L’asservissement de Marie

Chapitre 11 à 14
jeudi 16 décembre 2021
par  Henic
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La femme-chat Marie descend le trottoir aussi rapidement que ses bottines le lui permettent. Elle ouvre la porte arrière du taxi et entre à l’intérieur, une vision de latex noir brillant.
« Laissez-moi deviner : fête de rue à Castro ? »
Son chauffeur de taxi est un homme barbu trapu dans un grand costume de marin. Marie ne répond pas, les yeux exorbités alors que la queue, coincée entre son dos et le siège auto, se gonfle soudain en elle. Rassemblant son calme, elle se contente de sourire et lui tend la carte avec l’adresse dessus.
« Hmmm, ça va être dur à partir d’ici avec toutes les rues fermées. Je vais devoir consulter Divis. Jusqu’à l’endroit où je peux traverser le marché, est-ce que ça va ? »
Marie se contente de regarder par la fenêtre et hoche la tête, irritée que tous les chauffeurs de taxi de San Francisco semblent vouloir avoir l’opinion du motard sur le meilleur itinéraire. Le trajet se déroule sans incident, bien que sinueux. Plusieurs fêtes costumées de quartier concurrentes fournissent de nombreux divertissements visuels à Marie, et elle est surprise lorsque le taxi entre dans une ruelle étroite de SoMa et s’arrête. Elle tend au chauffeur un gros billet et quitte le taxi sans un mot, se pavanant sous une arche de briques sombres tandis que sa queue bat derrière elle.
Un jeune homme en tenue de groom la fait entrer dans un grand ascenseur de service en forme de cage, ferme la porte en accordéon et appuie sur les commandes pour monter. Marie s’imagine enfermée dans une cage grillagée, le féroce chat sauvage de Hambourg. Elle serait exposée au zoo, et les gens paieraient l’entrée pour voir ses entailles lacrymogènes dans son uniforme d’entraînement. L’ascenseur grimpe jusqu’au dernier étage, et le jeune homme fait coulisser la grille pour laisser sortir Marie.
Elle parcourt un long couloir et atteint une lourde porte en fer. Levant la main, elle tire sur un manche en bois attaché à une chaîne qui pend au plafond. Un tintement de cloche retentit de l’autre côté de la porte, et une paire d’yeux émerge de derrière une minuscule fente rectangulaire. Elle fait de son mieux pour sourire et avoir l’air d’être à sa place, et la fente se referme.
Avec un bruit sourd, la porte en fer pivote vers l’intérieur, menant à un lieu de rassemblement faiblement éclairé aux bougies. Marie marche sur la pointe des pieds sur ses pattes en caoutchouc velouté dans ce qui semble être le loft de quelqu’un. Tout autour d’elle, elle repère des hommes et des femmes vêtus de divers costumes en caoutchouc et en cuir, chacun portant un masque dissimulant son identité.
« Ah, vous devez être la nouvelle esclave. On nous a dit que vous viendriez en chatte, mais je dois dire que votre client s’est surpassé ! »
Marie se retourne rapidement pour trouver la source de la voix : une femme fatale de film noir, grande et mince, adossée à un pilier, un genou plié sous sa longue robe de soirée en caoutchouc rouge. Ses bras sont recouverts de gants en caoutchouc rouge de la longueur de gants d’opéra, et entre ses doigts gommeux, elle tient en équilibre un long fume-cigarette. Ses cheveux noirs pendent en carré, sa large frange reposant sur un masque de domino en caoutchouc rouge qui correspond parfaitement à la teinte de ses lèvres rubis. La femme dégingandée prend une bouffée de fumée de sa cigarette et souffle un anneau parfait dans l’air entre elles.
« Bienvenue à la fête, petite. La plupart des invités ne sont pas encore arrivés, mais je suis sûre qu’ils voudront tous te rencontrer. Nous n’avons pas eu de nouvelle esclave à nos réunions depuis tellement longtemps ! »
Marie s’éclaircit la gorge, essayant de ne pas paraître nerveuse.
« Hum, qu’entendez-vous exactement par “esclave” ? »
La dame en rouge se redresse et plisse les lèvres avec un sourire narquois amusé :
« Oh oui, ils voudront certainement te rencontrer, petite ! »
Marie fronce les sourcils tandis que la femme se dirige vers le bar, pensant qu’elle a peut-être besoin d’un verre elle-même. Elle a toujours détesté aller à des soirées où elle ne connaît personne. Apparemment, sa réputation l’a précédée, et elle n’est pas sûre que ce soit la meilleure chose.
« Cosmo ? »
Un homme en costume trois-pièces en cuir et chapeau melon tend un verre à martini rempli d’un liquide rose. Marie leva les yeux vers son masque de domino en caoutchouc noir et sourit en prenant la boisson.
« Merci, ce sera parfait. »
Elle soupire :
« J’ai peur d’être perdue. Je ne connais personne ici, voyez-vous, et…
— Oh, c’est vraiment le but ! »
Les yeux verts de l’homme brillent derrière son masque.
« Personne ici ne sait qui est l’autre. Peut-être sommes-nous tous des étrangers, ou peut-être que nous nous sommes déjà rencontrés. Nous pourrions être des réincarnations de compagnons de toujours ou de vieux animaux de compagnie ! Ne vous inquiétez pas, ma chère, il y a beaucoup de brise-glaces prévus. Un rassemblement comme celui-ci a vraiment besoin de structure, ne pensez-vous pas ?
— Ah, oh… Balbutie un peu Marie en sirotant son verre. Oui, oui, je suppose que c’est bien. Euh, comment dois-je vous appeler alors, si l’on n’est pas censé savoir qui est en face ? »
L’homme lève un parapluie en acier à l’air menaçant et soulève un peu le bord de son chapeau.
« Steed. John Steed. Désolé, je n’ai rien trouvé en fines rayures, mais je suis venu en caoutchouc l’année dernière. »
Marie glousse, se souvenant de ses jours à regarder The Avengers doublés en allemand, savourant toujours les scènes où Mme Peel ou Kathy Gale étaient ligotées et tourmentées par un cerveau criminel.
« Ah, venez avec moi, ma chère. La première activité est sur le point de commencer. »
Steed pose sa main griffue dans le creux de son épaule et la conduit au rez-de-chaussée du grenier. Marie regarde la foule et réalise qu’ils sont tous déguisés en héros et méchants de bandes dessinées et de séries d’espionnage.
« Mesdames et messieurs ! Maîtres, maîtresses, esclaves mâles et femelles ! La première compétition est sur le point de commencer ! » LIRE LA SUITE


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Commentaires

Logo de de Perry
dimanche 19 décembre 2021 à 09h52 - par  de Perry

GRAND BRAVO à Henic. Malgré son habile traduction, le lecteur a des difficultés à s’y retrouver tant personnages et situations sont compliquées. Le traducteur a su déjouer cet imbroglio littéraire et réussi à nous éviter de mettre fin à la lecture. La devise de l’auteur doit être : « Pourquoi écrire simple quand on peut écrire compliqué ». Sylvain.