe charnelle de cette femme pour maintenir mon érection.

Je repense à mon éditeur, qui me réclame toujours des textes originaux pour doper les ventes. C’est dur d’être écrivain, mais j’adore mon métier. Malheureusement, je ne suis pas très connu. J’écris des romans, un peu tous les genres, aussi bien l’histoire fleur bleue, que le livre en vente en rayon adulte, ou dans les sex-shops. Je dois reconnaître que c’est cette dernière catégorie qui marche le mieux. Ma maison d’édition veut toujours plus d’originalité, plus de sexe, mais en sortant des sentiers battus. Le style « Il la transperça avec sa grosse bite et elle prit son pied en criant je t’aime mon amour » ne fait plus recette. Il faut une histoire, de l’imagination et du jamais vu qui fassent fantasmer le lecteur.

En attendant, je suis à cours d’idées, et ce n’est pas ce soir avec cette coincée que j’en trouverai de nouvelles. Ça y est, elle jouit, je vais enfin pouvoir éjaculer ! Elle interrompt ses cris de plaisir, m’embrasse, puis m’avoue :

– Alex, je t’aime mon amour !

Moins d’une semaine qu’on se connaît, première fois qu’on couche ensemble, et elle m’aime déjà. Je ne veux pas jouer les blasés, mais si j’étais un peu goujat, je lui répondrais volontiers que le sentiment n’est absolument pas partagé.

A propos, Alex, c’est mon prénom. Je m’appelle Alex Cordal. Je suis un homme comme les autres, je suis grand sans être un géant, mes cheveux sont châtain clair et ils ont une fâcheuse tendance à virer au poivre et sel depuis quelques temps. Ah, j’oubliais : j’ai du charme, paraît-il ! Que vous dire d’autre pour me présenter ? Et puis, stop ! Vous apprendrez bien à me connaître au fil de votre lecture. Mon âge ? Je n’ai pas envie que vous le connaissiez. Comme quoi, ce n’est pas une coquetterie exclusivement féminine ! Je suis actuellement célibataire, pas forcément par volonté, mais par absence de rencontre de l’âme sœur. Je n’ai pas encore trouvé celle aux côtés de qui j’aurai l’envie et la volonté de passer le reste de mes jours…

Tiens, elle s’est endormie !

°°°°°°°

J’ai quitté l’autoroute et coupé par la forêt. Je ne sais pas si cela me fait vraiment gagner du temps, mais au moins, je peux profiter d’un cadre agréable en cette magnifique matinée de printemps. J’ai abandonné, très tôt ce matin, mon ennuyeuse partenaire de la veille, prétextant un rendez-vous imaginaire. J’essaie de trouver des idées pour mon nouveau livre. La forêt, la nature… Pourquoi pas une aventure dans les bois, une femme se perd, elle est capturée par une tribu primitive. Cela se passe en Afrique. Sauvée par un Blanc qui vit dans la jungle depuis… Non ! Déjà vu ! L’histoire ressemble trop à Tarzan.

Je ne comprends pas, je suis fatigué, j’ai le coup de pompe ! Ce n’est pourtant pas ma dernière soirée qui m’a crevé. Bon, je m’arrête, et je me repose cinq minutes. Je me gare sous ce grand chêne, c’est l’endroit rêvé. Je profite de cette pause pour fermer les yeux et continuer à chercher le scénario de mon prochain roman.

Ça alors, j’ai dû m’assoupir. Je me réveille comme si j’avais dormi longtemps… Bon, ça va mieux, j’ai récupéré, je repars.

Soudain, à la sortie d’un virage, je dois freiner à mort. Un cheval se tient immobile au milieu de la route. Je le klaxonne, il fait quelques mètres et s’arrête de nouveau. Bizarre, il est sellé, mais je ne vois aucun cavalier dans les parages. Je descends de mon 4x4. J’essaie de l’approcher, mais dès que j’arrive à sa hauteur, il s’enfuit au galop et disparaît. Machinalement, je regarde autour de moi. A droite de la route, les fourrés sont piétinés. Le canasson apeuré a dû sortir de la forêt par ici. Intrigué, je pénètre dans le bois. Je fais quelques mètres, et je découvre, au milieu des ronces, la cavalière évanouie. Vite, je m’approche. Elle n’a pas lâché sa cravache qu’elle tient toujours dans la main droite. Sa bombe est restée bien en place sur sa tête grâce à la jugulaire attachée sous son menton. Pour le reste, bottes, pantalon de cuir et saharienne.

Cette femme est très belle. Je lui parle. Elle se réveille. Je continue à lui parler :

– Dites ? Ça va ? Répondez-moi !

Elle relève la tête :

– J’ai un peu mal. Où est mon cheval ?

– A l’heure qu’il est, il a dû rentrer tout seul à l’écurie ! Attendez, je vais vous aider à vous relever.

Maintenant, elle est debout. Apparemment, rien de cassé, juste de belles égratignures sur le visage, à cause des ronces.

– Venez jusqu’à ma voiture. J’ai une bouteille d’eau, et vous pourrez vous asseoir !

Elle est maintenant confortablement installée à la place passager. Elle a bu. Elle a retiré sa bombe et dénoué ses longs cheveux bruns. Elle est ravissante malgré un visage un peu sévère. Elle a complètement repris ses esprits et me raconte son accident :

– Je ramenais tranquillement mon cheval au club après une balade dans les bois. Il a été effrayé par un serpent. Il s’est cabré, je suis tombée. Ma tête a heurté quelque chose, heureusement que j’avais ma bombe ! Je vous remercie de m’avoir aidé. Je crains d’avoir par ailleurs un autre service à vous demander, celui de me raccompagner chez moi. Ce n’est pas très loin, juste quelques centaines de mètres après le club équestre, en pleine forêt ! Mon amie doit être très inquiète !

Nous nous sommes donc rendu chez Salamandre. Et oui, c’était son prénom. Original, n’est-ce pas ? Une halte au club équestre a permis de rassurer tout le monde. La monture était bien rentrée seule à l’écurie !

Salamandre devait être brouillée avec les unités de longueur, car les quelques centaines de mètres se sont avérés être plusieurs kilomètres. Après un dernier parcours sur un chemin forestier, nous étions enfin arrivés chez elle. Le chalet me paraissait être la seule habitation dans un rayon d’une dizaine de kilomètres. Mais pourquoi une fille comme Salamandre habitait-elle dans un endroit aussi reculé ?

Je gare la voiture. Une jeune femme vient à notre rencontre. Elle a des airs d’adolescente, petite, brune, les cheveux très courts, plutôt mince et élancée par rapport à Salamandre, qui sans être grosse, possède plutôt de jolies formes. Il doit s’agir de son amie. La silhouette fine se précipite vers mon 4x4. A la vue des égratignures du visage de ma passagère, elle s’exclame :

– Ma chérie, que t’est-il arrivé ? Tu es blessée ? Attends, je vais te soigner !

Sans faire cas de l’inquiétude de son amie, ma protégée s’adresse d’abord à moi :

– Alex, je vous présente Elvine ! Elle est toujours pleine d’attention pour moi. Elle n’aime pas me voir souffrir. Si elle avait pu tomber à ma place, elle l’aurait fait !

Puis, elle se tourne vers Elvine :

– Tout va bien, ce ne sont que des égratignures. Va plutôt me chercher une pommade cicatrisante et prépare le repas pendant que j’accompagne Alex au salon !

Je trouve un peu bizarre le ton autoritaire employé par Salamandre en réponse à l’inquiétude de son amie. J’essaie de comprendre. Mais après tout, il n’y a peut-être rien à comprendre, car Elvine repart vers le chalet, rassurée et souriante. Salamandre enchaîne ensuite à mon intention :

– Il est midi, vous allez rester déjeuner avec nous, Alex. Je vous dois bien cela !

Après un premier refus poli, j’accepte. Après tout, je n’ai rien à faire aujourd’hui.

°°°°°°°

Pendant le repas, j’ai un peu déchanté. Il me semble que je dérange. Salamandre est devenue plus distante. Ai-je tenu des propos désagréables sans m’en apercevoir ? Qu’importe, puisqu’il en est ainsi, je partirai juste après le café. Elvine a accompli seule tout le service, alors que Salamandre ne s’est jamais levée de sa chaise, à tel point que je me suis demandé un instant, si la jeune femme aux cheveux courts n’était pas sa domestique. J’ai même été un peu gêné, quand elle a malencontreusement cassé une assiette et que Salamandre l’a copieusement incendiée.

Un événement anodin va cependant changer beaucoup de choses. Au cours de la conversation banale et polie, Salamandre m’interroge sur ma profession. Je n’ai pas honte de mon métier d’écrivain. Je réponds comme je le fais habituellement, en parlant des romans d’aventure que j’écris, et en omettant pudiquement les histoires plus crues que je publie aussi. Naturellement, dans ces moments-là, mon interlocuteur me demande toujours de lui citer quelques titres qu’il s’avère d’ailleurs ensuite ne pas connaître.

La discussion continue toujours sur mon nom d’auteur. Je devrais dire mes noms d’auteur, parce qu’évidemment, j’en ai plusieurs. Je ne vais pas signer du même pseudonyme, un conte de fée et une nouvelle érotique.

Conformément à la coutume, je viens d’avoir la question. Machinalement, je réponds par une de mes signatures. A peine, ai-je terminé ma phrase que je m’aperçois que je viens de prononcer le pseudonyme que j’utilise pour des bouquins pornos. Pas grave, ces livres sont diffusées dans des boutiques et sur des sites Internet que mon hôtesse ne fréquente certainement pas. Je vois alors Salamandre froncer les sourcils. Elle se lève, se dirige vers la bibliothèque, fouille un rayonnage et revient avec un de mes ouvrages. Et en plus, c’est un des plus hard. Cuirs, latex, sado-maso et tout le reste. Mais comment ce bouquin peut-il se trouver chez cette femme plutôt bourgeoise et rangée ? Je suis autant gêné qu’elle est souriante. Elle me demande :

– C’est vous qui avez écrit ça ?

Je suis bien obligé d’acquiescer. Elle continue :

– Vous avez une imagination débordante. Jamais je n’aurais pu inventer tous ces supplices que subit votre héroïne !

Et en plus, elle a lu le livre. J’essaie de me justifier :

– Vous savez, j’ai écrit ce bouquin pour me distraire. Ce n’est qu’un divertissement accidentel dans mon parcours.

Elle a l’air amusé. Elle retourne vers la bibliothèque et revient avec une pile de romans, toute la collection.

– Faites pas l’idiot, et assumez votre œuvre. Personnellement, j’ai beaucoup aimé. Cela vous étonne qu’une femme comme moi s’intéresse à ce genre d’ouvrage ?

Je ne sais même plus quoi répondre. Je constate seulement que l’attitude de Salamandre a changé à mon égard. La brune aux longs cheveux est redevenue agréable et souriante :

– Cela ne vous embête pas, si je vous pose des questions sur vos romans ? Et puis, pendant qu’on y est, je trouve que ce serait plus sympa de se tutoyer !

Incroyable ! Je viens de trouver une lectrice assidue, une admiratrice, dans un coin reculé au fin fond d’une forêt. Je réponds par l’affirmative à la double sollicitation. Et les questions commencent. Je dois systématiquement fournir des détails sur le contexte, l’environnement, les situations des évènements qui se produisent dans mes romans. Dans le feu de l’action, je ne me suis même pas aperçu qu’Elvine a quitté la pièce. Bizarre, cette fille gentille et discrète semble complètement étouffée par Salamandre, sans pourtant en être importunée.

Soudain, Salamandre me prend par la main et me dit :

– Viens ! On va se promener dans les bois. On poursuivra la conversation au grand air.

Nous sommes arrivés dans une toute petite clairière. Le sol est tapissé de mousse. Salamandre s’est arrêtée. Elle se débarrasse de sa saharienne, de son pantalon et me dit :

– Déshabille toi aussi !

Je n’ai pas encore quitté le moindre vêtement, qu’elle s’est déjà entièrement dévêtue. Je dois reconnaître que la surprise a fait place à l’excitation.

Nous voici tous les deux nus. Elle me demande de m’allonger sur le sol. Ça va, la mousse est confortable. Elle continue de me donner des ordres :

– Ne bouge pas et laisse-toi faire !

Cette situation inhabituelle renforce mon excitation. Ma verge est dressée verticalement. Salamandre se place au-dessus de moi, s’agenouille et s’empale sur mon membre en érection. Tout en se tortillant, elle fait travailler les muscles de son vagin. Je sens mon sexe aspiré, puis relâché. Je n’ai jamais eu de telles sensations. Vraiment agréable. Par contre la position “en-dessous” me perturbe, j’essaie de relever le buste, mais ma partenaire m’en empêche en se penchant sur moi et en me bloquant les poignets au sol.

– Laisse-toi faire ! me répète-elle sévèrement. Tu es à moi ! C’est moi qui te baise !

Surprenant, et pas très rassurant, d’autant que les traits de son visage se sont durcis. Ses yeux semblent vouloir sortir de leur orbite. J’ai l’impression de n’être qu’une proie prisonnière de son prédateur. Mais le plaisir continue de monter en moi. Alors j’obéis et je m’abandonne. Soudain, pendant que j’éjacule, Salamandre pousse un cri, grave, rauque. Mais oui, elle prend son pied, elle aussi ! Contrairement aux habitudes de la gent féminine, son orgasme est très court, un peu masculin, si je puis oser la comparaison.

Salamandre reste figée pendant quelques secondes, puis se relève rompant notre union physique. Je suis toujours à terre. Elle me sourit enfin.

– Alors comment as-tu trouvé ? me lance –t-elle.

Je suis surpris de cette question typiquement masculine, mais je rentre dans son jeu.

– Bien, original devrais-je dire. Je n’ai pas l’habitude de me laisser dominer ainsi. Pour moi, c’est un peu contre nature. Mais je dois reconnaître que ta musculature vaginale m’a fait prendre un super pied ! Et toi, satisfaite ?

– Ouais, ouais, me répond-elle. Mais maintenant, j’aimerai qu’on s’allonge un moment et que tu me racontes quelques histoires sado-maso que tu n’as encore jamais mis dans tes bouquins !

Quelle perverse ! Mais elle me plait. Ça change des autres femmes.

Je m’exécute et nous terminons la sieste selon ses désirs. Je laisse libre cours à mon imagination débordante dans ce domaine. Salamandre m’écoute attentivement, comme une petite fille à qui l’on raconte des histoires. Mais ce ne sont pas des contes de fée, et la petite fille les écoute en caressant délicatement les poils de son pubis. Est-ce un nouvel appel ? Tout en continuant mon récit, j’avance ma main pour la relayer, mais elle la repousse. Quelle drôle de femme !

– Non laisse-moi ! me dit-elle sévèrement.

J’ai du mal à cerner le caractère de Salamandre, ses envies. Elle me paraît un peu spéciale. Pourtant quelque chose m’attire vers elle. J’ai l’impression d’être en harmonie avec cette femme, bien que je la connaisse à peine.


ZONE ABONNES L’abonnement vous permet :
- d’enregistrer et d’imprimer les textes publiés,
- d’avoir accès à certains récits dont la teneur ne permet pas une large publication,
- d’accéder à la galerie photos privée de RdF.

Entrez votre pass abonné

Commentaires