3. Septembre

« S’il vous plaît, Madame. Puis-je aller aux toilettes ? »
Kelly lève les yeux de son magazine. Puis elle continue sa lecture. Elle sent Mart debout là, dans son nouveau haut de jardinage en lycra et sa jupe plissée. Sans lever les yeux une nouvelle fois, elle s’enquiert :
« As-tu tout fini ?
— Oui. »
Elle soupire.
« Et tu es sûr à cent pour cent que je serai satisfaite ? »
Il hésite
« Je pense que oui.
— Tu penses que oui ? »
Elle lève les yeux.
« Eh bien, fais en sorte d’être absolument sûr. Et dans une heure, nous examinerons ta demande d’aller aux toilettes. »
Il cligne des yeux et opine :
« Oui Madame. Merci Madame. »
Dans les années 1960, un psychologue autrichien du nom de Walter Mischel réalisait le « test de la guimauve » sur des enfants de quatre ans ; on leur donnait une guimauve et on leur disait qu’ils pouvaient la manger à tout moment. Mais s’ils étaient capables de résister à la tentation et de ne pas y toucher pendant un quart d’heure, ils pourraient alors avoir deux guimauves au lieu d’une. Certains s’emparaient simplement de leur guimauve et la mangeaient. D’autres réussissaient à exercer suffisamment de « maîtrise de soi » pour attendre quinze minutes et en gagner une seconde. Fait intéressant, une recherche longitudinale par le moyen d’études de suivi a montré que les « accapareurs » ont ensuite souffert d’une faible estime de soi et ont grandi en devenant envieux, têtus et facilement contrariés. Pendant ce temps, les « auto-contrôleurs » sont devenus compétents, dignes de confiance, fiables et performants. Ce dernier groupe a en moyenne obtenu 210 points de plus au Bac !
Kelly s’est lancée dans un programme intense de formation de Mart à la « maîtrise de soi ». Il n’a pas bu d’alcool depuis le soir de juillet où a commencé leur nouvelle relation. Son régime actuel est strict, sain mais maigre et généralement peu appétissant ; son poids et sa graisse corporelle sont mesurés trois fois par semaine pour les gérer à la baisse ; son régime d’exercice augmente régulièrement en intensité.
Dernièrement, elle a commencé à lui apprendre à maîtriser ses passages aux toilettes et à contrôler sa vessie et ses intestins. Il y a tellement de façons intéressantes de remettre en question l’estime de soi d’un homme adulte lorsqu’il s’agit d’utiliser les toilettes.
Regarder la télévision, lire les journaux, en particulier les potins sportifs, regarder toute sorte de pornographie, manger de la crème glacée et des bonbons, se détendre et se relaxer ; tout cela et bien d’autres sont devenus des choses à restreindre, à rationner ou à interdire complètement.
Surtout, les orgasmes. Les dispositifs de chasteté assurent l’obéissance physique de Mart. Mais Kelly veut modifier son comportement et garantir sa soumission mentale aussi. Elle veut qu’il arrive au stade où il se concentrera volontairement entièrement sur elle. Où il passera des semaines, voire des mois, sans penser à satisfaire ses propres pulsions. Seulement ses souhaits à elle.
Entièrement par la maîtrise de soi.
La vie pour Mart est devenue une grande guimauve !

La nuit où il est revenu du travail au restaurant fut le plus important de tous.
Mart savait.
La note ne contenait que cinq mots :
« Oui, chéri. C’est arrivé ! »
Elle aurait tout aussi bien pu écrire cinq pages. Aucun autre mot n’était nécessaire. Il connaît la vérité ; qu’il est devenu cocu. Il ne sait pas quand, comment ou qui, mais elle a franchi cette étape vitale qui transforme leur relation D/s d’un mariage privé à deux entre maîtresse et esclave en tout autre chose.
Pourtant, c’est lui qui l’avait demandé. Il mérite tout ce qui lui arrive. Pas de limites. Il avait mentionné les épouses chaudes, et la femme qui regarde, et le cocufiage assez souvent au fil des ans.
Et maintenant, son fantasme est devenu sa réalité.
Cette nuit-là, il y avait eu une atmosphère tendue à son retour. Elle l’attendait vers minuit. Ses cheveux étaient ébouriffés et elle sirotait un cognac dans sa robe de chambre. La clé de sa cage de chasteté pendait autour de son cou. Elle ne dit que :
« Viens te coucher. »
Il la suivit dans sa chambre. Elle lui fit signe de se déshabiller.
Pendant qu’il se déshabillait, elle s’allongea sur le lit double. Il était défait, couvertures par terre, draps de travers. Elle écarta sa robe.
« Maintenant que tu sais ce que tu lèches, je veux que tu le refasses. »
Il se tient près du lit et elle tourne la clé dans son cadenas. Elle est très terre-à-terre, comme si c’était quelque chose à traverser, à négocier comme une manœuvre délicate, avant d’atteindre la route libre.
« Et je veux te voir dur pendant que tu le fais. »
Il enlève son appareil de chasteté, grimpe sur le lit et s’accroupit entre ses cuisses.
Elle est crémée depuis peu. Son triangle pubien parfaitement taillé est broussailleux et humide, dégageant cet arôme légèrement rance qui vient après le rapport sexuel.
« Cela a moins d’une heure. »
Les doigts de Kelly s’enroulent dans les cheveux de Mart, pas brutalement, mais fermement.
Il a rêvé de ce moment. Mais en la voyant maintenant, il réalise que la réalité et la fantaisie vont désormais être des choses différentes. Il s’agit de la vierge qu’il a rencontrée et épousée il y a toutes ces années. L’épouse et la mère fidèle. Pleine du sperme d’un autre homme. Il soupçonne qu’elle l’a trahi avant d’avoir accepté « son offre ». Elle était infidèle. Mais peut-il vraiment lui en vouloir ? Une maigre queue – la sienne - toute sa vie ? Elle mérite tellement plus ; en qualité et en quantité. Et qu’en est-il de lui-même ? Il a fantasmé, s’est branlé, a parcouru des sites Web, espérant qu’il rejoindrait les statistiques comme un cocu de plus. Et maintenant, enfin, c’est le cas. Oui, il est dégoûté de ce qu’il est sur le point de faire. La jouissance d’un autre homme émerge de la fente de sa femme comme une limace sous un rosier. Oui, il se sent jaloux, confronté à l’indéniable preuve liquide de son éloignement. Mais surtout, il sent l’excitation vibrer à la fois dans sa bite et dans sa tête ; dans ses tripes et dans son âme.
Il n’y aura pas de retour en arrière.
Cela fait partie de son avenir.
Elle est si belle, allongée là. Belle et dévergondée. Ses cheveux ébouriffés étalés sur l’oreiller, ses longs membres détendus, ses genoux de travers, ses seins pleins en bonne forme malgré la maternité et ses trente-huit ans. Son rouge à lèvres et son mascara ne sont pas frais mais toujours soignés, les lèvres sexuellement écartées.
Lentement, il sort sa langue et lèche ses lèvres gonflées. Malgré tout, il sent un durcissement instantané dans son entrejambe non encagée. Elle exhale.
« Hmmm ! Bon garçon. C’est comme ça que ça va être à partir de maintenant, Mart. Je ne veux pas que ma vie sexuelle s’interpose entre nous. Au contraire, je peux même voir envie que tu joues à nouveau un grand rôle dans ma vie sexuelle - mais pas à la manière d’avant. »
Elle ouvre ses cuisses aussi largement que possible, serrant les muscles de son ventre. Il se met à pousser son visage vers elle avec plus d’enthousiasme.
C’est soudain comme une nouvelle drogue pour lui ; dévorante, dangereuse, addictive, hallucinogène.
Il imagine la bouche d’une baleine s’ouvrir largement et le sucer, et un million de têtards psychédéliques de dessin animé dans son œsophage. LIRE LA SUITE