L’esclave du château

Par Gabiella Cianni
mercredi 24 août 2011
par  Henic
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Sommaire
Introduction – La nuit de noces 3
1 – Le mariage 5
2 - Coup d’Etat 8
3 – La niche de Brigitte 12
4 – Claudia, chassée et vendue 20
5 – Le dressage de Brigitte 31
6 – Le marché aux esclaves 40
7 – Une vie d’esclave 51
8 – Terreur au couvent 59
Interlude – Le moulin 62
9 – La mère et la fille découvrent l’Enfer 67
10 – Présentation de l’esclave en société 78
11 – Le second mariage 85
12 – La répudiation d’une esclave 98
Epilogue – Le retour de Sigfrid 101

Introduction – La nuit de noces

Les vieux murs du château Lombart se font l’écho des hurlements d’une femme terrifiée. Une blonde adolescente avec des yeux d’un bleu profond, caractéristique de nombreuses filles de son lointain pays, s’éloigne en courant d’une sorte de géant. Elle est particulièrement belle, sa silhouette combinant de manière particulièrement affolante une taille mince et une poitrine large avec des seins fermes et accueillants. Sa robe est déchirée. Elle jette tous les objets qui lui tombent sous la main vers la bête en pleine excitation sexuelle qui la poursuit. Elle court vers l’autre côté de la chambre et se retourne pour lui faire face. Entre eux se trouve le symbole de ses tourments et de sa destinée : le lit nuptial.

Elle s’appelle Brigitte. Elle a fait un long voyage le long de la Route du Nord pour être mariée contre son gré. Une affaire de diplomatie, d’alliances stratégiques. Depuis ces dernières heures, elle est l’épouse de Sigfrid Brunsensstein, Seigneur de Lombart, le géant ivre et brutal qui la poursuit. Il y a des morceaux de pots cassés partout sur le sol. La fille est horrifiée. Lombart est nu, son corps gigantesque est couvert d’huile, il a la tête rasée et son pénis d’une taille peu commune est complètement érigé.

« Viens là, chienne ! Tu es ma femme et je vais te baiser jusqu’à ce que ta chatte éclate ! »

Lombart est rendu fou par le désir et le vin. Pour lui aussi, il s’agissait surtout d’un mariage politique, mais c’était jusqu’à ce qu’il voie sa fiancée pour la première fois ! Depuis qu’il l’avait vue, il ne pouvait plus dormir la nuit et attendait ce moment.

Il saisit la jeune fille et l’entraîne sur son lit. Son premier contact physique avec elle lui fait tourner la tête plus que le vin qu’il a pu boire. Le corps de la jeune fille plie sous sa force gigantesque, s’insère dans ses propres formes, et son odeur de femme lui monte à la tête… Ses mains impatientes courent de haut en bas le long de la silhouette féminine qui lui appartient maintenant, selon les règles du Saint Sacrement. Il la serre, la retourne, la pince… Il gronde entre ses dents :

« Tu vas voir comment je dresse une bête sauvage ! »

Brigitte se débat, les yeux fermés. Elle ne supporte pas sa respiration qui sent le vin, ni le contact de sa peau sale et collante, mais elle ne peut rien faire pour l’éviter. Il est mille fois plus fort qu’elle. Ils luttent pendant quelque temps mais finissent inévitablement par se retrouver ensemble sur le lit. Sigfrid, Seigneur de Lombart, s’agenouille sur les bras de sa jeune épouse. Il tire ses cheveux en arrière avec une main et la gifle de l’autre, à plusieurs reprises. Surprise, Brigitte cesse de lutter. Il déchire la robe de mariée ouverte et découvre ses seins superbes et sa taille élancée. Il se lèche les lèvres… Brigitte recommence à se débattre. Il saisit ses cheveux à nouveau. Hummmm ! Si doux ! Comme une bête sauvage, il émet un rugissement et tire ses cheveux de nouveau pour découvrir son visage. Il est ébloui par la perfection érotique de ses traits. Avec toute la fureur de la passion physique sans limite qui l’habite, il la pénètre, enfonçant ses genoux dans le lit et réclamant ce qui lui revient de droit… Malgré la panique et la peur, et la formidable humiliation d’être possédée de cette manière animale, Brigitte essaie un petit sourire timide. Sigfrid voit le sourire. Il sait qu’il s’agit là de l’inutile et dangereuse revanche d’une personne vaincue, la seule revanche qu’elle puisse prendre. Il sait aussi qu’elle va payer pour ça pendant le restant de ses jours.

Pendant ce temps, dans une autre salle du même château se déroule une scène similaire. Un autre homme fort, un autre guerrier, est en train de frapper une jeune fille. Cette jeune fille a les cheveux roux, les yeux verts et un regard fier et rebelle. Une jeune créature délicieuse, belle à tout point de vue : grande, mince, et avec des seins gonflés majestueux… Pourquoi la frappe-t-il ? Parce qu’il la désire depuis toujours, depuis qu’elle est enfant, et qu’elle le déteste depuis toujours. La main levée, menaçant de la frapper sur ses gros seins dénudés, l’homme crie :

« Tu vas être à moi, salope à gros seins ! »

La fille résiste, elle combat comme une tigresse. Elle parvient à le tenir à distance d’un habile coup de genou dans les parties génitales. L’homme tombe au sol, les mains sur le bas-ventre. Partagé entre la douleur et la colère, il marmonne :

« Par Satan, je jure que je vais me venger ! »

Claudia, fille unique de Sigfrid Brunsensstein, Seigneur de Lombart, court dans le passage, terrifiée. L’homme qui gît sur le sol, humilié, en se tenant les couilles, est son oncle, Bardo Brunsensstein, frère de Sigfrid Brunsensstein, Seigneur de Lombart. Pourquoi ces deux femmes sont elles assaillies de manière si cruelle ? D’où viennent tous ces furieux désirs sadiques et cette colère ? Quel vent glacial a soufflé sur l’Europe médiévale pour pousser les hommes à se conduire comme des animaux ?

1 – Le mariage

Des temps difficiles s’étaient abattus sur l’Europe. La famine et la peste ont décimé la population. Les nobles exercent leur pouvoir de manière tyrannique, sans retenue. Le clergé complote et le Pape annonce le Septième Sceau, l’Apocalypse finale… Nombreux sont ceux qui pensent que la fin du monde est proche. Les hivers sont de plus en plus rudes, les récoltes de moins en moins abondantes et les guerres de plus en plus sanglantes… Les survivants affamés succombent à la peste ou tombent sous les coups des bandits qui infestent les routes. Plus personne n’est en sécurité. Ceux qui n’ont pas d’argent que l’on puisse voler sont attaqués et dévorés par les bandits qui meurent de faim.

Mais cette semaine à Lombart, personne ne s’intéresse à autre chose que s’amuser et faire la fête. Ces derniers jours, la ville a célébré le second mariage du Seigneur de ces lieux, Sigfrid Brunsensstein, surnommé « Le Féroce », avec une jeune princesse du nord. Tous – nobles, clercs et plébéiens – suivent avec attention les cérémonies. Tout le monde sauf le mari, Sigfrid le Féroce lui-même ! La haine court dans les veines de Sigfrid. Il a une bonne raison pour ça…

Il a été trompé d’une vile manière par la femme qu’il vient d’épouser. Malheureusement, il ne peut pas venger l’offense : pendant la cérémonie des épousailles, une lettre est arrivée qui lui ordonne de partir pour le Terre Sainte afin d’y combattre pour les Lieux Saints et d’y chercher le Saint Graal. La flotte doit appareiller sous deux jours, et le port est à deux jours de voyage ! Il n’y a pas de temps pour la vengeance. Il doit partir immédiatement.

Il fait ses adieux de manière courtoise en disant :

« Je laisse tout entre tes mains, mon frère. C’est ce que notre père aurait voulu.
- Que Dieu soit avec toi, Sigfrid, et que le Ciel donne à ton épée le pouvoir de chasser l’Infidèle de Jérusalem, pour la plus grande gloire de la Chrétienté et de notre noble famille !
- Mille mercis, mon frère, je te bénis. Mais modère ton épée car la mission que je te confie n’est pas facile. Elle exige de la valeur et de l’initiative ! Que ton esprit ne faiblisse pas, dirige les terres féodales d’une main ferme et sans pitié pour nos ennemis qui sont légion. Sois un exécuteur crédible de notre puissance et des richesses que je te confie, parce qu’elles sont l’héritage qui nous vient du sang versé par nos aïeux.
- Je saurai mériter ta confiance… »
Sur le ton de la confidence, Sigfrid ajoute :
“Mon frère, garde un œil ferme sur Brigitte et Claudia. Elles sont trop belles et trop jeunes pour rester sans surveillance… Tu me comprends ?
- Je m’en occuperai. Tu peux partir en Croisade l’esprit serein.
- Une chose encore, Bardo. Une chose qui me prend aux tripes et crie vengeance ! »

Le géant Sigfrid fixe le sol, il est comme enragé. Il est très rare qu’il appelle son frère par son nom. Bardo écoute en silence. Qu’est-ce qui peut bien secouer ainsi son frère et le troubler à ce point ? Sigfrid rugit :
« Jure-tu par tout ce qui est sacré et tout ce qui n’est pas sacré que tu garderas mon secret ?

- Tu as ma parole, Sigfrid. Qu’est-ce qui te travaille ainsi ?
- - Brigitte n’était pas vierge ! »
Ses paroles sont lourdes de haine.
« Quoi ?
- Tu as bien entendu ! La salope a osé m’épouser alors qu’elle a déjà donné sa vertu à un autre ! »
Bardo reste un moment silencieux, puis il répond pour tenter de calmer son frère :
« Ce sont des sauvages, dans le nord.
- Je sais ! Mais cette déception n’est pas le fond du problème. Je l’ai obligée à m’avouer ses fautes ; sais-tu ce qu’elle m’a dit ? »
Bardo attend, intrigué.
« Elle et Olaf, le porc qui dirige la mission de son pays, sont amant depuis des années ! ET tu sais ce qu’elle a dit d’autre ? Elle a dit que je la rendais malade, qu’elle n’a jamais voulu ce mariage et qu’elle ne serait ma femme que si elle y était contrainte ! »
Sigfrid se tut, furieux. Ses poings sont serrés et ses mains tremblent. Après un lourd silence peu agréable, Bardo demande :
« Que veux-tu que je fasse, frère ?
- Je n’ai pas le temps de régler ça moi-même. Il faut que je parte tout de suite pour embarquer.
- Pars en paix, Sigfrid Brunsensstein. Je m’occuperai d’Olaf.
- Je savais que tu le ferais !
- Et elle ? Qu’est-ce que j’en fais ? »
Sigfrid soupire. Il ressemble à un sanglier acculé avec une lance dans son côté. Furieux, il dit :
« Je m’occuperai de cette putain quand je reviendrai. Prends cette clé. Elle ouvre sa ceinture de chasteté. Tu es le seul à qui je peux faire confiance pour ça. »

Bardo regarde la clé, il ne sait pas trop quoi dire. Son frère va être absent des années, si bien même il revient un jour !

« Enferme-là dans une tour et assure-toi qu’elle y reste jusqu’à mon retour. Fais en sorte aussi que sa beauté ne se fane pas…
- Je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir, Sigfrid, répond son frère remué par ces paroles étranges. Et Claudia ? Que devient-elle, Claudia ? C’est une femme maintenant, il lui faut un mari.
- C’est encore une enfant !
- Comme tu observes peu ta propre fille ! Elle est jeune, c’est vrai, mais son corps et ses gestes sont ceux d’une femme.
- Je lui trouverai un mari à mon retour.
- Ton absence risque d’être longue, mon frère ! Insiste Bardo. Et mon fils a cinq ans de plus qu’elle. Il soupire après elle depuis qu’il est enfant. Je pense qu’ils feraient un couple magnifique. »
Sigfrid éclate de rire. Toute sa mauvaise humeur semble dissipée par les mots de son frère.
« Bardo, ne sois pas si naïf ! Tout le monde connaît les goûts de ton fils ! On l’appelle « La Fille » ! Il vit avec un autre homme, Gracian ! Aucun des deux n’est intéressé en aucune manière par autre chose que le derrière de l’autre ! En tout cas, ajoute-t-il soudain, ma fille a beaucoup de valeur et j’ai des plans pour elle. Je la marierai à quelque vieux noble, à la Cour si possible. J’échangerai ma loyauté contre son influence.
- Je ne pense pas que cette idée lui conviendra, proteste Bardo, irrité.
- Mais qui se soucie de ce que pense une femme ? Réplique Sigfrid. »

Mécontent, Bardo se mord la langue. Il voudrait unir son propre fils Flavius à la fille de Sigfrid, Claudia. Une fois Sigfrid écarté, Flavius règnerait à Lombart, au moins officiellement. Sigfrid a raison : Flavius passe son temps à courtiser de beaux et jeunes courtisans mais c’est bien ce que Bardo veut. Puisque le fils badine, le père aura en fait le pouvoir. Alors, rien ni personne ne pourrait s’interposer entre lui et Claudia… Il aurait le pouvoir sur le pays, et l’aurait aussi sur l’adorable corps de Claudia !

Pendant ce temps, dans la tour…

Les habits de Brigitte sont déchirés. Elle pleure dans les bras de Claudia, la très belle fille de Sigfrid, sa propre belle-fille, maintenant. Les femmes sont seules pour la première fois. Claudia est désolée pour cette femme à peine plus âgée qu’elle. Ses préventions naturelles d’adolescente à l’encontre de sa belle-mère disparaissent rapidement. Elle voit bien combien Brigitte est malheureuse.

« Je n’aime pas ton père. Il est comme une épouvantable bête. Une hyène. Un sale cochon ! Dit Brigitte.
- Là, là… Calmez-vous, répond la plus jeune, c’est fini maintenant.
- J’ai fait une terrible bêtise ! J’ai avoué mon amour pour Olaf ! Je l’ai fait pour embêter ton père, parce que je le hais ! Maintenant, j’ai peur pour la vie d’Olaf… Oh, mon Dieu ! Quel cauchemar ! »

Claudia caresse les cheveux de sa belle-mère. Elle est jeune, mais elle sait exactement quel genre d’homme est son père et comment il traite les femmes. Elle a été témoin de sa cruauté sans limites en de nombreuses occasions, sur sa mère, et sur beaucoup d’autres femmes aussi… Elle l’a surpris un jour avec une jeune fille du village, peut-être enlevée sur son ordre. La fille était complètement nue et attachée sur une table. Elle était sur le dos, les bras et les jambes liés aux pieds de la table. Son père était nu, à genoux au-dessus de la fille, face à son vagin. Il la frappait encore et encore entre ses jambes largement écartées avec des verges de bouleau !

L’homme est un despote et un voyou. Un homme vil, dangereux, lubrique, qui ne se laisse arrêter par rien pour obtenir ce qu’il veut. Même elle ne se sent pas en sécurité quand il est dans les environs, et elle est sa propre fille ! Elle le hait au moins autant que Brigitte, et cela rapproche les deux femmes.

« Pourquoi mon père vous a-t-il mis cela ? Demande Claudia en désignant la ceinture de chasteté.
- Tu ne le sais pas ? Il part aujourd’hui pour la Terre Sainte.
- Et à qui a-t-il confié le pouvoir ? Demande Claudia, surprise et alarmée.
- A Bardo, son frère. »

Un frisson parcourt la colonne vertébrale de Claudia, fille de Sigfrid le Féroce. Bardo Brunsensstein, son oncle, est une personne méprisable, un psychopathe beaucoup plus cruel que son père. Et le pire de tout est que Bardo la désire ! Il ne peut pas la quitter des yeux. Il suit chacun de ses mouvements, le plus petit soupir qui agite sa poitrine, avec appétit…

2 - Coup d’Etat

Bardo envisageait un coup d’état depuis plusieurs mois mais le moment n’était pas encore venu de renverser le régime de Sigfrid et d’installer le sien à la place. Il voulait d’abord être certain que la flotte avait bien appareillé et que son frère était en haute mer. Une question était urgente, qu’il lui fallait régler immédiatement. Après tout, son frère lui avait demandé de s’en occuper ! Il dit :

« Mon frère m’a désigné pour le remplacer. »

Brigitte se lève nerveusement. Elle n’aime pas cet homme, non plus que la manière dont il la regarde. Il l’a convoquée dans l’Armurerie, là où toutes les affaires de l’état féodal sont habituellement traitées. Bardo est assis sur l’estrade, sur le trône de Sigfrid. A sa droite se tient Brunehilde, sa femme, une jeune femme très belle mais cruelle. Elle vient de passer les trente ans. Sa vie est marquée par les abus sexuels qu’elle a endurés pendant son adolescence. Son mariage avec Bardo l’a également marquée. C’est une hyène cruelle et sanguinaire. C’est une sadique sexuelle… A côté d’elle est assis Flavius, leur fils, et à la gauche de Bardo se tient Dom Corvus, l’homme le plus puissant et le plus influent du Conseil de Sigfrid. Ce moine cruel et conspirateur est appelé « le Corbeau ». Debout derrière Flavius se tient Gracian, son amant. Il fait courir le bout de ses doigts le long de l’oreille de Flavius en une douce caresse. Bardo interroge :

« N’as-tu rien à dire, étrangère ? »

Brigitte plie légèrement le genou, en signe de respect. Que veulent-ils lui entendre dire ? Bardo s’esclaffe bruyamment :

« N’aie pas l’air si ennuyée, femme. Sigfrid m’a laissé sa place pour tout, excepté sur ce qui a trait à sa femme. Sa femme infidèle… »

Brigitte le regarde avec surprise. Que veut-il dire ? Bardo frappe dans ses mains, sans la quitter des yeux. Une porte s’ouvre sur le côté. Deux soldats entrent, traînant Olaf, nu et ensanglanté. Il est évident qu’il a été torturé. Brunehilde se retourne dans son fauteuil, l’air un peu excitée…

« Comment osez-vous ? Proteste Brigitte en colère. Cet homme est l’ambassadeur de mon pays, envoyé pour représenter mon père, le Roi, lors de mon mariage !
- Et c’est ton amant… »
Brigitte pâlit.
« Eminence, dit Bardo à Dom Corvus qui scrute la femme de ses yeux agités, comment l’Eglise punit-elle l’adultère ? »
La voix caverneuse du clerc donne à Brigitte la chair de poule !
« C’est écrit dans les Ecritures. L’homme mourra dans un caveau scellé et la femme sera brûlée vive. »

Olaf lutte contre les gardes. Brigitte court à lui et l’embrasse. Bardo demande à son fils :

« Que ferais-tu de ces deux étrangers ? »

Flavius s’agite sur sa chaise et s’éclaircit la voix avant de répondre.

« Elle, je la brûlerais, mais lui, je le garderais, au moins pour un temps… »

Bardo rit de bon cœur en entendant les paroles de son fils. En colère, Gracian retire sa main de l’oreille de Flavius et dit, désignant Olaf :

« Enlevez cet homme de là ! »

On sépare le couple et c’est une Brigitte en lutte qui gît sur le sol, pleurant de frustration et d’impuissance. Le nouveau Seigneur de Lombart reprend :

« Debout, espèce de salope, écoute-moi ! Le bûcher est une punition trop douce pour toi. Ton mari a donné des ordres pour que tu sois emprisonnée jusqu’à son retour. Il en sera ainsi. Gardes, emmenez cette femme ! »

On emmène Brigitte de l’Armurerie sous escorte, pleurante et sanglotante. Sur le seuil de la porte, elle croise Claudia. Claudia essaie de réconforter sa jeune belle-mère mais un soldat la repousse.

« Approche et mets-toi là, ma nièce ! Crie Bardo depuis son trône. »

Claudia s’apprête à protester mais elle regarde le groupe sinistre qui lui fait face et elle ne dit rien.

« Avant de partir, ton père m’a institué ton gardien et m’a laissé décider ce qui était le mieux pour ton avenir. »

Claudia le regarde avec colère. Elle hait son oncle de toute son âme. Elle ne supporte pas ses regards obscènes et ses insinuations continuelles. Avec un fin sourire sur les lèvres, Bardo poursuit :

« Comme tu es en âge de procréer et avant que tu commettes quelque grave faute, j’ai décidé de te trouver un mari qui pourra satisfaire tous les besoins d’une jeune femme au sang chaud ! »

Bardo s’interrompt. Claudia est prête à lui sauter dessus pour lui arracher les yeux.

« Ma première idée était d’occuper moi-même cet office. Je n’ai qu’une épouse ; dit-il en mettant son bras autour des épaules de Brunehilde et en l’embrassant passionnément dans le cou, mais je suis de taille à couvrir une autre jeune pouliche comme toi et de satisfaire les deux à la fois. Cependant, j’ai consulté Dom Corvus ici présent sur le sujet, et finalement, j’ai décidé que ce serait mon fils Flavius qui tiendrait ce rôle. Que penses-tu de cette idée ? »

Claudia ferme les yeux. Quelle est cette folie ? Elle n’a nullement l’intention de se marier, et surtout pas avec son cousin homosexuel ! Astucieusement, elle répond :

« Je ne me marierai pas avant le retour de mon père.
- Je suis ton père maintenant, répond Bardo, inflexible. »

Claudia ne peut plus retenir sa colère. Elle explose et apostrophe Flavius :

« Et toi, espèce d’idiot ahuri ! Est-ce que tu veux m’épouser ? »

Les deux cousins n’ont jamais été spécialement attirés l’un par l’autre. Gracian se penche en avant et murmure quelque chose à l’oreille de son jeune amant…

« Bien sûr que je le veux, ma chère cousine… Dit-il avec cette voix haute perchée que la jeune fille déteste. Toute ma vie, j’ai aimé les chiens et j’ai toujours désiré une petite chienne comme toi à promener au bout d’une laisse. »

Claudia tourne les talons et sort de la pièce en courant. EN partant, elle jette par-dessus son épaule :

« Vous êtes tous malades ! »

Claudia doit attendre quelques jours avant que se présente le bon moment pour tenter une évasion. Un matin, elle voit une occasion. Bardo et ses sbires s’en vont pour s’occuper de la foule rassemblée sur les places principales du Château et personne ne la surveille. Elle emprunte une vieille couverture usée à une servante et se mêle à la foule. Son plan consiste à attendre la fin des discours et à partir en même temps que les gens des fermes des environs. Pendant qu’elle attend, elle jette des coups d’œil vers l’estrade érigée au milieu de la foule. Ce qu’elle voit la fait trembler ! Bardo s’adresse maintenant à la foule en criant :

« Ce sont des traîtres ! A peine Sigfrid, notre Seigneur et Maître, a-t-il mis à la voile, que les étrangers ont attaqué la garde ! Ils voulaient nous conquérir et nous ajouter à leur royaume d’athées ignorants !
- Pendez-les ! Crie la foule excitée. »

Claudia ne peut en croire ses oreilles. Ni ses yeux ! Toute la mission diplomatique, tout l’entourage d’Olaf, est pendue par les poignets au milieu de la place. Tous sont nus, les femmes aussi bien que les hommes, sauf Brigitte.

« Et cette salope, reprend Bardo en désignant sa belle-sœur suspendue à côté de lui, est la pire de tous ! Elle a essayé d’empoisonner Sigfrid avec une potion. Magie noire !
- Tue-la d’abord !
- Au bûcher !
- Jette-la aux chiens ! »

Bardo laisse la foule rugir. La haine est l’un des ingrédients nécessaires à ses plans… Il crie :

« Et ce n’est pas tout ! Les étrangers avaient des complices. Des traîtres parmi nous ! »

La foule rugit derechef. Bardo demande le silence et nomme toutes les familles nobles qui étaient encore fidèles à son frère.

« Vengeance !
- Brûle-les, Bardo !
- Au pilori ! »

Bardo lève les bras. La foule se tait et attend.

« Le Conseil les condamne à mort, leurs champs seront brûlés, leurs récoltes, leur bétail et leurs biens seront confisqués et leurs femmes vendues aux enchères comme esclaves. Tous les sujets fidèles, vous tous, pourrez participer à la vente ! »

Les murs du Château résonnent de l’allégresse de l’assemblée. Ceux qui ont été désignés comme traîtres par Bardo sont assaillis par la foule.

« Les étrangers connaîtront le même sort, ajoute Bardo en tapotant les fesses de Brigitte. »

Claudia frissonne. L’espace d’un instant, elle imagine le sort de sa jeune belle-mère, la malheureuse princesse du nord. Les tambours résonnent et appellent l’attention de la foule. Bardo reprend la parole d’une voix forte :

« Et maintenant, sujets bien-aimés, j’ai quelques bonnes nouvelles pour vous. Je suis heureux de vous annoncer le prochain mariage de mon fils Flavius Brunsensstein avec ma nièce Claudia Brunsensstein, fille de Sigfrid, Seigneur de Lombart. Cette alliance garantira la paix pour les générations futures. »

Les cris de joie résonnent entre les murs, hurlés aussi facilement et bruyamment par les mêmes qui appelaient à tuer les traîtres quelques instants auparavant. Au milieu de la foule excitée, personne ne remarque Claudia. Elle suit le flot qui sort du Château en entendant avec désespoir les vœux qui sont criés à Bardo, à son fils Flavius et à elle-même. Une fois hors du Château, elle prend un chemin de traverse et quitte la rivière humaine qui s’écoule le long de la route des charrettes. Le village n’est plus un endroit sûr pour elle. Elle veut aussi prévenir les mais de son père avant qu’il soit trop tard. Il est déjà trop tard…

La ferme la plus proche est à quelques lieues de là. Les champs brûlent déjà quand elle y arrive et les soldats pillent la maison. Les corps mutilés des hommes et des vieillards pendent pal le cou aux poutres. Hors de l’étable, attachés par le cou à la rangée des chevaux confisqués, se trouvent les enfants, les jeunes servantes et son amie Olga. Ils sont nus, à part quelques lambeaux de vêtements. Claudia est terrifiée. Elle décide de se cacher dans les buissons dans une friche. Un des soldats découvre le jeune frère d’Olga caché dans la maison, et le pousse vers l’étable. Claudia, allongée pour se dissimuler, entend les cris et les hurlements.
Un des assaillants, qui connaît bien la famille, apostrophe :

« Amène sa petite sœur ! »

Ils vont la chercher et la forcent à regarder pendant que deux d’entre eux enlèvent le pantalon du garçon et l’émasculent avec un couteau. Ils rient et le laissent aller. Il tombe à terre, les mains sur ses organes saignants. Il rampe sur le sol en hurlant… Celui qui semble être le chef ramasse les testicules et ordonne à une Olga terrifiée d’ouvrir la bouche. Il ne faut pas moins de trois hommes pour la contraindre à ouvrir la bouche pour qu’on y introduise les organes génitaux de son frère. Claudia s’approche un peu et voit son amie qui titube sur ses jambes, avec une expression de douleur et de répugnance, la bouche grande ouverte, tandis que le sang de son propre frère coule sur son visage et sa poitrine dénudée. Elle ne parvient pas à cracher la chair qui l’étouffe… Un des soldats l’attache avec un lambeau de robe qui est immédiatement couvert de sang. Tirée par la chaîne qu’elle a autour du cou, la malheureuse jeune fille passe d’un soldat à l’autre. Le viol cruel dure plusieurs heures. Quelques soldats lui préfèrent le corps de son frère mourant…

Claudia n’ose pas bouger tant que dure cette horreur et que les soldats ne soient parties avec leur butin en argent, animaux et femmes… Les restes de ceux qui avaient été fidèles à Sigfrid Brunsensstein et de leurs familles sont allongés, éparpillés sur le sol ou pendus aux poutres de la ferme. Parmi eux se trouve le corps couvert de sang du frère d’Olga. Olga elle-même a été emmenée, plus morte que vive et toujours bâillonnée par les testicules de son frère, sur le dos du cheval du chef de la bande. Claudia, livide et tremblante de peur, décide de passer la nuit dans la maison saccagée. Elle pense que ce sera l’endroit le plus sûr. Certainement personne n’y viendra pendant quelque temps. Elle a du mal à s’endormir et quand elle y parvient, son sommeil est peuplé de cauchemars. Elle se voit courant nue à travers champs, poursuivie par quatre cavaliers portant de brillantes armures et brandissant de longues lances de tournoi. L’un est son père, un autre son oncle et les deux autres, son cousin Flavius et son amant Gracian. Un immense vautour vole au-dessus de leurs têtes, plus gros que tous ceux qu’elle a vus jusque là. Il a la tête de Dom Corvus…

Un bruit la réveille à l’aube. Frigorifiée, elle trouve refuge dans les décombres derrière la maison. Deux paysans en haillons traînent une femme dont les vêtements, quoique sales et débraillés, attestent qu’il s’agit s’une personne noble. Les mains de la prisonnière sont attachées derrière son dos et elle est bâillonnée par un morceau de sa propre robe. Elle titube, suivant la corde tendue. Claudia croit reconnaître Alada, une de ses amies. Elle était l’épouse d’un noble que son oncle Bardo a dénoncé comme traître au Château. Les moments dont elle est témoin sont si brutaux qu’elle vomit plusieurs fois… La femme est attachée à une poutre et battue avec des branches arrachées à un arbre proche. On la frappe surtout sur sa poitrine nue et sur les fesses. Puis elle est violée. Elle est contrainte de se livrer aux perversions les plus répugnantes et est soumise aux fantaisies les plus sordides et les plus obscènes de ses ravisseurs. Ils rient cruellement en abusant d’elle. Claudia regarde, témoin impuissant, cependant que les actes commis sont si vils qu’elle ne les aurait jamais cru possibles.

Ainsi que les devins et les moines l’ont prévu, le monde touche à sa fin ! Les gens se sont transformés en bêtes féroces ! L’humanité est la proie d’une malédiction diabolique et court à sa propre destruction ! Dans son innocence, Claudia ne sait pas qu’il en a toujours été ainsi. Elle ne sait pas qu’elle est le témoin de la plus primitive des expressions de l’humanité : le chasseur et sa proie… Bientôt, très bientôt, Claudia comprendra tout cela.
Cela et bien plus encore…

L’intégralité de récit initialement publié par Dofantasy n’est disponible que pour les abonnésde RdF.
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Traduction de l’anglais par Henic




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